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Le Dernier Caton

Le Dernier Caton

Titel: Le Dernier Caton Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Matilde Asensi
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chiffre du résultat et celui de la droite, le second.
    Je lâchai Farag qui n’ouvrit pas les yeux, et retournai me placer devant l’ange. Je faillis perdre l’équilibre, mais l’espoir me soutenait maintenant. Ce n’était pas six et trois chaînons que je devais lâcher, mais soixante-trois ! Or, comme cette combinaison ne pouvait se marquer dans cette espèce de coffre-fort, il fallait procéder autrement. Soixante-trois était le produit, le résultat de la multiplication de deux chiffres, comme le truc de Cesare. La solution était si facile à trouver, « neuf » et « sept » parce que 9 x 7 = 63. Il n’y avait pas d’autre possibilité. Je lâchai un cri de joie. Et commençai à tirer sur la chaîne. Il est certain que je délirais, que mon esprit souffrait d’une euphorie due au manque d’oxygène, mais cette euphorie m’avait permis de trouver la solution. Sept et neuf. Ce fut en effet la bonne combinaison. Les chaînons mouillés glissaient entre mes mains, mais une espèce de folie, d’extase hallucinée s’empara de moi, m’obligeant à essayer encore une fois, de toutes mes forces, jusqu’à y parvenir. Je sus que Dieu m’aidait, je sentis Son souffle sur moi, et quand j’eus fini, quand la pierre portant la silhouette de l’ange s’enfonça lentement dans la terre, s’ouvrant sur un couloir frais et arrêtant l’incendie du souterrain, une voix païenne me souffla qu’en réalité mon instinct de survie venait de me sauver.
    Nous quittâmes cette salle en rampant, en avalant des gorgées d’un air qui devait être rance, mais qui nous parut d’une douceur exquise. Sans le faire exprès, nous avions suivi le dernier conseil que l’ange avait donné à Dante : « Entrez, mais je vous avertis que celui qui regarde en arrière doit sortir ! » Aucun de nous ne se retourna et la dalle de pierre se referma dans notre dos.
    Le chemin était large et aéré maintenant. Un long couloir, avec des marches parfois pour rattraper le dénivelé, nous rapprochait de la surface. Nous étions épuisés, endoloris ; la tension subie nous avait laissés exténués. Farag toussait à s’en déchirer les poumons. Le capitaine s’appuyait contre le mur et marchait d’un pas hésitant. De mon côté, je n’avais qu’une envie, sortir de là, voir le ciel de nouveau, sentir le soleil sur mon visage. Nous étions incapables de prononcer la moindre parole. Et nous avancions en silence, comme les survivants d’une catastrophe.
    Enfin, au bout d’une heure et demie environ, Glauser-Röist put éteindre sa torche électrique. La lumière qui filtrait par les petites ouvertures était suffisante pour avancer sans danger. La sortie ne devait plus être très loin. Pourtant, peu de temps après, au lieu d’arriver à l’air libre, nous débarquâmes sur une petite place ronde, de la taille de ma chambre de Rome ; ses murs étaient recouverts d’une très longue inscription en lettres grecques gravées dans la pierre. À première vue, cela ressemblait à une prière.
    — Tu as vu, Ottavia ? s’exclama Farag dont la toux semblait s’être calmée.
    — Il faut la copier et la traduire, dis-je en soupirant. C’est peut-être une inscription ordinaire, ou bien un texte des stavrophilakes adressé à ceux qui réussissent l’épreuve de l’entrée du Purgatoire.
    — Cela commence ici, dit-il en montrant l’endroit d’un geste de la main.
    Le capitaine, qui avait perdu de sa superbe et ne paraissait plus invincible, se laissa tomber par terre en appuyant le dos contre l’épigraphe et sortit une gourde d’eau de son sac.
    — Vous en voulez ?
    Et comment ! Nous vidâmes le contenu en quelques secondes.
    Sans prendre le temps de récupérer, Farag se planta à côté de moi, face au début du texte, et l’éclaira avec la torche :
     
    Πασαν χαραν ηγησασθε, αδελφοι μου, οταν πειρασμοις περιπεσητε ποικιλοις, γινωσκοντες οτι το δοκιμιον υμων της πιστεως κατεργαζεται υπομονην.
     
    — Πασαν χαραν ηγησασθε, αδελφοι… « Tenez, mes frères », traduisit Farag après avoir lu le texte à voix haute dans un grec très correct. Mais de quoi s’agit-il ? s’étonna-t-il.
    Le capitaine sortit un carnet et un stylo de son sac et les lui tendit pour qu’il note.
    — « Tenez pour une joie suprême, mes frères, repris-je en

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