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Le Dernier Caton

Le Dernier Caton

Titel: Le Dernier Caton Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Matilde Asensi
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surprise, dans le désert du Sinaï ?
    — Exactement. En Égypte.
    Impossible ! Sainte-Catherine représentait un lieu mythique pour n’importe quel paléographe. Sa bibliothèque, inaccessible, renfermait les manuscrits anciens les plus précieux après celle du Vatican et, comme celle-ci, était auréolée de mystère pour les profanes.
    — Mais quel rapport avec l’Éthiopien ? me demandai-je à voix haute.
    — Je n’en ai pas la moindre idée. En fait, j’espérais que nous trouverions la réponse aujourd’hui.
    — Alors mettons-nous au travail sans tarder, dis-je en ajustant mes lunettes sur mon nez.
    Le fonds de la Bibliothèque vaticane comptait un nombre important de livres, mémoires, rapports et traités sur le monastère. Curieusement, peu de gens connaissaient l’existence de ce lieu si important, ce temple orthodoxe enclavé au pied du mont Sinaï, au cœur même du désert égyptien, entouré de sommets sacrés et construit autour d’un point de transcendance religieuse inégalé : le lieu où Yahvé, sous la forme d’un buisson ardent, confia à Moïse les Tables de la Loi.
    L’histoire du monastère nous rappela des faits récemment appris : au IV e siècle de notre ère, en l’an 337 plus précisément, l’impératrice Hélène, mère de Constantin, l’homme du chrisme, fit construire un magnifique sanctuaire dans cette vallée que de nombreux pèlerins chrétiens avaient déjà commencé à visiter. Parmi eux se trouvait la fameuse Égérie, une religieuse de Galice qui, entre 381 et 384, fit un long voyage en Terre sainte, magistralement raconté dans son Itinerarium. Égérie expliquait que, dans ce lieu où plus tard on élèverait le monastère de Sainte-Catherine du Sinaï, un groupe d’anachorètes s’occupait d’un petit temple dont l’abside protégeait le buisson sacré encore vif. Le problème de ces anachorètes était qu’ils se trouvaient sur le chemin reliant Alexandrie à Jérusalem, et se voyaient constamment attaqués par de féroces tribus du désert. C’est pour cette raison que, deux siècles plus tard, l’empereur Justinien et son épouse, l’impératrice Theodora, chargèrent l’architecte byzantin Stephanos d’Aila de l’édification d’une forteresse qui protégerait le lieu saint. Selon les recherches les plus récentes, les murailles avaient été renforcées au fil des siècles et même reconstruites dans leur majeure partie. Ne restait du premier tracé que le mur sud-est, celui qui était précisément décoré des croix curieuses reproduites sur la peau de notre Éthiopien, ainsi que le sanctuaire primitif qu’avait fait construire sainte Hélène, restauré au VI e siècle et conservé sous cette forme de nos jours pour la plus grande joie des érudits et des pèlerins.
    En 1844, un chercheur allemand fut admis dans la bibliothèque du monastère et découvrit le très fameux Codex Sinaiticus, la copie complète du Nouveau Testament la plus ancienne au monde datant du IV e siècle. Cet homme, un certain Tischendorff, vola le manuscrit et le vendit au British Museum où il se trouvait encore. J’avais eu l’occasion de le contempler quelques années auparavant, car, à cette époque, se trouvait entre mes mains son possible jumeau, le Codex Vaticanus, daté du même siècle et ayant probablement la même origine. L’étude simultanée des deux manuscrits m’aurait permis de réaliser une des études de paléographie les plus importantes jamais accomplies. Mais cela ne fut pas possible.
    À la fin de la journée, nous avions recueilli une importante documentation sur le monastère orthodoxe, sans parvenir à trouver la relation entre les scarifications de notre Éthiopien et le mur du monastère.
    Mon esprit, habitué à synthétiser rapidement et à extraire les données pertinentes de n’importe quel embrouillamini d’informations, avait déjà élaboré une théorie complète avec les éléments récurrents de cette histoire. Mais, comme j’étais supposée ne rien savoir, je ne pouvais partager mes idées avec le capitaine, bien que j’eusse aimé savoir s’il était parvenu aux mêmes conclusions. Je brûlais d’envie de l’étonner par la qualité de mes déductions, et lui démontrer ainsi qui de nous deux était le plus intelligent. Ce qui me vaudrait, lors de ma prochaine confession, une pénitence très dure pour expier ce péché d’orgueil.
    — Très bien, nous avons fini, laissa échapper Glauser-Röist à

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