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Le dernier vol du faucon

Le dernier vol du faucon

Titel: Le dernier vol du faucon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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un buffle. Perché sur le dos de l'animal, il avait repéré la robe du moine avec la vue perçante de la jeunesse et, les mains jointes, il s'inclina respectueusement à son passage. Phaulkon retint un sourire. Qu'aurait pensé le garçon s'il avait su qu'il venait de saluer le Barcalon de Siam !
    Le chemin de boue sèche était maintenant plus uni et, si tout allait bien, il pourrait marcher quatre ou cinq heures, ce qui mettrait une bonne distance entre Louvo et lui. Encore fallait-il réussir à se nourrir pendant le jour. Il avait pris un solide repas avant de partir pour se donner des forces, mais, dorénavant, il lui serait interdit d'avaler quoi que ce soit de solide ou liquide de midi jusqu'à l'aube du jour suivant. Si on le surprenait à ne pas respecter cette règle, ce serait la révolution. Phaulkon ne savait trop comment réagirait son corps s'il le contraignait à de longues marches la nuit l'estomac vide. Malheureusement, il n'allait pas tarder à le savoir.
    Les quelques maisons isolées croisées auparavant avaient disparu et le chemin était désert. Phaulkon avait éprouvé un certain réconfort à entendre de loin des voix d'hommes, de femmes, d'enfants, parler des événements de la journée avant d'aller dormir. Même l'aboiement des chiens lui avait semblé bienvenu. A présent, il était seul.
    Il perçut soudain un grondement sonore qui semblait tout proche. Immobile, le cœur battant, il écouta, tous les sens aux aguets, en scrutant l'obscurité. La lune disparut derrière un nuage et un sanglier bondit, lui causant la frayeur de sa vie. Il devina à peine la masse plus sombre passant près de lui, mais sentit le déplacement d'air. Ce n'était pas sur lui que l'animal avait chargé car, dans ce cas, il l'aurait déjà percé de ses défenses...
    Il attendit un instant que son cœur retrouve un rythme normal après ce choc. Echapper aux griffes de Petraja pour tomber sous les dents d'un sanglier! Ces promenades de nuit n'étaient pas exemptes de dangers. Pas étonnant que les gens se terrent chez eux.
    Il reprit sa route prudemment, l'oreille tendue vers chaque bruit étouffé, maudissant la lune chaque fois qu'elle se cachait derrière un nuage. Marcher dans ces conditions le fatigua plus vite qu'il ne l'avait pensé et, aux environs de minuit, il s'écroula, épuisé, à l'abri d'un gros rocher au bord de la route.
    Il ne dormit que par intermittence à cause des moustiques. Quand une première lueur se glissa dans le ciel, il se sentait fatigué et abattu. Combien de temps pourrait-il tenir dans de telles conditions? Encore engourdi, il se leva, secoua la poussière de sa robe, puis alla se soulager derrière un buisson.
    Au loin, le chant d'un coq s'éleva dans l'air frais de l'aube. Phaulkon reprit espoir. Il devait y avoir un village à proximité. Avançant sur le large sentier, il découvrit le village à un bon mille de là. C'était l'heure à laquelle les moines sortaient pour mendier leur nourriture. Il se gratta la joue et, avec inquiétude, tâta sa barbe piquante. Les Siamois étaient rarement barbus. Il commença à croiser des poules et des cochons errant dans la nature et, bientôt, longea des petites huttes sur pilotis surmontées de toits de chaume. Devant la porte, de grandes jarres pleines d'eau étaient placées pour se laver. Comme il aurait aimé s'asperger d'eau fraîche !
    Il aperçut des gens qui le regardaient, puis un petit garçon courut vers lui. Il était doré comme un grain de café et entièrement nu, à l'exception d'une petite chaîne à la cheville qui tintait à chacun de ses pas, ce qui permettait à ses parents de savoir où il se trouvait. Son visage était couvert d'une épaisse couche de pommade jaune destinée à éloigner les moustiques et autres insectes. Le petit garçon s'arrêta devant lui et le regarda les yeux écarquillés. Puis, tout excité, il se mit à crier: « Phra farang! Phra farang!»
    Voilà, le mot était lancé, songea Phaulkon. Son épreuve commençait. En un clin d'œil, le garçon fut de retour avec une ribambelle de petits camarades portant tous une chaîne à la cheville. On aurait dit un véritable orchestre. D'autres garçons un peu plus grands, de sept à huit ans, vinrent les rejoindre. Des feuilles de palmier fourrées de tabac étaient glissées dans leur bouche et la fumée s'élevait en spirales, dégageant un puissant arôme.
    De vieilles femmes ratatinées, les seins flasques, les cheveux gris coupés court,

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