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Le dernier vol du faucon

Le dernier vol du faucon

Titel: Le dernier vol du faucon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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ne voudrais pas qu'une fille ait à éprouver un jour ce que je vis aujourd'hui. »
    Le ton était si amer qu'il fit un dernier effort pour aller vers elle. «Je vous ai proposé de me rejoindre à Louvo mais vous avez refusé. Vous devriez pourtant comprendre les formidables pressions auxquelles je suis soumis. »
    Elle explosa. «Des pressions sur vous? Et ce que, moi, j'endure, cela vous laissc-t-il donc indifférent? À vous attendre chaque jour sans savoir où vous vous trouvez... ni avec qui. Dites-moi, Constant, avez-vous emmené quelques concubines avec vous à Mergui, comme le ferait tout bon mandarin?»
    Il réussit à se contenir. «Je suis certain qu'il vous sera plaisant d'apprendre que j'ai voyagé seul.
    - Vraiment? Mais la nuit, Constant, qu avez-vous fait la nuit?»
    Elle le provoquait à présent, comme si elle n'avait plus qu'un seul désir: précipiter le pire.
    «J'ai dormi, Maria. J'étais épuisé.
    - Je porte votre enfant, Constant, j'ai le droit de savoir. Et Sunida? je veux connaître la vérité à son sujet. »
    Avant que Phaulkon n'ait eu le temps de trouver une réponse, Pichai, encore haletant, revint se prosterner sur le pas de la porte.
    «Puissant Seigneur, j'implore votre pardon pour cette intrusion. Le père farang n'est pas au séminaire. On m'a dit qu'il était parti pour Louvo il y a trois jours, dans des circonstances difficiles. Les autres pères ont tenté de le retenir mais, après une lutte acharnée, il a réussi à s'échapper.
    - Merci, Pichai.» Il se tourna vers Maria. «Vous comprendrez, je l'espère, que je doive partir pour Louvo dès le lever du jour. »
    A nouveau, un terrible sentiment de solitude s'abattit sur la jeune femme à la pensée de le perdre encore. Mais la frustration l'emporta et ce fut sur un ton sar-castique qu'elle répondit: « Bien entendu. Je suppose que je devrais vous être reconnaissante d'avoir pris la peine de vous arrêter ici en chemin. »
    Il lui parla avec douceur car, à présent, il se sentait sincèrement désolé pour elle. Si seulement elle pouvait se libérer de son carcan... «J'ai finalement renoncé à faire halte à Bangkok pour voir Desfarges - bien que ce soit sur ma route - pour vous rejoindre au plus vite. »
    Mais Maria ne parut pas avoir entendu. «Souve-nez-vous, Constant: si jamais ce que l'on raconte à propos de Sunida est vrai, je n'aurai pas de pitié.»
    Une pesante lassitude envahit Phaulkon. «Voulez-vous prévenir les domestiques de ne pas me déranger? J'ai bien un mois de sommeil à rattraper... »
    6
    C'était leur sixième jour à Mergui. En d'autres circonstances, la fascination de Mark et Nellie pour l'exotisme de ce nouveau monde aurait éclipsé toute autre considération. Car jamais, encore, ils n'avaient contemplé de spectacle aussi grandiose. Sous un ciel d'un bleu intense, des collines boisées bordaient une plage incurvée dont le sable éblouissant de blancheur contrastait avec l'éclat turquoise de la mer. Rien n'aurait pu les préparer à cette vision de l'Asie, à cette explosion de sensations inédites : les cris rauques des vendeurs qui, torse nu, vantaient leurs marchandises le long du front de mer; les arômes entêtants d'épices aux senteurs inconnues ; les rangées de huttes en bois perchées sur de hauts pilotis ; les temples bouddhistes étincelants d'or, aux toits étrangement recourbés; les karbaus indolents chevauchés par des gamins à la peau brune et même, parfois, un éléphant caparaçonné qui se pavanait avec majesté le long de la rue principale.
    La séduction que ce pays exerçait sur eux ne fut pas à sens unique. Partout où Mark et Nellie apparaissaient, toute activité cessait brusquement. Murmures et chuchotements succédaient au tumulte de la rue. Chacun contemplait, émerveillé, cette Anglaise vêtue à la mode occidentale, ses yeux bleus comme le ciel, sa peau couleur de sable blanc. L'Orient et l'Occident s'étudiaient, s'admiraient pendant de longues minutes jusqu'à ce que Nellie, avec son instinct et sa spontanéité habituels, gratifie tout le monde de son plus radieux sourire en lançant à la ronde un joyeux «bonjour! ». Alors l'assemblée s'éveillait de sa stupeur et réagissait avec chaleur et ravissement.
    Les vêtements de la jeune femme, sa peau lumineuse, tout était prétexte à d'impatientes explorations. Des mains avides se tendaient pour toucher les longues jupes et le chapeau tandis que Nellie observait, captivée, ce peuple à la peau

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