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Le Dernier Caton

Le Dernier Caton

Titel: Le Dernier Caton Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Matilde Asensi
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quelque chose de terrible était arrivé à ma famille.
    — Mes parents…, dis-je avec un air faussement inquiet.
    — Non ! non ! pas du tout, votre famille va très bien !
    — Mais alors… ?
    Le cardinal suait abondamment en dépit de l’air conditionné qui rafraîchissait la pièce.
    — Accompagnez-moi au Vatican, je vous prie. Monseigneur Tournier vous expliquera.
    Nous sortîmes directement dans la rue par une petite porte. Sur le trottoir nous attendait une limousine noire immatriculée SCV ( Stato della Città del Vaticano), de celles que possèdent les cardinaux pour leur usage personnel. Les Romains, qui sont très blagueurs, les ont surnommées Se Cristo Vedesse « Si Dieu les voyait »… Quelque chose de très grave avait dû se produire, me dis-je en entrant dans le véhicule, pour que l’on envoie Colli me chercher. Tout cela était de plus en plus bizarre.
    La limousine traversa fièrement les rues de Rome encore remplies de touristes, et pénétra dans la cité du Vatican par la place du Saint-Office et la porte Petriano, à gauche de la place Saint-Pierre. Elle est bien plus discrète et moins connue que la porte Sainte-Anne. Les gardes suisses nous laissèrent passer, et nous montâmes par les avenues en laissant à gauche le palais du Saint-Office et la Chambre d’audience, puis à droite l’énorme sacristie, qui par ses dimensions avait tout d’une basilique, pour déboucher sur la place Sainte-Marthe dont nous longeâmes les jardins ornés de fontaines avant de nous arrêter devant la porte principale de la magnifique Domus Sanctae Martae.
    Ainsi appelé en l’honneur de Marthe, la sœur de Lazare, qui logea Jésus dans son humble maison de Béthanie, c’était un splendide palais dont la construction récente avait coûté plus de 18 millions d’euros. Il était destiné à offrir un logement confortable aux cardinaux lors du prochain conclave, et à servir d’hôtel de luxe pour les invités illustres, les prélats ou toute personne prête à payer ses tarifs prohibitifs. Bien entendu, l’humble maison de sainte Marthe était un lointain souvenir…
    En entrant dans le vestibule brillamment illuminé et décoré avec somptuosité, nous fûmes reçus par un vieil huissier qui nous escorta jusqu’à la réception. Quand le gérant reconnut le cardinal, il quitta son élégant comptoir de marbre et nous accompagna d’un pas zélé à travers l’ample hall en direction d’escaliers impressionnants qui descendaient vers un bar composé de différentes salles. J’aperçus une bibliothèque à travers des portes ouvertes et, dans un coin, les bureaux administratifs de la Domus. De l’autre côté, dans la pénombre, une salle de congrès aux proportions gigantesques.
    Le gérant, qui marchait toujours devant nous, le corps légèrement contorsionné vers l’arrière pour signaler la prééminence du cardinal, nous conduisit jusqu’à un coin du bar où l’on voyait plusieurs cabinets particuliers. D’un geste déférent, il frappa à la porte du premier, l’entrouvrit pour nous indiquer que nous pouvions entrer, fit une révérence et disparut aussitôt.
    Dans cette espèce de salle de réunion, avec une petite table ovale entourée de fauteuils noirs aux dossiers hauts, nous attendaient trois personnes : monseigneur Tournier, qui présidait la réunion, assis à une extrémité avec un air peu aimable. À sa droite, le capitaine Glauser-Röist, toujours aussi impénétrable, mais différent d’aspect, étrange, ce qui me poussa à l’examiner avec plus d’attention. Quelle ne fut pas ma surprise en voyant sa bonne mine ! Comme s’il avait passé une semaine au soleil sur une plage touristique de la côte Adriatique, il arborait un magnifique bronzage avec des teintes presque rouge écrevisse. J’aperçus alors un inconnu, à sa droite, qui demeurait la tête baissée et les mains fortement entrelacées, et paraissait très nerveux.
    Tournier et Glauser-Röist se levèrent pour nous accueillir. Je remarquai l’alignement de photographies suspendues aux murs couleur crème. Elles représentaient tous les papes de ce siècle avec leurs soutanes et cols blancs, arborant des sourires affables et paternels. Je fis une génuflexion devant Tournier, et affrontai directement le soldat de bois.
    — Nous nous retrouvons donc, capitaine ! Est-ce à vous que je dois cet aller-retour pour Dublin ?
    Il sourit et, pour la première fois depuis que nous nous

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