Le dernier templier

de Vance émergea de l’obscurité, ses yeux fixèrent ceux de la jeune femme.
    — Ne vous approchez pas de moi ! hurla-t-elle.
    — Tess, il faut que nous sortions d’ici.
    — Nous ? De quoi parlez-vous ? Contentez-vous de rester à distance.
    Il continua de marcher vers elle.
    — Tess, posez cette arme.
    Paniquant, elle pressa la détente, mais rien ne se passa. Il était maintenant à moins de trois mètres. Inclinant le pistolet, elle l’étudia fébrilement. Ses yeux éperdus cherchaient à découvrir si elle avait raté quelque chose. Vance avait accéléré le pas. Tripotant désespérément le pistolet en gardant un oeil sur l’homme, elle finit par repérer la petite sécurité et la releva. Un voyant rouge s’alluma à l’arrière de l’arme.
    Elle la tendit de nouveau devant elle et constata qu’elle avait aussi, sans le savoir, activé son laser, qui formait une minuscule tache rouge sur la poitrine de Vance. Le point dansait de gauche à droite, reproduisant le tremblement de ses mains. L’homme était très proche maintenant. Le pouls accéléré, elle ferma les yeux et écrasa la détente, ce qui ressemblait plus à la pression d’une touche enveloppée de caoutchouc qu’au contact du métal froid qui, imaginait-elle, constituait une détente de pistolet. Le taser lâcha une détonation bruyante et Tess cria quand les deux fléchettes de métal aux barbillons d’acier inoxydable jaillirent de son canon, entraînant derrière elles des filins.
    Le premier projectile frappa Vance à la poitrine, le second mordit sa cuisse gauche. Cinquante mille volts se répandirent en lui pendant cinq secondes, submergeant son système nerveux et déclenchant des contractions incontrôlables dans ses muscles. L’homme se tordit et s’arqua en arrière tandis que les spasmes dévoraient tout son corps. Ses jambes se dérobèrent sous lui. Il s’effondra, impuissant, le visage déformé par la douleur.
    Tess avait été momentanément troublée par le nuage de minuscules disques semblables à des confettis qui avait surgi de la cartouche au moment de la détonation. Les gémissements de Vance se tordant par terre la ramenèrent vite à sa situation. Elle pensa à l’enjamber et à filer vers l’escalier. Mais elle n’avait pas envie de se rapprocher de lui. Elle ne savait pas non plus qui Vance avait affronté en haut et n’avait guère envie de le découvrir. De nouveau, elle se tourna vers l’ouverture obstruée. À force de taper dessus et de tirer, elle finit par déplacer l’une des planches. Elle parvint à l’arracher et à l’utiliser pour forcer les autres. Enfin elle examina le trou qu’elle venait d’aménager.
    Au-delà s’étendait un tunnel sombre.
    N’ayant pas d’autre solution, elle commença à se glisser dans l’ouverture, avant de s’arrêter et de regarder en arrière. Vance continuait de se tordre de douleur. Elle aperçut également l’encodeur et les quelques feuillets du manuscrit posés là, à portée de main.
    Ils l’appelaient irrésistiblement.
    Se surprenant elle-même, elle revint dans la pièce, attrapa la liasse de feuillets et la fourra dans son sac. Son attention fut attirée par son portefeuille, gisant au milieu des documents qu’elle avait sans réfléchir projetés à terre. Elle esquissa un pas pour le récupérer, mais, du coin de l’oeil, elle vit Vance bouger. Elle hésita, puis, considérant qu’elle avait suffisamment pris de risques, elle partit sans attendre. Une fois dans le tunnel, elle s’enfonça le plus vite possible dans la pénombre.
    Accroupie, sa tête frottant le plafond, elle avait déjà franchi une trentaine de mètres quand le boyau s’ouvrit sur un couloir plus large et plus haut. Elle eut la réminiscence aussi déconcertante que soudaine d’une vieille catacombe mexicaine qu’elle avait visitée quand elle était étudiante. L’air était encore plus saturé d’humidité ici. En baissant les yeux, elle en comprit la raison. Un ruisselet d’eau noire s’écoulait en son centre.
    Tess avança tant bien que mal contre l’étroite bande sèche le long du mur, évitant de mettre les pieds dans l’eau. Mais elle glissait sur le sol mouillé. L’eau d’un froid mordant s’enroulait autour de ses chevilles. Puis le cours d’eau prit fin. Le liquide saumâtre se déversait en une cascade de près de deux mètres, dans un autre tunnel encore plus grand.
    Jetant un coup d’oeil derrière elle, Tess tendit