Le dernier templier
mais cela devient de plus en plus difficile... La science moderne et la philosophie n’encouragent pas vraiment la foi. Et nous sommes en partie à blâmer pour ça. Depuis que Constantin, avec sa perspicacité politique, s’est efficacement emparé de l’Église primitive, il y a eu trop de schismes et de disputes, trop de vaines querelles doctrinales pour des broutilles, trop de dégénérés évoluant autour de nous, voire dans nos propres rangs. Trop de cupidité aussi. Le message originel de Jésus a été perverti par l’égoïsme et la bigoterie. Il a été dévoyé par de minables rivalités internes et des fondamentalistes intransigeants. Et nous continuons de faire des erreurs qui ne servent pas notre cause. Par exemple, en éludant les sujets réels auxquels est confronté le monde, en tolérant de honteux abus, des actes horribles contre les plus innocents, et même en contribuant à les couvrir. Nous avons mis beaucoup de temps à nous faire à un monde changeant. Et maintenant, à un moment où nous sommes vulnérables, l’Église est de nouveau menacée, comme elle l’a été il y a neuf cents ans, quand les Templiers ont fait leur découverte. Seulement aujourd’hui, cet édifice que nous avons construit est devenu plus grand que tout ce que nos ancêtres auraient pu rêver, et sa chute serait catastrophique.
« Peut-être que si nous fondions l’Église aujourd’hui, avec la véritable histoire de Jeshua de Nazareth, peut-être que nous pourrions procéder autrement. Peut-être que nous pourrions éviter tout ce dogme confus et nous contenter de faire les choses simplement. Regardez l’islam. Il a su parfaitement se débrouiller, à peine sept siècles après la crucifixion. Un homme est venu et il a dit : « Il n’y a pas d’autre dieu que Dieu et je suis son prophète. » On ne parle pas de Messie, ni de Fils de Dieu. Il n’y a pas plus de Père que de Saint-Esprit, ni de Trinité. Juste un messager de Dieu. C’était ça. Et c’était suffisant. La simplicité de son message s’est propagée comme une traînée de poudre. Ses fidèles se sont presque emparés du monde en moins de cent ans et cela m’afflige de penser qu’aujourd’hui même, à notre époque, l’islam est la religion en plus forte croissance dans le monde, même s’ils mettent encore plus de temps que nous à se faire aux réalités et aux nécessités des temps modernes. Et cela continuera à leur poser des problèmes en chemin. Mais nous avons été très lents. Et nous le payons, juste au moment où les nôtres ont le plus besoin de nous.
« Car ils ont besoin de nous. Ils ont besoin de quelque chose. Regardez l’anxiété, la colère, la cupidité qui nous entourent, la corruption qui infecte le monde au plus haut niveau. Regardez le vide moral, la soif de spiritualité, le manque de valeurs. Le monde est chaque jour plus fataliste, plus cynique, plus désenchanté. L’homme est devenu plus apathique, indifférent et égoïste que jamais. Nous volons et tuons à une échelle sans précédent. Les scandales économiques se jouent en milliards de dollars. On dispute des guerres sans raison. Des millions d’êtres sont tués dans des génocides impensables. La science nous permet peut-être de nous débarrasser de maladies comme la variole, mais elle a fait bien pire en dévastant notre planète et en nous transformant en créatures impatientes, isolées et violentes. Ceux d’entre nous qui ont de la chance pourront vivre plus longtemps, mais nos vies seront-elles mieux remplies ou plus paisibles pour autant ? Le monde est-il plus civilisé qu’il y a deux mille ans ?
« Il y a des siècles, nous étions davantage dans l’ignorance. Les hommes et les femmes savaient à peine lire et écrire. Aujourd’hui, à notre époque prétendument éclairée, quelle excuse avons-nous pour justifier de tels comportements ? L’esprit de l’homme, son intellect, peut avoir progressé. Mais je crains qu’il n’ait laissé son âme derrière et même, pourrais-je ajouter, je crains qu’il n’ait régressé. L’homme a démontré qu’au fond de lui il n’était qu’une bête sauvage. Et même si l’Église est toujours là pour dire que nous sommes tous comptables de nos actes devant une puissance supérieure, nous continuons à nous comporter atrocement. Imaginez ce que ce serait sans l’Église ! Mais il est évident que nous perdons notre capacité à inspirer les actes des humains. Nous ne
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