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Le Dernier Caton

Le Dernier Caton

Titel: Le Dernier Caton Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Matilde Asensi
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murmurai-je.
    — C’est bien l’idée, non ?
    — Je vais prendre mon livre, déclara Glauser-Röist en accompagnant sa phrase d’un geste. Nous devons vérifier les coïncidences.
    — Cela coïncidera, capitaine, soyez-en sûr.
    Le Roc feuilleta son exemplaire de La Divine Comédie et leva la tête avec un sourire aux lèvres :
    — Vous savez que les tercets de cette série de représentations iconographiques commencent au vers 25 du Chant. 2 + 5 = 7. Un des chiffres préférés de Dante.
    — Vous délirez, capitaine, dis-je et un léger écho amplifia ma remarque.
    — Je ne suis pas fou. Pour votre gouverne, apprenez que la série en question s’achève au vers 63. 6 + 3=9. Son autre chiffre préféré. Nous retrouvons le sept et le neuf.
    Cette démonstration de numérologie médiévale ne nous intéressa guère, Farag et moi. Nous étions bien trop occupés à profiter des belles scènes du sol. Après Lucifer apparaissait Briarée, le fils monstrueux d’Uranus et Gea, le Ciel et la Terre, facile à reconnaître avec ses cent bras et cinquante têtes. Se croyant plus fort et plus puissant qu’eux, il s’était soulevé contre les dieux de l’Olympe et était mort, le corps traversé d’un dard céleste. Malgré la laideur de Briarée, la scène était très belle. La lumière des flambeaux donnait aux peintures un vérisme effrayant. Leur profondeur ressortait, ainsi que des nuances qui auraient pu passer inaperçues dans d’autres conditions.
    La suivante représentait la mort des superbes Géants qui avaient voulu en finir avec Zeus, et avaient péri démembrés entre les mains de Mars, Athéna et Apollon. Suivaient Nemrod, rendu fou devant les décombres de sa tour de Babel, puis Niobé, convertie en pierre pour s’être vantée d’avoir sept fils et sept filles devant Latone, qui avait seulement pour enfants Apollon et Diane. Leur succédaient : Saül, Arachné, Roboam, Alcméon, Sennachérib, Ciro, Holopherne et la ville détruite de Troie, dernier exemple d’orgueil châtié.
    Nous étions là tous les trois, la tête penchée comme des bœufs sous le joug, silencieux, avides de contempler ces scènes magnifiques. Comme Dante, il nous suffisait d’avancer en admirant ces fragments de rêve ou d’histoire qui nous recommandaient l’humilité et la simplicité. Mais les gravures se terminaient avec Troie. Cela signifiait donc que la leçon était finie ?
    — Une chapelle ! s’exclama Farag en s’introduisant par un passage dans le mur.
    Identique à la crypte d’Hadrien par ses dimensions et ses formes ainsi que la disposition de ses espaces, une autre petite église byzantine apparut sous nos yeux. Néanmoins cette chapelle présentait une différence importante par rapport à sa jumelle. Les murs étaient totalement couverts d’étagères sur lesquelles étaient posés des dizaines de crânes aux orbites vides qui nous observaient, impassibles. Farag passa son bras autour de mes épaules :
    — Tu n’as pas peur, Ottavia ?
    — Non, mentis-je. Je suis juste un peu impressionnée.
    J’étais atterrée, paralysée de frayeur devant ces regards vides.
    — Une nécropole, on dirait, plaisanta Farag avec un sourire.
    Il s’approcha du capitaine. Je me précipitai à sa suite, disposée à ne pas le quitter d’un centimètre.
    Tous les crânes n’étaient pas complets, certains étaient appuyés sur leur base, comme si la mandibule inférieure avait été oubliée ailleurs. Il manquait un os pariétal à d’autres, ou un temporal, et même des bouts du frontal ou tout le frontal. Mais le pire, c’étaient ces orbites. Effrayantes, et il devait bien y avoir une centaine de crânes.
    — Ce sont des reliques de saints et de martyrs chrétiens, annonça le capitaine après avoir examiné avec attention une rangée.
    — Comment, des reliques ? dis-je, surprise.
    — C’est ce qu’on dirait pourtant. Il y a un petit texte gravé qui semble indiquer le nom : Benedetto, saint, Desirio, saint , Hippolyte, martyr , Candida, sainte , Amelia, sainte , Placide, martyr.
    — Mon Dieu ! Et l’Église ne le sait pas ! Elle pense certainement que ces reliques sont perdues depuis des siècles !
    — Elles ne sont peut-être pas authentiques, dit Farag. N’oublie pas que nous sommes en territoire stavrophilake. Tout est possible. D’ailleurs, si tu regardes bien, les noms ne sont pas écrits en latin classique mais médiéval.
    — Peu importe qu’elles soient

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