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Le dernier vol du faucon

Le dernier vol du faucon

Titel: Le dernier vol du faucon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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préférant de beaucoup capturer des esclaves. Mais, quand il s'agit des questions de notre propre État, mon enfant, la raison de nos chefs s'en trouve profondément affectée. Nous devenons alors semblables aux bêtes de la forêt et nous nous entr'égorgeons. Voilà pourquoi je te répète qu'il ne dépend que de toi qu'une telle tragédie soit évitée.
    - En épousant un orphelin inconnu débarqué de sa province?» ricana Yotatep.
    « C'était le plus intelligent de tous les enfants envoyés au palais pour y recevoir la meilleure des formations », rétorqua sa tante.
    «Et moi je prétends qu'il aurait mieux fait de retourner dans sa forêt avec les autres, une fois son éducation achevée! C'est mon mauvais karma qui a voulu que ses parents meurent avant.
    - Ton royal Père a choisi Pra Piya quand il n'était encore qu'un enfant. En l'épousant, tu assureras ses droits. C'est un garçon bien élevé, docile, et il possède toutes les qualités que ton père aurait espérées du fils qu'il n'a jamais eu. Il a confiance en lui, sinon il n'obligerait pas sa fille unique à le prendre pour époux. Crois-tu qu'il souhaiterait le mal de celle qu'il adore pour de seules considérations politiques?»
    Yotatep garda le silence. Tout en haut, sur le plafond triangulaire, un gecko lança son appel à deux notes. La jeune femme se sentit brusquement traversée par une vague d'affection pour son père, presque aussitôt suivie d'un sentiment de confusion et de culpabilité. Comment avait-elle pu se risquer à défier ainsi son autorité? C'était un grand monarque, un homme doux et plein de compassion. Mais Piya, le fiancé qu'il lui avait choisi, n'éprouvait aucun amour pour elle. Tandis que son oncle... Où pourrait-elle jamais trouver un amour tel que celui-là?
    La voix de sa tante interrompit le cours de ses pensées.
    « Pra Piya poursuivra la sage politique du roi, mon enfant. Et Vichaiyen sera à ses côtés pour le diriger.
    - Vichaiyen ? Ne me parle pas de ce diable de Phaulkon. Son nom siamois ne m'impressionne pas. C'est un catholique, un farang, et je ne lui ferai jamais confiance. »
    Yut'atip soupira. Dès son plus jeune âge, sa nièce s'était toujours montrée une enfant entêtée. Mais sa méfiance à l'égard de Vichaiyen était autre chose. De nombreux Siamois, parmi les plus éminents, partageaient cet avis, la plupart, il est vrai, par seule jalousie.
    «Tu le juges mal, ma fille, finit-elle par répondre.
    Vichaiven est plus siamois que beaucoup de nos mandarins. De plus, il a l'avantage de comprendre la mentalité farang.
    - La mentalité farang?» Le ton de Yotatep se fit moqueur. « Dis plutôt qu'il nous considère comme des sauvages ignorants ou, au mieux, des enfants capricieux. Il s'imagine accomplir ici une mission civilisatrice, mais ce n'est pas parce que nous accepterons d'adorer un homme cloué sur une croix ou de nous baigner moins souvent que nous acquerrons plus de mérite à leurs veux. Même s'il a assimilé notre langue et nos mœurs, Vichaiyen est comme les autres - un prédateur. Il a invité ici l'armée française dans le seul but d'asservir notre pays.
    - Vichaiyen? Où est Vichaiyen? Nous voulons lui parler...», balbutia soudain Naraï.
    Le roi venait de s'éveiller de sa torpeur, mais sa respiration demeurait laborieuse. Sa sœur la princesse rampa jusqu'à lui pour porter de nouveau à ses lèvres la tasse de porcelaine. Elle se demanda ce qu'il avait bien pu entendre de la conversation qui venait de se dérouler. Depuis longtemps, elle était fascinée par l'extraordinaire attachement que se portaient Naraï et Vichaiyen. Pourtant, tout semblait opposer ces deux hommes. L'un, un dieu-roi, inaccessible et tout-puissant; l'autre, simple marin farang devenu aventurier et marchand. Néanmoins, il s'agissait bien d'une affection réciproque, et Yut'atip était convaincue que jamais Vichaiyen n'entreprendrait quoi que ce soit contre les intérêts de son maître - et, par conséquent, contre les intérêts du Siam.
    «Vénérable frère, dit-elle d'une voix douce, Vichaiyen se trouve toujours dans les provinces occidentales où vous l'avez envoyé installer un nouveau gouverneur à Mergui. Il ne devrait pas tarder à revenir.
    - Mais il y a des semaines de cela ! s'inquiéta le roi en se redressant. Nous voulons le voir maintenant ! Car nous lui faisons davantage confiance qu'à tous ces intrigants de mandarins - à l'exception peut-être de Petraja. Qu'on les fasse

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