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Le dernier vol du faucon

Le dernier vol du faucon

Titel: Le dernier vol du faucon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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éclair rouge illumina le visage de la princesse, et tous eurent l'impression qu'elle venait d'être foudroyée par la colère divine.
    Les veines saillirent sur le front du roi, ses yeux lui sortaient de la tête. Il fit de violents efforts pour réussir à parler.
    «Sache, fille déloyale, que nous annoncerons ton engagement aux côtés de Pra Piva et que nous le proclamerons à travers tout le royaume. Et, s'il le fallait... si nous étions contraints, par ta folie, à prendre d'autres mesures, nous ferons savoir partout que tu as épousé Piya en secret avant ta mort prématurée. A présent, éloigne-toi de nous, enfant ingrate. Épargne à ces vieux yeux la vue de ta personne !
    «Omun, ordonne au capitaine des gardes d'accompagner notre fille à Ayuthia, puis rends-toi au monastère de Louvo pour y rencontrer le général Petraja. Nous lui ordonnons d'échanger sa robe safran contre la robe rouge de la Cour. Quant à vous, père de Bèze, sachez que c'est autant l'intransigeance de notre fille que votre absence inexpliquée qui ont aggravé notre état. Que l'on fasse chercher Vichaiyen! Nous voulons avoir nos deux plus fidèles courtisans à nos côtés pour préparer la succession future au trône de notre bien-aimé pays.»
    Yotatep rampa jusqu'à la porte puis, toujours prosternée, jeta faiblement :
    «Vénérable Père, je vous demande pardon et je vous dis adieu. »
    Mais ces paroles semblèrent n'avoir guère d'effet sur le roi qui venait d'utiliser le peu d'air restant dans ses poumons pour lancer ses ordres. En suffoquant, il tenta de se traîner vers une fenêtre ouverte mais ses genoux se dérobèrent au bout de quelques pas et il s'écroula sur le sol, sans connaissance, le visage baigné de sueur.
    Cette fois, le père de Bèze abandonna tout protocole et se précipita à son secours...
    4
    Quatre heures du matin. La grande cloche se mit à carillonner, ses notes graves et profondes résonnant à travers le monastère bouddhiste de Louvo et même au-delà. Allongés à même le sol pour dormir, les moines, crâne et sourcils rasés, se levèrent l'un après l'autre pour faire leurs ablutions. Après s'être lavés à la lueur des torches dans les fontaines de la cour intérieure, ils revêtirent leurs robes safran selon la méthode traditionnelle : un pan entourant la taille et le bas du corps, l'autre couvrant le torse et l'épaule gauche, le bras droit devant rester nu.
    Par-delà les murs du monastère, au plus profond de la nuit noire, le peuple fut lui aussi tiré de son sommeil par la cloche. On alluma des chandelles et l'or commença à cuire le riz qui, un peu plus tard, serai distribué aux moines venus mendier leur nourriture. Le riz donné en aumône devait être fraîchement préparé afin d'obtenir, par ce geste charitable, les grâces espérées. En aidant les moines ou les pauvres .1 survivre, en disposant des pichets d'eau le long des routes pour apaiser la soif des voyageurs, en visitant les malades, en décorant de fleurs les temples, chacun faisait provision de bonheur et de chance pour sa vie future. Ainsi en allait-il du cycle infini des naissances, des morts et des réincarnations.
    Les moines traversèrent les jardins bien entretenus du monastère et se dirigèrent vers l'imposant temple de pierre coiffé de toits pentus recouverts de tuiles vertes et orange qui dominaient la cour centrale, faisant paraître minuscules les rangées de cellules courant de chaque côté de l'édifice.
    Parvenus dans la sala, la grande salle d'étude, ils s'installèrent lentement, méthodiquement, sur des nattes de rotin, assis jambes croisées sur deux rangées en vis-à-vis. L'un des moines, un petit homme maigre et agile, ordonné depuis peu et chargé de diriger les chœurs, entama le premier chant dont les paroles louaient le Bouddha Sommonokodom. Ce chant solennel et pieux fut repris de concert par les moines de l'une des rangées. Lorsqu'ils se turent, ceux d'en face entonnèrent un nouveau refrain exaltant, cette fois, la vie et les vertus du Bouddha, leur illustre Guide. Par moments, ils s'inclinaient à trois reprises en direction de sa représentation terrestre, une grande statue d 'or placée à l'extrémité de la salle et protégée par des parasols. Les doigts de ses mains et de ses pieds étaient incrustés de pierres précieuses. D'autres statues, plus petites, décoraient une succession de niches creusées dans les murs de l'immense sala. Les unes étaient en or, d'autres

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