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Le Dernier Caton

Le Dernier Caton

Titel: Le Dernier Caton Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Matilde Asensi
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utilisant mon index pour suivre le texte sur le mur, d’être en butte à toutes sortes d’épreuves. Vous le savez : bien éprouvée, votre foi produit la constance. »
    — Très bien, se moqua le capitaine sans bouger de sa place, je considérerais donc comme un motif de joie le fait d’avoir frôlé la mort de si près.
    — « Mais que la constance s’accompagne d’une œuvre parfaite afin que vous soyez parfaits, irréprochables, ne laissant rien à désirer », poursuivis-je. Attendez… Je connais ce texte !
    — Ah ? ce n’est pas un message des stavrophilakes ? dit Farag, déçu.
    — C’est dans le Nouveau Testament, le début de l’Épître de saint Jacques. Cela fait partie des salutations qu’il adresse aux douze tribus de la Dispersion.
    — L’apôtre Jacques ?
    — Non, non, pas du tout. L’auteur de ce message, bien qu’il dise s’appeler Iacobus, traduction grecque du prénom Jacques, ne s’identifie à aucun moment à l’apôtre ; d’ailleurs, comme tu peux le constater, il emploie une langue trop cultivée et correcte pour que l’apôtre ait pu la connaître.
    — Alors, ce sont les stavrophilakes ou pas ?
    — Mais oui, professeur, le rassura Glauser-Röist. D’après ce que vous avez lu, on peut en déduire sans grand risque d’erreur que les gardiens de la Croix utilisent les paroles sacrées de la Bible pour composer leurs messages.
    — « Si la sagesse vous manque, continuai-je à lire, demandez à Dieu, Il donne à tous en abondance, sans reproches, et elle lui sera donnée. »
    — Moi, dit Boswell, je traduirais plutôt cette phrase par : « Si l’un de vous manque de sagesse, qu’il la demande à Dieu – Il donne à tous généreusement sans récriminer, et elle lui sera donnée. »
    Je poussai un soupir en m’armant de patience.
    — Je ne vois pas la différence, fit remarquer le capitaine.
    — Il n’y en a pas.
    — Très bien, dit Farag en faisant un geste de désintérêt, je reconnais que je suis un peu baroque dans mes traductions.
    — Un peu ? me moquai-je.
    — Ou, selon la façon dont on voit les choses, on pourrait aussi dire assez exact.
    Je fus sur le point de lui rétorquer qu’avec ses lunettes teintées il lui était impossible d’être exact, mais je me retins, car il avait pris l’initiative de copier le texte alors que cette tâche ne m’amusait pas du tout.
    — Nous nous éloignons du sujet, s’aventura Glauser-Röist. Les experts pourraient-ils se concentrer sur le fond et non la forme, s’il vous plaît ?
    — Bien sûr, capitaine, dis-je regardant Farag par-dessus mon épaule. « Mais qu’il demande avec foi, sans hésitation, car celui qui hésite ressemble au flot de la mer que le vent soulève et agite. Qu’il ne s’imagine pas, cet homme-là, recevoir quoi que ce soit du Seigneur. C’est un indécis, un inconstant dans toutes ses voies. »
    — Plus qu ’indécis, je dirais homme à l’âme partagée .
    — Professeur !
    — Très bien, je me tais.
    — « Que le frère d’humble condition se glorifie de son exaltation et le riche de son humiliation. » (J’arrivais à la fin de ce long paragraphe.) « Heureux homme celui qui supporte l’épreuve, sa valeur une fois reconnue, il recevra la couronne 14 …»
    — La couronne qu’ils graveront sur notre peau par-dessus la première croix, murmura Glauser-Röist.
    — Franchement, l’épreuve d’entrée dans le Purgatoire n’a pas été simple, et pourtant nous n’avons aucune marque sur le corps, dit Farag en voulant écarter le cauchemar de futures scarifications.
    — Ce n’est rien en comparaison de ce qui nous attend. Pour l’instant nous avons juste demandé la permission d’entrer.
    — En effet, dis-je en baissant les yeux sur les dernières lignes. Il ne me reste plus que deux phrases :
     
    και ουτως εις την Ρωμην ηλθαμεν.
     
    — « Et, là-dessus, nous nous dirigeons vers Rome », traduisit le professeur.
    — Il fallait s’y attendre, expliqua le capitaine. La première corniche du Purgatoire de Dante est celle des vaniteux, et l’expiation de ce péché devait se faire dans une ville célèbre pour son manque d’humilité, c’est-à-dire Rome.
    — Alors, nous allons rentrer chez nous, dis-je, toute contente.
    — Si nous parvenons à sortir d’ici, mais pas pour très longtemps, professeur Salina.
    — Nous n’avons pas encore terminé, repris-je en me

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