Le dernier templier
m’inquiète.
— Et pourtant, vous m’avez appelée.
Encore ce sourire espiègle, songea Reilly.
— Oui, eh bien... on va dire que votre aide peut nous être utile. Avec un peu de chance, on le coincera peut-être à une frontière. Mais en attendant, ce serait bien qu’on ait aussi du monde pour l’attendre à Fonsalis. Et pour ça, il faut trouver l’endroit.
Tess appuya sur le bouton de l’ascenseur.
— Je vais réfléchir.
Il la regarda. Elle était là, devant lui, ses yeux verts pétillant malicieusement.
— Je n’avais pas remarqué que vous arrêtiez parfois.
— Oh, certains savent pourtant que cela arrive.
Elle le fixa avec un petit air timide.
— En de rares occasions.
Deux tintements discrets retentirent, signalant l’arrivée de l’ascenseur. La cabine était vide. Il la regarda pénétrer à l’intérieur.
— Vous allez être prudente ?
Elle retint la fermeture des portes.
— Non, je compte être totalement, inconsidérément et inexcusablement imprudente.
Il n’eut pas le temps de lui répondre. Les portes de l’ascenseur s’étaient refermées. Il resta là un moment, immobile, le visage de la jeune femme encore gravé dans son esprit, jusqu’à ce que le tintement familier d’une autre cabine qui arrivait le ramène à sa triste réalité.
Quand elle sortit du bâtiment, Tess avait encore son petit sourire au coin des lèvres. Elle savait que quelque chose se passait entre Reilly et elle, et elle aimait ce qu’elle ressentait. Les premiers temps de la séduction, tout comme un nouveau poste de travail, avaient toujours été excitants pour elle. Mais elle réalisa que, comme pour l’archéologie, l’exaltation, l’impatience, le mystère, l’optimisme et l’espoir ressentis au début d’une relation ne tenaient jamais totalement leurs promesses.
En marchant dans l’air printanier, elle repensait à la suggestion de l’homme d’Église : le secret caché aurait eu un rapport avec l’alchimie. Elle n’arrivait pas à s’en convaincre. Plus elle considérait cette idée, moins elle lui paraissait crédible. Pourtant, l’envoyé du Vatican semblait sûr de cette théorie. Une formule pour transmuter le plomb en or ! Si quelqu’un l’avait trouvée, nul doute qu’il se serait donné le plus grand mal pour la soustraire à la vue d’autrui. Mais quelque chose là-dedans n’était pas logique.
Et il y avait encore plus bizarre. Aimard de Villiers avait considéré que la tempête était une manifestation de la volonté de Dieu, que celui-ci voulait que la mer engloutisse tout ce qu’ils transportaient pour l’enfouir à jamais. Pourquoi ? Sans oublier la question de la taille de l’objet enfoui. Pouvait-il s’agir d’un reliquaire, d’un coffret ? Que pouvait-il contenir pour que des hommes meurent ou tuent pour lui ?
Fonsalis.
Si elle voulait rester dans la partie, elle devait trouver cet endroit.
Quelques nuits blanches l’attendaient... et il lui faudrait aussi s’assurer que son passeport était encore valide.
Plus ennuyeux : elle allait également devoir affronter un échange téléphonique difficile avec sa mère, pour lui expliquer qu’il s’écoulerait encore quelques jours avant qu’elle les rejoigne dans l’Arizona.
De Angelis était repassé dans sa chambre au foyer. Préoccupé par les problèmes en cours, il s’assit sur le bord de son lit dur et appela Rome. Il parla à un collègue assez éloigné du cercle du cardinal Brugnone. Ce n’était pas le moment d’être confronté à des questions trop insistantes.
L’avantage qu’il possédait quand il remontait la piste des quatre cavaliers avait maintenant disparu. En outre, il se rendait compte qu’être proche de l’enquête qui pataugeait ne lui servait plus à grand-chose. Bientôt, il allait devoir suivre sa propre route. Il donna des ordres pour s’assurer que tout était en place afin qu’il puisse se déplacer dès qu’il en aurait besoin.
Cela accompli, il sortit une série de photographies de son porte-documents, les étala sur le lit et les examina une à une. Tess entrant et sortant de Fédéral Plaza. Tess arrivant chez elle ou quittant sa maison à Mamaroneck. Son bureau à l’institut Manoukian. Des plans larges, des plans moyens et des gros plans. Même en deux dimensions granuleuses, elle respirait la confiance et la détermination. Cette femme s’était révélée vive et exaltée, pleine de ressources, d’idées et
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