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Le dernier vol du faucon

Le dernier vol du faucon

Titel: Le dernier vol du faucon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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de son maintien. «Après tout, vous êtes le père du garçon. »
    Ainsi, il s'agissait encore de Sorasak, songea le moine avec lassitude.
    «Noble dame, mes vœux m'interdisent de quitter le monastère. Mais, dès que j 'ai connu votre nom, j 'ai passé outre, au risque de me faire expulser. Je suis impatient d'entendre votre histoire.
    - Vénérable, je sais maintenant que j'ai eu raison de suivre mon intuition. Vous êtes bien le grand homme dont on vante les vertus. Mon mari a eu l'honneur de vous rencontrer une fois, voici neuf ans, lorsque vous êtes venu dans notre province.» Une profonde mélancolie voila ses yeux. « Il me peine d'autant plus d'avoir à vous dire que votre fils n'est pas digne de vous. »
    Le moine jura silencieusement. Au diable ce maudit garçon! Quelle iniquité avait-il encore commise? Et au diable aussi cette paysanne birmane, de trop basse extraction pour que l'on puisse en faire une mère royale. Il maudit encore le jour où, par loyauté envers son maître, il avait proposé de reconnaître ce bâtard comme son fils. Voilà vingt-cinq ans qu'il en payait le prix! Même au fond de l'exil qui lui avait été imposé, le garçon trouvait le moyen de salir son nom.
    «Je vous en prie, noble dame, parlez...
    - Saint homme, je ne suis pas la première à avoir été humiliée et tourmentée par le gouverneur de Pit-sanuloke. Mais je suis peut-être la seule à oser m'en rapporter à vous. Les autres se taisent par crainte pour leur vie.
    - Noble dame, j'ai toujours admiré la franchise.
    - Saint homme, sachez que ma fille est réputée pour sa grande beauté. Votre fils l'admirait depuis longtemps. Pourtant, bien que le sachant gouverneur
    de notre province, elle a refusé ses avances à cause de sa mauvaise réputation. Voyant qu'elle le repoussait à plusieurs reprises, il entra dans une rage si violente qu'il la fit enfermer dans son palais. Il me demanda alors d'intervenir pour la faire changer d'attitude. »
    Elle marqua une pause car la suite était encore plus douloureuse. « Comme je tentais de la défendre, il me fit emprisonner dans ses cachots et abusa de moi.» Elle baissa la tête. «Saint homme, je ne suis plus jeune et cependant, même avec l'expérience de l'âge, il m'est impossible d'exprimer les tortures horribles et impudiques auxquelles il me soumit. Ce fut une terrible humiliation. Comme je cherchais encore à défendre ma fille, il la fit venir et abusa de moi une nouvelle fois sous ses yeux. Après quoi, il... il nous ordonna de nous soumettre toutes deux à son plaisir. Ma fille a voulu résister...»
    Elle s'arrêta encore, les yeux pleins de larmes. « C'est alors que... »
    Les sanglots l'empêchèrent de poursuivre.
    « Que quoi ? »
    Les yeux du moine étincelaient de rage.
    «Saint homme, voyez vous-même.» Elle se tourna vers le paravent. « Oranut, approche maintenant. »
    Une jeune fille d'à peine seize ans émergea de la pénombre pour venir se prosterner aux pieds du moine. Son visage était vilainement meurtri et une profonde entaille lui barrait le front. Un panung blanc et une écharpe assortie drapaient son jeune corps et, malgré ses blessures, elle était encore d'une stupéfiante beauté. Timidement, elle s'agenouilla à côté de sa mère et saisit sa main pour se réconforter.
    D'un geste lent, la mère repoussa l'écharpe de ses épaules. La pièce entière sembla frappée de stupeur à la vue des longues cicatrices zébrant la poitrine et les épaules de l'adolescente. La pointe des seins avait été brûlée.
    A genoux, silencieuse, les yeux baissés et les lèvres tremblantes, elle laissa le moine contempler les marques effroyables de son supplice. Il ne dit pas un mot mais tous les muscles de son corps étaient tendus.
    La mère fut la première à reprendre la parole. « Je m'étais pourtant soumise à ses désirs et voilà ce qu'il lui a fait, Vénérable. Il a dit que nous devions être punies toutes les deux. »
    Le moine s'avança lentement vers les deux femmes. Puis, dans un geste sans précédent pour un saint homme, il se prosterna devant elles.
    «Vous avez subi sans raison de terribles épreuves et je sais déjà que vous en serez certainement récompensées dans une vie future. Je ne suis encore qu'un novice entré depuis trop peu de temps au couvent, aussi je n'ai pas oublié le goût de la vengeance. Un crime si odieux ne peut rester impuni. Virât ! - Saint homme, je suis à vos ordres. » Le capitaine s'inclina très

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