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Le Dernier Caton

Le Dernier Caton

Titel: Le Dernier Caton Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Matilde Asensi
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voyageurs parviennent à un endroit où tout le sentier est couvert de flammes. Alors leur apparaît un ange de Dieu très gai qui les pousse à traverser le brasier. Dante, horrifié, se couvre le visage des bras et se sent « comme celui qui est mis dans la fosse ». Virgile cependant, en le voyant si effrayé, le rassure :
     
    Mes bons guides se tournèrent vers moi
    et Virgile me dit : « Mon fils, on peut ici
    trouver le tourment mais non la mort.
    Tiens pour certain que si tu demeurais
    plus de mille ans dans le sein de ces flammes,
    elles ne pourraient te faire chauve d’un cheveu. »
     
    — C’est valable pour nous aussi, n’est-ce pas ? interrompis-je, pleine d’espoir.
    — Ne te fais pas trop d’illusions, Basileia.
    Le capitaine, impassible, continua à lire Dante qui, effrayé, demeurait immobile face aux flammes sans oser s’avancer.
     
    Ensuite il se mit dans le feu devant moi
    en priant Stace de venir derrière
    lui qui avait longtemps marché entre nous.
    Quand je fus dedans je me serais jeté
    dans du verre bouillant pour me rafraîchir
    tant l’incendie y était sans mesure.
    Mon doux père pour me réconforter
    allait en me parlant toujours de Béatrice,
    disant : « Il me semble déjà voir ses yeux. »
     
    Suit le chant d’une voix : Venite, Benedicti Patris mei, qui est celle du dernier ange gardien. Il apparaît sous la forme d’une lumière aveuglante entre les flammes, et efface le dernier P du front de Dante. Ils parviennent alors à sortir du feu et se retrouvent juste devant la montée au Paradis terrestre. Heureux, ils commencent l’ascension. Mais la nuit tombe et ils doivent s’allonger sur les marches, car, comme on les en avait prévenus au début, la montagne du Purgatoire ne permet pas de marche nocturne. Ainsi allongé, Dante contemple le ciel plein d’étoiles, « plus grandes et plus claires qu’à l’habitude », et s’endort sur cette vision.
     
    Le bateau avait viré en direction du quai où les gens du village, une centaine de personnes habillées de blanc de pied en cap, lançaient des cris de bienvenue en sautant et agitant les bras. Le retour de Mariam et de ses hommes semblait un motif de grande allégresse. Le village était formé de trente ou quarante maisons de terre crue, resserrées autour de l’embarcadère, aux murs peints de vives couleurs et aux toits de paille. Toutes avaient des tubes noirs qui servaient de cheminée, mais les grandes fumées que j’avais aperçues de loin provenaient d’un lieu situé entre le village et la forêt. Elles paraissaient énormes maintenant, semblables à des bras de Titans qui se contorsionnaient pour atteindre le ciel.
    Nous allions nous arrêter mais Glauser-Röist n’était pas prêt à lâcher son livre.
    — Capitaine, nous sommes arrivés, dis-je en profitant d’une de ses rares pauses.
    — Est-ce que vous savez exactement ce que vous allez devoir affronter dans ce village ? me demanda-t-il d’un ton de défi.
    Les cris des enfants, hommes et femmes d’Antioch s’entendaient de l’autre côté.
    — Non, pas vraiment.
    — Bien, alors continuons à lire. Nous ne quitterons pas ce bateau avant d’avoir toutes les données en main.
    Mais il n’y en avait plus. Nous avions vraiment terminé.
    En guise de conclusion, Dante Alighieri raconte, non sans une certaine beauté mélancolique, comment il se réveille à l’aube le lendemain et voit Virgile et Stace, déjà debout, qui l’attendent pour finir de monter jusqu’au Paradis terrestre. Son maître lui dit :
     
    « Ce doux fruit que par tant de branches
    le souci des mortels s’en va chercher,
    aujourd’hui apaisera ta faim. »
     
    Dante se précipite vers le sommet et quand, enfin, il atteint la dernière marche et contemple le soleil, les arbustes et les fleurs du Paradis terrestre, son cher maître lui fait ses adieux :
     
    Et dit : « Tu as vu, mon fils,
    le feu temporel et l’éternel ; te voici en un lieu
    où plus loin, par moi-même, je ne discerne plus.
    Je t’ai mené ici par la science et par l’art ;
    prends désormais ton plaisir pour guide ;
    tu es hors des voies étroites et escarpées.
    N’attends plus mon dire ni mon signe ;
    ton jugement est libre, droit et sain,
    ne pas faire à son gré serait une faute :
    aussi je mets sur toi la couronne et la mitre. »
     
    — C’est fini, conclut le capitaine en fermant le livre.
    Il semblait moins monolithique que d’habitude, comme

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