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Le Dernier Caton

Le Dernier Caton

Titel: Le Dernier Caton Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Matilde Asensi
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la dernière heure de l’après-midi en refermant d’un coup sec le volumineux livre d’architecture qu’il avait entre les mains.
    — Qu’est-ce qui est fini ?
    — Notre travail, déclara-t-il, nous avons terminé.
    — Terminé ? répétai-je, les yeux écarquillés par la surprise.
    Bien sûr, je savais que tôt ou tard mon rôle dans cette histoire prendrait fin, mais je n’avais jamais pensé que ce serait à un moment aussi intéressant de l’enquête, ni que je serais éliminée d’un simple trait.
    Le capitaine me regarda longuement avec toute la sympathie et la compréhension que son cœur de pierre lui permettait, comme si de mystérieux liens de confiance et de camaraderie, dont je ne m’étais pas aperçue, s’étaient créés entre nous au fil de ces vingt jours.
    — Nous avons terminé la mission dont on nous a chargés, il n’y a plus rien que vous puissiez faire maintenant.
    J’étais déconcertée au point d’en perdre la faculté de parler. J’avais la gorge nouée, l’impression d’étouffer. Glauser-Röist me regardait d’un air soucieux. Ma pâleur devait vraiment l’inquiéter.
    — Professeur…, murmura-t-il, intimidé, vous vous sentez bien ?
    Je me sentais très bien, mais mon cerveau fonctionnait à toute allure. L’énergie de mon organisme paralysé se concentrait dans cette masse grise qui se préparait à se lancer à la conquête de son objectif.
    — Comment ça, il n’y a plus rien que je puisse faire ?
    — Je regrette, murmura-t-il, vous avez reçu une mission et vous l’avez accomplie.
    Je haussai les sourcils et le regardai d’un air résolu :
    — Pourquoi me met-on à l’écart ?
    — Monseigneur Tournier vous l’a dit avant de commencer, vous ne vous en souvenez pas ? Vos connaissances paléographiques étaient nécessaires pour interpréter les symboles du corps, mais ce n’est qu’une infime partie de l’enquête en cours, qui va bien au-delà de ce que vous pouvez imaginer. Je ne peux rien vous dire, et je le regrette sincèrement, mais vous devez vous retirer et reprendre vos travaux habituels en essayant d’oublier ce qui s’est passé durant ces vingt jours.
    Bien. J’allais jouer le tout pour le tout. C’était risqué mais quand on affronte une structure hiérarchique aussi puissante que l’Église catholique, ou l’on en réchappe ou l’on finit jetée aux lions.
    — Vous dites vous-même, capitaine, commençai-je en articulant chaque mot pour qu’il ne perde pas une miette de mon petit discours, qu’Abi-Ruj Iyasus, notre Éthiopien, n’est que l’infime partie d’un énorme engrenage qui, pour une raison que j’ignore, s’est mis en marche avec le vol des reliques sacrées de la vraie Croix. Vous comprenez donc, capitaine (le désespoir me poussait à l’emphase : on aurait dit une vieille tragédienne invoquant les dieux antiques !), que derrière toute cette affaire, il y a forcément une secte religieuse qui se considère elle-même comme l’héritière de traditions remontant aux origines de l’Empire romain d’Orient, c’est-à-dire Byzance, et à l’empereur Constantin, dont la mère non seulement fit ériger l’église de Sainte-Catherine du Sinaï mais découvrit la Croix en 326 ?
    Avec ses yeux gris ardoise, son visage pâle encadré de reflets blond métallique et ses mâchoires serrées, le capitaine ressemblait plus que jamais à l’une de ces têtes féroces représentant Hercule exhibées dans le Palazzo Nuovo de Rome. Mais je ne lui laissai aucun répit :
    — Comme vous le savez, capitaine, repris-je, les sept lettres grecques trouvées sur le corps d’Abi-Ruj signifient « croix », et il y a sept croix identiques sur les murs du monastère Sainte-Catherine… Comment ne pas en déduire qu’Abi-Ruj était en possession d’importantes reliques de la Croix au moment de sa mort ?
    — Ça suffit !
    Si son regard avait pu me tuer, j’aurais été foudroyée sur-le-champ. Ses yeux lançaient des étincelles incandescentes.
    — Comment avez-vous appris tout cela ? hurla-t-il en se mettant debout et en s’approchant de moi d’un air menaçant.
    Il parvint à m’intimider mais je ne reculai pas d’un pas. J’étais une Salina !
    Ce n’avait pas été très difficile de faire le lien entre les fragments étranges de bois trouvés par les pompiers aux pieds du cadavre d’Iyasus et les saintes reliques mentionnées par les journaux éthiopiens. Quelles autres reliques

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