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Le Dernier Caton

Le Dernier Caton

Titel: Le Dernier Caton Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Matilde Asensi
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petites bougies lisses et blanches, soutenaient de fins cierges jaunes typiques du monde oriental. Sans réfléchir, je m’avançai jusqu’au chandelier près du parapet de la Schola cantorum situé dans la nef centrale, devant l’autel, jetai quelques pièces dans la boîte prévue à cet effet et allumai un cierge, puis fermai les yeux et priai pour demander à Dieu de prendre soin de mon père et de mon pauvre frère. Je Le suppliai aussi de protéger ma mère, qui se remettait mal de ces morts. Je Le remerciai d’être si occupée par cette mission que m’avait confiée l’Église, et de pouvoir ainsi me distraire de la douleur constante que suscitait leur perte.
    En ouvrant les yeux, je m’aperçus que j’étais seule. Je cherchai mes compagnons et les vis déambuler, comme des touristes égarés, par les nefs latérales. Ils semblaient très intéressés par les fresques sur les murs qui représentaient des scènes de la vie de la Vierge et par la décoration du sol mais, comme je connaissais déjà tout cela, je me dirigeai vers le sanctuaire pour examiner de près l’élément le plus notable de l’église. Sous un dais gothique de la fin du XIII e siècle, une énorme baignoire de porphyre orange sombre servait d’autel. On pouvait imaginer qu’un riche citoyen byzantin ou une riche citoyenne de la Rome impériale avaient pris des bains parfumés dans ce futur tabernacle chrétien.
    Personne ne me rappela à l’ordre lorsque je marchai sur le sanctuaire, car en dehors des heures de messe l’église était vide, ni prêtre, ni sacristain. Pas même l’une de ces vieilles paroissiennes dévouées, qui, pour quelques pièces laissées dans la petite corbeille, passaient l’après-midi à nettoyer l’église avec la même énergie que mettaient mes neveux à danser toute la nuit dans les discothèques de Palerme le samedi soir. Sainte-Marie in Cosmedin pouvait rester tranquillement sans surveillance, car il était rare qu’un visiteur perdu y entrât, même si le porche était toujours rempli de touristes.
    J’examinai attentivement la baignoire et, au cas où, tirai avec force sur ses quatre grands anneaux latéraux, de porphyre eux aussi, mais je n’obtins aucun résultat. De leur côté, Farag et Glauser-Röist n’avaient pas eu plus de chance. Les stavrophilakes semblaient n’être jamais passés par là. J’étudiai alors le trône épiscopal de l’abside. Mes compagnons me rejoignirent.
    — Quelque chose de significatif ? demanda le capitaine.
    — Non.
    La mine grave, nous nous dirigeâmes vers la sacristie, où se trouvait l’unique personne vivante de ce lieu, le vieux vendeur de la petite boutique de souvenirs remplie de médailles, cartes postales et diapositives. C’était un prêtre, habillé d’une soutane sale, pas rasé, ses cheveux blancs décoiffés. Son hygiène laissait à désirer. Il nous jeta un regard en biais alors que nous entrions, mais changea soudain d’expression et se montra d’une amabilité servile qui me déplut.
    — Vous venez du Vatican ? dit-il en quittant son comptoir pour se planter devant nous.
    Son odeur était répugnante.
    — Je suis le capitaine Glauser-Röist, et voici les professeurs Salina et Boswell.
    — Je vous attendais ! Je m’appelle Bonuomo, le père Bonuomo. En quoi puis-je vous être utile ?
    — Nous avons déjà vu toute l’église, l’informa le capitaine. Nous aimerions visiter le reste. Je crois qu’il existe une crypte, dit-il à ma grande surprise.
    Une crypte ? C’était la première fois que j’en entendais parler.
    — Oui, affirma le vieillard, déçu, mais ce n’est pas encore l’heure de la visite.
    Ce type portait mal son nom. Ce Bonuomo, ou « bonhomme », avait tout d’un méchant homme. Mais Glauser-Röist ne laissa rien paraître. Il se contenta de le regarder fixement sans bouger un muscle du visage, sans ciller, comme s’il n’avait pas entendu et attendait simplement l’invitation. Je vis le prêtre se tordre intérieurement, partagé entre son obligation d’obéissance et son impuissance mesquine à ne pas respecter les horaires.
    — Un problème, père Bonuomo ? demanda le capitaine d’un ton froid et coupant.
    — Non, gémit le vieillard.
    Il pivota sur ses talons et nous guida vers l’escalier qui menait à la crypte. Une fois là, il s’arrêta devant la porte et actionna divers interrupteurs sur un panneau situé à sa droite.
    — Vous avez de la lumière

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