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Le dernier vol du faucon

Le dernier vol du faucon

Titel: Le dernier vol du faucon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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décida. «A vos rames! » hurla-t-il.
    Le bateau s'écarta du quai et les hommes de Sorasak repoussèrent les assaillants dont certains tombèrent à l'eau. Ils coupèrent la gorge de ceux qui avaient réussi à s'infiltrer sur le pont et jetèrent leurs corps par-dessus bord. Au loin, ils virent les villageois se venger sur leurs deux compagnons restés à terre.
    Anek s'accroupit devant son maître pour masser son pied douloureux tandis que le quai s'éloignait à toute vitesse. Phaulkon se tourna vers lui.
    «A qui appartient ce bateau? demanda-t-il.
    - Puissant Seigneur, à Luang Sorasak.»
    Les yeux de Phaulkon s'élargirent. «Es-tu devenu fou?
    - Puissant Seigneur. Il est dans votre maison. Seul avec dame Sunida. »
    Le sang se retira du visage de Phaulkon.
    Dès son retour au fort, le général Desfarges avait convoqué un conseil de guerre. Après l'attaque du lieutenant Saint-Cricq, sans aucune provocation du côté français, l'opinion quasi unanime fut de rester au fort et de donner aux Siamois une bonne leçon. Tous étaient indignés de la manière dont le général avait été traité à Louvo. Les officiers estimaient qu'il serait suicidaire de couper l'armée des défenses de Bangkok et que c'était précisément à cela que Petraja voulait en venir. Avec un peu de chance Du Bruant, à Song-khla, saurait lire entre les lignes le message que le général lui avait envoyé et conclurait qu'il devait rester sur place au lieu de courir au-devant d'une embuscade sur la route de Louvo. Restait le problème des otages.
    A midi, une lettre des fils du général leur parvint, disant que si Phaulkon ne se montrait pas le jour suivant, ils le paieraient de leur vie. On supposa que la lettre, qui ne donnait aucune information sur leur état de santé, avait été dictée par Petraja.
    Le général répondit en termes héroïques qu'il n'avait pas d'autre choix que de sacrifier deux vies pour sauver celles de cinq cents autres hommes. Non qu'il fût insensible au sort de ses enfants pour lesquels il aurait volontiers donné son existence en échange de la leur, mais il ne pouvait faillir à son devoir vis-à-vis de la France et espérait que ses fils penseraient de même, considérant comme un grand honneur d'avoir à souffrir pour la cause de Dieu et du roi. En tout cas, ils pouvaient être assurés que leur mort ne resterait pas impunie et que leur sang ne serait pas versé sans que leurs bourreaux n'aient à payer un prix élevé. Quand le roi Louis apprendrait que les deux fils d'un maréchal de France avaient été retenus en otages et exécu-tés, sa vengeance ne connaîtrait pas de limites et sa réaction serait aussi rapide qu'implacable.
    Avec l'accord de ses officiers, le général prépara ses troupes à un long siège et, peu après, le premier coup de canon fut tiré, créant une brèche fumante sur la rive opposée du fleuve.
    Les Siamois usèrent de toutes leurs ressources pour empêcher les Français de tirer à nouveau. Ils envoyèrent d'abord un message disant qu'ils détenaient l'évêque Laneau et que celui-ci risquait d'être blessé. Puis ils menacèrent à nouveau le général d'exécuter ses deux fils à Louvo. Desfarges refusa de se laisser intimider et les trois cent cinquante hommes et officiers qui occupaient le fort, soudés par le danger, se dirent prêts à défendre la place jusqu'au dernier et à mourir bravement pour le roi et pour la France. Pourvus de nourriture et de munitions en abondance, ils compensaient le nombre insuffisant de leurs effectifs par une maîtrise consommée des techniques de siège.
    Les Siamois les assaillirent cependant en force et cherchèrent vainement à percer leurs défenses. Ils finirent par recourir à des attaques de nuit, tenant les Français en alerte en lançant des projectiles enflammés sur leur campement aux toits de chaume.
    C'était la seule chose que les Français redoutaient.
    Thomas Ivatt était parti pour Louvo juste à temps. Un jour de plus, et il n'aurait plus été en mesure de remonter le fleuve. Avec tous ces barrages, un farang escorté de douze hommes n'aurait pas manqué d'être arrêté, même avec un chapeau conique et des chaussons de mandarin de première classe. Par précaution, Nellie et Mark s'étaient déguisés - Nellie en femme musulmane, un voile lui couvrant le visage, et Mark en jésuite après avoir emprunté une robe au chapelain du fort.
    Ivatt avait réussi à persuader Verdesal que tous deux seraient une

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