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Le Dernier Caton

Le Dernier Caton

Titel: Le Dernier Caton Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Matilde Asensi
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des pieds à la tête, mon cœur battait à tout rompre et j’avais envie de vomir. Je perçus une lumière aveuglante à travers mes paupières fermées. Nous devions ressembler à trois grenouilles allongées sur la planche de dissection d’un savant fou.
    — Non, nous n’avons pas fait les choses comme il le fallait, entendis-je marmonner Farag.
    — Que dites-vous, professeur ? demanda le capitaine d’une voix faible, comme s’il n’avait plus de forces.
    — «… Par un rocher fendu qui vacillait d’un bord à l’autre, récita le professeur, comme l’onde qui fuit et se rapproche. "Il faut user ici d’habileté, commença mon guide, et côtoyer chaque fois la paroi qui s’écarte". »
    — Maudit Dante ! m’écriai-je, stupéfaite.
    Mes compagnons se levèrent et Farag lâcha mon poignet. Il se mit devant moi et me tendit la main, d’un geste timide, pour m’aider à me relever.
    — Où diable sommes-nous ? murmura le Roc.
    — Lisez le chant X du « Purgatoire » et vous le saurez, répondis-je, les jambes encore flageolantes.
    L’endroit sentait l’humidité et le moisi.
    Une longue file de flambeaux fixés aux murs par des cercles de fer éclairaient ce qui semblait être un vieil égout, un canal d’eaux résiduelles sur les bords duquel nous nous trouvions. Cette rive (ou corniche) devait faire « trois fois un corps humain », ce qui était exactement la largeur de la dalle sur laquelle nous étions descendus. Et, de fait, le tunnel voûté semblait de taille égale sur toute sa longueur.
    — Je crois savoir où nous sommes, déclara le capitaine en jetant son sac sur son épaule d’un geste décidé.
    Farag de son côté secouait la poussière de sa veste.
    — Il est tout à fait possible que ce soit une branche du Cloaca Maxima.
    — Comment ? Il existe encore ?
    — Les Romains ne faisaient pas les choses à moitié, professeur, et en ce qui concerne les œuvres de maçonnerie, ils étaient les meilleurs. Aqueducs et réseaux d’égouts n’avaient pas de secrets pour eux.
    — Il est vrai que, dans de nombreuses villes d’Europe, on continue à utiliser les canalisations romaines, confirmai-je.
    Je venais de retrouver le contenu dispersé de mon sac. La torche était réduite en morceaux.
    — Mais… Le Cloaca Maxima  !
    — Ce fut le seul moyen de pouvoir édifier Rome, poursuivis-je. Toute la zone occupée par le Forum romain était une région marécageuse et il a fallu l’assécher. On commença à construire le Cloaque au VI e siècle avant notre ère, sous le roi étrusque Tarquin l’Ancien, puis on l’agrandit et on le renforça jusqu’à ce qu’il atteigne des dimensions colossales et un fonctionnement parfait sous l’Empire.
    — Et ce lieu dans lequel nous nous trouvons est sans doute une branche secondaire, déclara Glauser-Röist. Celle que les stavrophilakes utilisent pour que les néophytes passent l’épreuve de l’orgueil.
    — Et pourquoi les flambeaux sont-ils allumés ? demanda Farag en prenant l’un d’eux.
    Le feu crépita. Le professeur dut se protéger le visage d’une main.
    — Parce que le père Bonuomo était prévenu de notre arrivée. Je crois que cela ne fait aucun doute.
    — Bon, alors nous devrions commencer, dis-je en levant les yeux vers le trou lointain d’où nous venions.
    Nous nous trouvions certainement à de nombreux mètres sous terre.
    — À gauche ou à droite ? demanda Farag en se plantant à mi-chemin, le flambeau levé.
    Je ne pus m’empêcher de lui trouver une certaine ressemblance avec la statue de la Liberté, mais je gardai cette comparaison pour moi.
    — Par ici, c’est sûr, affirma le capitaine en indiquant mystérieusement quelque chose au sol.
    Farag et moi nous approchâmes de lui.
    — C’est incroyable ! murmurai-je.
    Sur le bord, à notre droite, le sol de pierre était merveilleusement gravé de scènes en relief. Comme l’avait dit Dante, la première représentait la chute de Lucifer. On distinguait sur le visage du bel ange une expression de colère terrible tandis qu’il tendait les mains vers Dieu, comme pour implorer Sa miséricorde. Les détails étaient si minutieusement dépeints qu’il était impossible de ne pas ressentir un frisson devant tant de perfection artistique.
    — C’est de style byzantin, commenta Farag, également impressionné. Regardez ce Pantocrator justicier qui contemple le châtiment de son ange préféré.
    — L’orgueil puni,

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