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Le dernier vol du faucon

Le dernier vol du faucon

Titel: Le dernier vol du faucon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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l'idée de ce qu'il pouvait penser.
    Il la retint par les épaules et sourit - de ce sourire qui l'avait tant séduite des années auparavant.
    «Au Siam, dit-il, il est parfaitement normal pour un homme de prendre dans ses bras sa première épouse. Je pense que vous vous y habituerez vite...»
    26
    15 mai 1688.
    A la tête d'une troupe de quatre-vingts hommes d'élite et d'officiers, parmi lesquels le capitaine de Beauchamp et le lieutenant Le Roy, le général Desfarges, en route pour Louvo, fit halte à Ayuthia.
    On était en plein cœur de la saison chaude. La température et l'humidité étaient si accablantes que même une personne immobile se retrouvait instantanément trempée de sueur. Mal à l'aise, les officiers tiraient désespérément sur le col de leur uniforme, mais le général, bien qu'il souffrît lui aussi de ce climat torride, avait insisté pour qu'ils le portent en public afin d'entretenir l'image d'une force bien disciplinée.
    Après le départ d'Ivatt, il avait encore fallu quatre jours au Français pour délibérer avec ses officiers avant de se décider à prendre la direction de Louvo. Thomas Ivatt avait pourtant insisté pour que l'armée française entre immédiatement en action, soulignant l'urgence d'intervenir contre Petraja avant que celui-ci ne soit en mesure de réunir une force de combat décisive. Il avait fini par convaincre le général que, étant donné l'état du roi, Phaulkon tout autant que
    Pra Piya auraient besoin d'un appui sans délai pour assurer une succession catholique. Respectueux des ordres de son souverain, le roi Louis, Desfarges avait juré d'accomplir son devoir au nom de la France et de sa religion, assurant Ivatt qu'il était prêt à envoyer ses troupes à Louvo.
    Ivatt lui avait rappelé la prudence sur laquelle Phaulkon insistait tant: en aucun cas, il ne fallait se laisser influencer par des rumeurs contraires. Au Siam, en effet, les ragots allaient bon train, semés par les moines de Louvo qui les répandaient, selon une tactique ancestrale, lorsqu'ils mendiaient, à l'aube, leur nourriture sur les chemins. C'était la manière la plus sûre et la plus rapide pour diffuser une information - aussi mensongère soit-elle.
    Desfarges assura Ivatt qu'il était un trop vieux soldat pour être dupe d'une telle tactique.
    Pourtant, à peine Ivatt était-il parti pour Mergui que l'indécision naturelle du général reprenait le dessus, entretenue par les opinions contraires de ses officiers. Certains insistaient pour qu'ils restent à l'abri au fort où ils pouvaient se défendre convenablement contre une attaque imprévue. D'autres, au contraire, pensaient qu'ils avaient une mission à accomplir au Siam - mission pour laquelle ils avaient prêté serment - et qu'il était de leur devoir de protéger Naraï et Phaulkon. Il y avait aussi ceux qui protestaient, soulignant combien leurs hommes s'ennuyaient, avaient le mal du pays et ne songeaient qu'à retourner en France. Le moment n'était-il pas venu de les entendre ?
    Quant au général lui-même, il était comme d'habitude d'un avis partagé. D'un côté, Phaulkon avait été lavé de toute implication dans le meurtre de Malthus et avait besoin de soutien pour installer et maintenir un catholique sur le trône du Siam. Mais, d'un strict point de vue militaire, il n'était pas bon de diviser ses forces ni d'abandonner la sécurité du fort. Après de longues délibérations, Desfarges s'arrêta à un compromis. Il laisserait quatre cents hommes au fort sous le commandement de Dassieux et n'en prendrait que quatre-vingts avec lui, dont les officiers désireux de soutenir Phaulkon., pour aller explorer la situation à Louvo. Il verrait par lui-même où les choses en étaient. Il ne voyait pas comment il pourrait arrêter le général Petraja, si l'homme avait cherché refuge dans un monastère ; mais Phaulkon avait peut-être imaginé un plan pour l'en faire sortir.
    Quand la troupe débarqua sur le quai de bois proche du séminaire, écrasée de chaleur et de fatigue après douze heures de voyage, Desfarges décida de passer la nuit sur les lieux et de continuer le lendemain en direction de Louvo. Les hommes n'étaient pas en état de naviguer six heures de plus.
    Il mit pied à terre, suivi de deux de ses assistants et de plusieurs domestiques portant ses bagages. Un large chemin de terre desséché par le soleil longeait le fleuve à travers des buissons de bananiers et passait devant une poignée de

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