Le dernier templier

qui les concerne est entouré de mystère. Ils ont suscité énormément d’émules et de passion. Si je vous disais le nombre de livres et de documents que j’ai trouvés sur eux, vous ne voudriez pas le croire. Et je n’ai pas fait de recherches approfondies. C’est tout simplement phénoménal. Là est le point clé. Une bonne partie des conjectures à leur propos tourne autour de leur fabuleuse richesse supposée, qui n’aurait jamais été retrouvée.
    — Je croyais que c’était pour ça que le roi de France les avait renversés ? observa Reilly.
    — C’est ce qu’il cherchait, oui. Mais il n’a jamais mis la main dessus. Ni lui ni aucun autre. Pas d’or, pas de joyaux, pas d’autres biens précieux. Rien. Tout a disparu. Et pourtant les Templiers possédaient un trésor considérable. Par exemple, un historien prétend que les Templiers auraient découvert cent quarante-huit tonnes d’or et d’argent à Jérusalem et autour de la Ville sainte quand ils y sont arrivés, avant même que les dons ne commencent à pleuvoir sur eux à partir de toute l’Europe.
    — Et personne ne sait ce que ce trésor est devenu ?
    — Il y a une théorie largement admise : beaucoup considèrent que la nuit précédant l’arrestation, vingt-quatre chevaliers seraient sortis du Temple de Paris avec plusieurs chariots remplis de caisses et se seraient enfuis vers le port de La Rochelle, sur l’Atlantique. Ils sont censés avoir pris la mer à bord de dix-huit galères que l’on n’a jamais revues.
    Reilly soupesa l’information.
    — Donc vous êtes en train de dire que les pilleurs du musée en avaient en réalité après l’encodeur, afín de l’utiliser pour retrouver le trésor des Templiers ?
    — Peut-être. Encore faudrait-il s’entendre sur un point : quelle était la nature de ce trésor ? S’agissait-il de pièces d’or et de joyaux ? Ou d’autre chose, quelque chose de plus ésotérique, quelque chose qui...
    Elle hésita avant de continuer.
    — ... qui requiert une profession de foi plus profonde.
    Elle attendit de voir comment son interlocuteur prenait cette remarque. Mais Reilly lui renvoya un sourire réconfortant.
    Elle se pencha et baissa inconsciemment la voix.
    — Nombre de ces théories prétendent que les Templiers ont fait partie d’une conspiration séculaire visant à découvrir et à conserver quelque connaissance hermétique. Mais beaucoup de choses peuvent être en cause. On a, par exemple, raconté qu’ils étaient les gardiens de nombreuses reliques. Il y a même un historien français qui pensait qu’ils possédaient la tête embaumée de Jésus. Enfin, j’ai rencontré une thèse qui me semble plus consistante que les autres : elle soutient que toute cette question templière est en rapport avec le Saint-Graal. Comme vous le savez probablement, au demeurant, ce Graal n’est pas nécessairement un objet réel, un « calice » physique dans lequel Jésus aurait bu lors de la Cène. Il pourrait s’agir d’une référence métaphorique à un secret concernant les événements réels autour de sa mort et la survie de sa lignée à l’époque médiévale.
    — La lignée de Jésus ? Sa descendance ?
    — Aussi hérétique qu’elle puisse paraître, cette théorie considère que Jésus et Marie Madeleine auraient eu un enfant ensemble — peut-être même davantage —, enfant qui aurait été élevé à l’écart et caché aux Romains. Pendant les deux mille années suivantes, le secret de cette lignée de Jésus aurait été soigneusement gardé. Toutes sortes de sociétés obscures auraient eu la responsabilité de protéger ses descendants et de transmettre leur secret à un groupe choisi d’illuminati. Léonard de Vinci, Isaac Newton, Victor Hugo, bon nombre de noms illustres sont censés avoir fait partie de cette société secrète des protecteurs de la Sainte Lignée.
    Tess marqua une pause et étudia la réaction de Reilly.
    — Je sais que ça a l’air ridicule, mais je vous assure que c’est une histoire très répandue. Beaucoup s’y sont intéressés et ont fait des recherches sur cette question. Et je ne parle pas seulement de best-sellers, mais de travaux d’universitaires et d’érudits parfaitement sérieux.
    Une nouvelle fois, elle l’observa en s’interrogeant sur ce qu’il pouvait penser.
    « Si j’avais réussi à l’appâter avec le trésor, j’ai manifestement tout réduit à néant avec mon histoire de