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Le dernier vol du faucon

Le dernier vol du faucon

Titel: Le dernier vol du faucon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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femme au cœur d'or qui l 'attirait instinctivement. De son côté, Sunida évita de se prosterner et se laissa embrasser à la manière farang. Elle sentit la chaleur que la mem mettait dans ce geste et lut dans ses yeux la même sympathie qu'elle éprouvait à son égard. Quel honneur, pour elle, de servir une première épouse aussi bienveillante !
    Sunida donna à Nellie des gâteaux et du poisson séché et demanda à l'une de ses compagnes de voyage, une femme au visage rond et amical, de veiller sur elle pendant le trajet. Puis elle s'attarda sur le quai jusqu'au départ du bateau et le regarda disparaître, le cœur lourd.
    Elle gagna ensuite le Palais où son sauf-conduit royal lui valut une escorte de deux gardes pour l'accompagner jusqu'aux appartements du prince. La sécurité avait été renforcée depuis que des milliers de personnes, apprenant que la santé du Seigneur de la Vie s'était gravement détériorée, se pressaient aux portes du Palais pour présenter leurs respects à son successeur légitime. A quelques exceptions près, et toujours pour des raisons de prudence, la plupart des visiteurs avaient été refoulés à l'exception de quelques mandarins de haut rang.
    A son retour des docks, Sunida avait remarqué la foule rassemblée devant les portes et le garde l'avait informée qu'en dehors d'elle seule une petite délégation de prêtres farangs, envoyés par l'évêque pour présenter leurs respects, avait été autorisée à pénétrer ce matin dans le Palais.
    Les princes royaux, Chao Fa Apai Tôt et Chao Fa Noi - le premier, cadet du roi de quinze ans, et le second de trente -, vivaient dans des maisons conti-guës situées dans la section la plus éloignée du palais principal. L'aîné des deux frères n'était pas beau à voir avec son visage bouffi, sa claudication prononcée et ses épaules déformées - résultat, probablement, de la prédilection royale pour l'inceste. Tout en lui conservant le respect dû à son haut rang, ses esclaves avaient la tâche difficile de lui interdire les boissons alcoolisées pour lesquelles il avait un net penchant.
    Le plus jeune en revanche, Chao Fa Noi, avait la beauté d'un prince de conte de fées et Sunida elle-même ne put s'empêcher de déplorer son sort. Certes, il avait commis le crime odieux de s'intéresser de trop près à la concubine favorite de Sa Majesté, mais Sunida connaissait la jolie Thepine et pensait qu'elle était la première à blâmer. Séductrice accomplie, de plusieurs années plus âgée que le prince, elle avait fait tomber dans ses filets le jeune homme encore inexpérimenté. Sunida savait à quoi s'en tenir car c'était précisément Thepine qui avait été chargée de la former aux jeux de l'amour.
    A peine entrée à la Cour, la concubine royale s'était révélée une femme intrigante et insatiable, trop heureuse d'utiliser son pouvoir de séduction pour prendre ses victimes au piège et les enchaîner. Chao Fa Noi n'avait eu aucune chance. Malgré cela, les choses semblaient finalement s'arranger au mieux puisque désormais, près de dix ans après la mort de la courtisane, le Seigneur de la Vie, dans sa grande bonté, se déclarait prêt à pardonner.
    Un flot de souvenirs heureux afflua à la mémoire de la jeune Siamoise en entendant le gazouillement joyeux des oiseaux au plumage bariolé. Toujours accompagnée de son escorte, elle longea un grand bassin recouvert de feuilles de lotus au milieu desquelles s'ébattaient des carpes chinoises et des poissons tropicaux dont les écailles multicolores jetaient des reflets irisés sous le soleil.
    Ils pénétrèrent ensuite dans une allée où, souvent, elle avait joué à cache-cache avec les concubines
    royales. Combien de fois n'avait-elle pas erré dans ces beaux jardins en rêvant de son bien-aimé Phaulkon? Cet environnement familier éveilla en elle une profonde nostalgie. Ces temps de paix étaient loin, à présent. Elle songea aux dangers qui guettaient son amant bien-aimé et son désir de voir Petraja arrêté dans ses sombres desseins n'en fut que plus ardent.
    Ils arrivèrent dans une partie du Palais qui ne lui était pas familière: l'aire réservée aux princes bannis, un exil à la fois si proche et si lointain puisque le reste du domaine royal leur était interdit.
    Le chemin était barré par un portail de bois artistiquement sculpté, encadré par un régiment de gardes. Par-delà le rideau d'arbres, Sunida apercevait les toits de tuiles

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