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Le Dernier Caton

Le Dernier Caton

Titel: Le Dernier Caton Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Matilde Asensi
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nous retirâmes dans nos chambres. Le découragement se lisait sur nos visages. Le résultat était très décevant, et Farag avait beau essayer de me réconforter en me disant qu’après une bonne nuit de sommeil nous y verrions plus clair et serions capables de tirer de ces chroniques d’autres indices, je me couchai dans un état de profond abattement qui me conduisit à l’avenue en travaux pleine de trous.
    J’étais accrochée à une corde, suspendue dans le vide, hésitant à rebrousser chemin quand la sonnerie du téléphone me réveilla en sursaut. Je ne savais plus où j’étais, mon cœur battait à tout rompre, et quand je pus enfin réagir, reprendre pied dans la réalité, j’allumai d’un coup sec et décrochai de très mauvaise humeur.
    — Oui ? grommelai-je.
    — Professeur ?
    — Capitaine ? Vous avez vu l’heure ! m’écriai-je en essayant de voir l’horloge accrochée sur le mur en face.
    — Trois heures et demie, répondit Glauser-Röist, imperturbable.
    — Trois heures et demie du matin !
    — Le professeur Boswell me rejoint dans cinq minutes. Je vous attends à la réception. Je vous prie de vous dépêcher. Il vous faut combien de temps pour vous préparer ?
    — Me préparer à quoi ?
    — Aller à l’Hypogée.
    — Là, maintenant ?
    — Vous venez ou non ? (Le capitaine perdait patience.)
    — J’arrive, j’arrive, laissez-moi cinq minutes.
    Je me dirigeai vers la salle de bains et allumai le néon. Sous cette lumière froide, aveuglante, je me lavai le visage et les dents, et me brossai les cheveux. De retour dans ma chambre, je m’habillai à la hâte d’une jupe noire et d’un pull de laine beige. Je pris ma veste, mon sac et sortis dans le couloir, étourdie, avec une vague sensation d’irréalité comme si j’étais passée directement des échafaudages de mon avenue cauchemardesque à l’ascenseur de la Domus. Je fis une courte prière et demandai à Dieu de ne pas m’abandonner, pas encore, même si moi je L’avais un peu laissé tomber ces derniers temps.
    Farag et le capitaine m’attendaient dans l’énorme vestibule brillamment éclairé en discutant à voix basse avec agitation. Farag, à moitié endormi, coiffait ses cheveux en arrière d’un geste nerveux tandis que le capitaine, impeccable, avait un air étonnamment frais et dispos.
    — Allons-y, dit-il en me voyant, et il se dirigea vers la rue sans vérifier si nous le suivions.
    Le Vatican est l’état le plus petit au monde, mais parcourez-le à quatre heures du matin dans le froid et le silence, et vous aurez l’impression d’un voyage interminable. Nous croisâmes quelques limousines noires avec les fameuses plaques d’immatriculation. Leurs phares nous éclairèrent fugacement avant d’aller se perdre dans les petites rues de la Cité, fuyant notre présence.
    — Où donc peuvent aller les cardinaux à une heure pareille ? demandai-je, surprise.
    — Ils ne vont nulle part, me répondit sèchement le capitaine. Ils rentrent. Et il vaut mieux que vous ne me demandiez pas d’où, car la réponse ne vous plairait pas.
    Je fermai la bouche comme si on me l’avait cousue, et pensai qu’en fin de compte le capitaine avait raison. La vie privée des cardinaux était certainement désordonnée et peu plaisante, mais ils n’avaient qu’à se débrouiller avec leur conscience.
    — Vous ne craignez pas le scandale ? voulut savoir Farag en dépit du ton coupant du capitaine. Que se passerait-il si un journal racontait ces allées et venues nocturnes ?
    Glauser-Röist continua à marcher en silence pendant quelques instants.
    — Ceci est mon affaire, dit-il finalement. Empêcher qu’on dévoile les turpitudes du Vatican. L’Église est sainte, mais ses membres sont des pécheurs, cela ne fait aucun doute.
    Le professeur et moi échangeâmes un regard entendu et ne desserrâmes plus les lèvres jusqu’à ce que nous arrivions à l’Hypogée. Le capitaine possédait les clés et les codes de toutes les portes des Archives secrètes. En le voyant ainsi avancer avec assurance d’un lieu à l’autre, je compris que ce n’était pas la première fois qu’il entrait de nuit dans ce lieu désert.
    Nous pénétrâmes enfin dans mon laboratoire. Qui ne ressemblait plus, et de loin, au bureau propre et net qu’il était il y avait seulement quelques mois. Un livre épais posé sur ma table capta aussitôt mon attention. Je me dirigeai vers lui, attirée comme par un

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