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Le dernier vol du faucon

Le dernier vol du faucon

Titel: Le dernier vol du faucon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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en argent massif, d'autres encore en bois recouvert d'une feuille d'or. Sur les murs, des peintures représentaient des scènes de la vie du Bouddha et des épisodes du Ramayana, le grand poème épique.
    L'office terminé, les moines se levèrent pour s'emparer chacun d'un balai rangé dans un renfoncement de la salle. Ils se mirent à balayer le wat et, quand ils en curent fini avec la vaste cour intérieure, regagnèrent le grand hall où un autre personnage les attendait. Assis très droit dans la position du lotus, l'homme dégageait une puissante impression de sainteté qui le distinguait de tous les autres. L'un après l'autre, les moines s'agenouillèrent à ses pieds pour confesser leurs péchés et recevoir sa bénédiction. Car le célèbre abbé de Louvo était estimé et respecté de tous.
    Lorsque les soixante-dix moines furent bénis, ils retournèrent dans leurs cellules pour prendre leurs bols et partir mendier sur les routes tandis que l'aube commençait à poindre.
    Ils se divisèrent en petits groupes. Quatre d'entre eux suivirent le vieil abbé tandis que le maître de chant, novice fraîchement entré au couvent, marchait humblement derrière les autres. Pieds nus, ils traversèrent en file les vastes dépendances du temple, tenant leur bol d'une main et, de l'autre, un éventail destiné à protéger leurs yeux de tout spectacle impur. La petite procession parcourut la cour centrale, longea les rangées de stupas en forme de phallus qui contenaient les cendres d'illustres ancêtres, puis traversa les jardins - lumineux buissons de bougainvillées, parterres d'hibiscus d'un jaune glorieux - que des générations de moines et d'esclaves avaient entretenus avec un soin extrême. Ils gagnèrent ensuite un grand bassin au centre duquel se dressait la bibliothèque renfermant les plus précieux exemplaires des manuscrits de Tripitaka et des écritures bouddhiques, protégés des termites par cette barrière d'eau. Des poissons de toutes tailles aux couleurs éclatantes nageaient parmi les feuilles de lotus.
    Ils sortirent enfin par la grande porte dont le seuil était flanqué de deux énormes jarres de terre. Remplies d'eau, elles permettaient aux visiteurs de se laver les pieds avant de pénétrer dans l'enceinte du wat.
    Devant eux, la ville se profilait dans la lumière nacrée du matin. Nul besoin, pour eux, de mendier ostensiblement pour recevoir leur aumône, les villageois n'étant que trop disposés à leur distribuer leur pitance. Personne, en effet, n'aurait songé à refuser de remplir leurs bols de riz, de poisson et de légumes. Les femmes plaçaient leurs offrandes sur un linge
    étendu à même le sol afin qu'il n'y ait aucun contact physique entre elles et les religieux. Toucher une femme était en effet un péché qui, dans les cas les plus extrêmes, pouvait conduire les deux partenaires à être rôtis vivants et à petit feu sur une broche...
    Après avoir franchi la troisième rangée de modestes huttes de bois devant lesquelles les paysans attendaient de remettre leurs offrandes, le dernier novice regarda furtivement en direction de l'abbé avant de ralentir le pas à l'arrière du cortège. Il s'arrêta pour tendre son bol à un jeune homme au regard inquiet et perçant. Tête baissée, celui-ci remplit l'écuelle du novice et joignit ses mains en signe de respect, demandant au moine de prier avec lui. Lorsque la prière fut achevée, le jeune homme murmura à voix basse: «Très saint homme, votre capitaine vous attendra à minuit. »
    D'un battement de cils, le novice lui fit comprendre qu'il avait reçu le message. Tandis que la procession poursuivait sa route, il jeta un coup d'œil en direction de l'abbé et, cette fois, leurs regards se croisèrent. Les yeux du vieil homme étaient interrogateurs et tristes.
    Lorsque tous les bols furent remplis, la file reprit le chemin du monastère. Les moines prirent alors leur premier repas de la journée dans le hall. Plus tard, peu avant midi au soleil, on leur permettrait une seconde collation. Après quoi, aucune autre nourriture ne serait autorisée jusqu'à l'aube suivante, le reste de la journée devant être consacré à l'étude, la méditation et la prière.
    Aucune étoile ne venait percer les ténèbres de cette nuit opaque. Le moine se glissa silencieusement hors de sa cellule. Un long entraînement l 'avait habitué à se contenter d'un minimum de sommeil. Il scruta l'obscurité de la cour intérieure mais ne distingua

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