Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le dernier vol du faucon

Le dernier vol du faucon

Titel: Le dernier vol du faucon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
Vom Netzwerk:
sortirent de leurs maisons pour le regarder. Le premier instant de surprise passé, elles lui sourirent largement, exhibant pour la plupart une bouche édentée teintée de rouge par le bétel. Quelques hommes âgés tenant leur buffle attaché à une corde s'arrêtèrent pour lui jeter un coup d'œil, tandis que leurs fils, trapus et athlétiques comme tous les paysans siamois, les attendaient pour partir au travail dans les champs. Des jeunes filles aux joues couvertes de pommade jaune formaient des petits groupes et riaient derrière leurs mains timidement pressées sur leur bouche. Les chiens flânaient un peu partout, la tête également barbouillée de jaune car les bouddhistes, respectueux des animaux, les badigeonnaient eux aussi de pommade pour écarter les moustiques.
    Bientôt, tout le village fut rassemblé autour de Phaulkon. Il fit halte sous un magnifique vieux banyan ceint d'une véritable couronne de racines adventives, semblables à des serpents. Manifestement, l'arbre représentait le centre stratégique du village. Les paysans l'entouraient sans parler, se contentant de lui adresser des sourires intimidés quand leurs regards se croisaient. Un moine farang parmi eux, quel événement! semblaient-ils tous penser. Seuls les enfants bavardaient en riant et en se bousculant avec excitation.
    Une très vieille femme aux cheveux de neige, toute voûtée, se décida à prendre la parole: «D'où venez-vous, saint homme?»
    Bien qu'il eût parfaitement compris la question, Phaulkon jugea préférable de ne pas dévoiler sa connaissance du siamois. Les hommes de Petraja recherchaient un farang parlant couramment cette langue et il n'aurait pas été prudent de découvrir trop vite son jeu. Il considéra la femme d'un air interrogateur et pointa un doigt hésitant sur sa propre poitrine.
    « Oui, oui ! crièrent plusieurs personnes dans la foule. D'où venez-vous?»
    Il sourit comme s'il venait subitement de comprendre. «Laos», dit-il.
    Les villageois se regardèrent, étonnés. Le Laos? C'était un lieu vague et lointain. Ils se mirent à par 1er entre eux avec animation. Y avait-il des farangs au Laos? Connaissait-on quelqu'un qui soit allé au Laos? Les gens qui vivaient là-bas étaient-ils grands? A combien de jours de voyage se trouvait ce pays ? Le Laos faisait-il partie du Siam?
    Phaulkon se réjouissait de l'attitude amicale des villageois. Il n'était pas si loin de Louvo mais, heureusement, la nouvelle de sa fuite n'était pas arrivée jusque-là. Plus il s'éloignerait et moins il y aurait de risques de rencontrer quelqu'un qui puisse le reconnaître.
    Il leva bien haut son bol à offrandes et l'assemblée se dispersa aussitôt pour réapparaître quelques instants plus tard avec des feuilles de bananier chargées de boulettes de riz au poisson ou au porc. Avec tant de nourriture, Phaulkon aurait pu nourrir un régiment entier. Les villageois se bousculaient pour remplir son bol en réclamant sa bénédiction selon l'usage.
    Il était affamé et ils le regardèrent manger jusqu'à sa dernière bouchée, observant chacun de ses gestes comme s'il venait d'une autre planète.
    Soudain la foule s'ouvrit pour laisser le passage à trois moines habitant les environs. Phaulkon s'était attendu à en voir mais il se sentit néanmoins mal à l'aise devant eux. Les villageois remplirent leurs bols à offrandes et s'empressèrent de répondre à leurs questions. Phaulkon les entendit dire qu'il venait du Laos et qu'il avait mangé de bon appétit.
    «Du Laos? répéta l'un des moines. L'un de nos frères habite à trois villages d'ici. Lui aussi vient du Laos.
    - Est-il grand, saint homme ? demanda un villageois.
    - Non, pas plus que nous.
    - Alors, ce n'est pas un farang ? interrogea un autre.
    - Bien sûr que non. Il ressemblerait plutôt à un Chinois. Mais il parle un dialecte proche de notre langue. » Le moine esquissa un signe en direction de Phaulkon. «Et celui-ci, parle-t-il aussi un dialecte?
    - Je crois qu'il ne parle pas du tout, saint homme. »
    Le moine s'approcha de Phaulkon et le salua de ses mains pieusement jointes. «Connais-tu notre langue, frère ? » demanda-t-il.
    Phaulkon avait saisi toute la conversation et jugea difficile de faire l'ignorant. Les Laotiens parlaient une langue ressemblant beaucoup à celle du Siam, mais avec un certain nombre de mots différents et une prononciation tout autre. Il s'efforça de l'imiter, accentuant encore l'accent de manière à ce que

Weitere Kostenlose Bücher