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Le dernier royaume

Le dernier royaume

Titel: Le dernier royaume Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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salle où, cinq ans plus
tôt, mon oncle avait tenté de me racheter à Ivar.) Je vois que tu as toujours
ton petit Angle favori, grinça-t-il en me regardant.
    — Profite bien de tes yeux tant que tu en as, répondit
Ragnar. Le roi est-il là ?
    — Il n’accorde audience qu’à ceux qui prennent la peine
de la solliciter, répondit Kjartan.
    Ragnar soupira et se retourna vers son ancien capitaine.
    — Tu m’irrites comme méchante puce, dit-il. Et si tu y
tiens, nous allons déposer les branches de noisetier et nous affronter d’homme
à homme. Et si cela ne te plaît point, va me chercher le roi car je désire lui
parler.
    Jugeant qu’il valait mieux ne pas affronter Ragnar en duel,
Kjartan s’enfonça dans les arrière-salles du palais. Il nous fit attendre fort
longtemps, mais le roi Egbert apparut finalement, accompagné de six gardes,
dont Sven le borgne qui semblait désormais aussi riche que son père. Et fort
robuste, car il était aussi grand que moi, avec une large poitrine et d’énormes
bras.
    Egbert, inquiet, s’efforçait de se donner l’air royal.
Ragnar s’inclina devant lui et annonça qu’Halfdan, ayant appris la rumeur de
soulèvements en Northumbrie, l’avait envoyé y mettre un terme.
    — Il n’y a point de soulèvements, déclara Egbert d’une
voix si effrayée que je crus qu’il allait pisser dans ses braies.
    — Il y a eu des troubles dans les collines, mais c’est
terminé, dit Kjartan d’un ton méprisant en tapotant son épée d’un geste
éloquent. La Northumbrie est sûre. Tu peux donc retourner auprès d’Halfdan, mon
seigneur, et continuer d’essayer de défaire le Wessex.
    Ragnar ne releva pas sa raillerie.
    — J’irai à ma demeure, j’enterrerai mon fils et je
vivrai en paix.
     
    La nouvelle mit Sigrid en pleurs. Elle déchira sa robe et
s’arracha les cheveux en poussant de grands cris. Les autres femmes se
joignirent à elle et une procession emporta les cendres de Rorik au sommet de
la plus proche colline, où l’urne fut enterrée. Ragnar resta sur place à
contempler l’horizon et les nuages blancs qui passaient dans le ciel.
    Nous y demeurâmes toute cette année-là. Il fallut semer,
faucher foins et récoltes et moudre le grain. Nous fîmes fromage et beurre.
Marchands et voyageurs apportaient les nouvelles, mais aucune du Wessex où,
semblait-il, Alfred régnait dans la paix. Parfois, Ragnar parlait d’y
retourner, de conquérir à l’épée d’autres richesses, mais l’esprit du combat
semblait l’avoir quitté. Il envoya un message en Irlande pour demander à son
fils de rentrer, mais Ragnar le Jeune ne rentra pas cette année-là. Il songeait
aussi à Thyra, sa fille.
    — Ragnar dit qu’il est temps que je me marie,
m’apprit-elle un jour que nous barattions le beurre.
    — Toi ? demandai-je en riant.
    — J’ai presque treize ans ! s’indigna-t-elle.
    — Certes. Et qui t’épousera ?
    — Mère aime bien Anwend, dit-elle en haussant les
épaules.
    Anwend était l’un des guerriers de Ragnar, un jeune homme
guère plus âgé que moi, robuste et jovial, mais Ragnar préférait que sa fille
épouse l’un des fils d’Ubba. Cependant, cela l’aurait obligée à partir, si bien
que Ragnar se rendit à l’avis de sa femme. J’aimais bien Anwend et je pensais
qu’il ferait un bon époux pour Thyra, de plus en plus belle, avec ses longs
cheveux dorés, ses grands yeux, son joli nez bien droit, sa peau parfaite et
son rire tel un rayon de soleil.
    — Mère dit que je dois mettre au monde beaucoup de
fils, dit-elle.
    — Je l’espère.
    — J’aimerais bien aussi une fille. Mère dit que Brida
aussi devrait se marier.
    — Brida a peut-être d’autres désirs, répondis-je.
    — Elle veut t’épouser, répliqua Thyra.
    Cela me fit rire. Je voyais Brida comme une amie, et ce
n’était pas parce que nous couchions ensemble, lorsque Sigrid avait le dos
tourné, que j’avais envie de l’épouser. Je ne voulais point me marier du tout.
Je ne pensais qu’épées, boucliers et batailles, et Brida n’avait que simples en
tête.
    Elle allait et venait telle une chatte, discrète, apprenant
tout ce que Sigrid pouvait lui enseigner sur les herbes et leurs usages. Le
liseron comme purge, la linaire contre les ulcères, le souci des marais pour
écarter les elfes des seaux de lait, le mouron contre la toux, le bleuet contre
les fièvres. Et elle apprenait d’autres charmes qu’elle refusait de me confier,
les

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