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Le dernier vol du faucon

Le dernier vol du faucon

Titel: Le dernier vol du faucon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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sur pilotis. Lanternes et torches furent promptement allumées, les sentiers balayés, tandis que des esclaves chargés d'éventails accouraient pour se prosterner, face contre terre, le long du parcours emprunté par le Barcalon. Dans la quiétude du soir, on n'entendait que le chœur des cigales et le murmure des fontaines.
    Phaulkon s'avança en souriant, heureux d'être de retour. Il aimait ces jardins qu'il avait dessinés lui-même. Un dernier reste de lumière lui permit encore d'admirer au passage les bassins couverts de lotus et les ruisselets courant entre les haies taillées en forme d'animaux. Il contourna un majestueux palmier-éventail et grimpa la volée de marches conduisant aux grandes portes en bois de teck sculpté. Les battants s'ouvrirent devant lui comme par magie et deux esclaves en livrée s'aplatirent sur le sol de chaque côté du seuil.
    Il pénétra dans la maison par la vaste antichambre et trouva Maria, un aimable sourire aux lèvres, qui l'attendait, assise entre une tenture birmane et un miroir français.
    Il la trouva plus jolie que jamais, sa grossesse encore à peine visible. Elle portait un large kimono bleu orné d'un motif floral qui tombait jusqu'à ses petits pieds de porcelaine nichés dans des mules japonaises. Délicatement parfumée, coiffée à la perfection, elle était vraiment ravissante avec ses cheveux noirs nuancés de subtils reflets dorés, rassemblés en un chignon bien net. Un crucifix d'or pendait à son cou gracile. De ses grands yeux d'Eurasienne dont le brun éclatant contrastait magnifiquement avec la pâleur nacrée de sa peau, elle l'examinait avec satisfaction.
    « Bienvenue à la maison, Seigneur de ma vie. J'avais déjà deviné qu'il s'agissait de vous en voyant les serviteurs s'affairer si soudainement. »

Elle s'adressait à lui en portugais, la langue qu'ils employaient lorsqu'ils étaient ensemble. Mais tous deux usaient aussi facilement du français et du siamois.
    Phaulkon l'étreignit puis s'écarta d'un pas pour contempler sa taille. «Voilà une bien jolie rondeur, dit-il en souriant. Comment va notre jeune comte de Faucon ?
    - Comment savez-vous qu'il ne s'agit pas d'une comtesse ? »
    Il eut une petite grimace moqueuse. «J'ai mes sources.
    - Ne me dites pas que vous avez consulté une devineresse? Je croyais pourtant que c'était la seule coutume siamoise dont vous ne faisiez pas l'éloge.»
    Le petit sourire persista. «Je n'aurais en effet jamais dû me livrer à ce ridicule petit exercice. Elle m'a dit que je n'avais plus que soixante jours à vivre. » Maria haussa un sourcil. «Par exemple! Voilà qui est bien courageux de sa part! Peut-être entendait-elle par là vous inciter à passer davantage de temps à la maison... »
    Elle lui jeta un regard suppliant. Si seulement les choses en allaient autrement! pensa-t-elle. Si seulement je pouvais être certaine qu'il partage ma foi, croire à son amour pour Dieu et pour moi, savoir que je suis davantage pour lui que quelques bribes éparses de son existence ! Comment réussir à contrôler cette énergie sans repos qui le lance dans toutes les directions et l'éloigné constamment de moi ?
    Elle le prit par le bras et le conduisit par un couloir éclairé de torches à son salon favori. Confortablement installé sur le large canapé que les jésuites français lui avaient offert, entouré de sa chère collection de cabinets anciens noir et or, il se mit à lui narrer le récit de son expédition à Mergui. Elle l'écouta attentivement, prenant garde à l'interrompre aussi peu que possible.
    Quand il en eut fini, elle prit la parole : «Vous avez certainement eu votre compte de dangers, Constant. Mais si vous voulez faire mentir la prédiction de cette vieille femme et atteindre un âge avancé, je vous suggère de rester ici avec moi. Votre premier enfant naîtra dans quelques mois et, qui sait, vous pourriez peut-être apprendre à savourer les joies familiales... » Il choisit ses mots avec soin pour lui répondre. «Je ne cesse de penser à cet enfant à venir, Maria, mais vous n'êtes pas sans savoir que le Seigneur de la Vie m'a instamment demandé de rester auprès de lui à Louvo. Ne pouvez-vous changer d'avis et accepter enfin de m'y accompagner?
    - Constant, vous savez parfaitement que je ne peux quitter l'orphelinat. » Elle fronça les sourcils. « Mais il me faut vous dire que le roi n'a sans doute plus longtemps à vivre. »
    Phaulkon se raidit : « Quoi ? Sa santé s'est

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