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Le dernier vol du faucon

Le dernier vol du faucon

Titel: Le dernier vol du faucon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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l'on considérait la tête comme la partie la plus sacrée du corps, le poste d'Omun était très envié.
    « Puissant Seigneur, murmura Omun, j'implore votre pardon pour cette intrusion déplacée, mais je vous ai aperçu lorsque vous avez traversé la cour. Je me fais tant de souci pour le Seigneur de la Vie ! Et je crains d'être la cause de son état. »
    Phaulkon vit que le jeune homme semblait extrêmement ému. «Raconte-moi ce qui s'est passé, Omun.
    - Puissant Seigneur, mon maître m'a envoyé ce matin au wat pour demander au Seigneur Bouddha combien de temps il lui restait à vivre. Après avoir prié, j'ai posé ma question au Vénérable. Puis, comme le veut la coutume, je suis ressorti et j'ai attendu le premier mot prononcé par la première personne que je rencontrerais. C'est alors qu'un vieil homme s'est avancé à pas lents tout en arrachant les poils de son menton avec une pince à épiler. Il s'arrêta juste devant moi et regarda un poil tombé à terre. "Ça par exemple, s'exclama-t-il, regardez celui-là comme il
    est gros!"» La voix d'Omun faiblit. «Il était de mon devoir de rapporter cette réponse du Seigneur Bouddha à mon maître, mais le Seigneur de la Vie a interprété à sa façon ces paroles, disant qu'elles faisaient allusion à son propre cadavre gisant sur le sol. A présent, Sa Majesté est persuadée que la mort plane au-dessus d'elle ! »
    Phaulkon ravala toute critique. De telles croyances étaient trop profondément enracinées dans l'esprit du peuple siamois pour tenter encore de les combattre. Et même le Seigneur de la Vie, pourtant si intelligent et lucide, n'était plus qu'un enfant crédule lorsqu'il s'agissait de ces superstitions anciennes. Phaulkon avait bien tenté de lui faire comprendre - preuves à l'appui - que ces croyances n'avaient aucun fondement mais cela avait été peine perdue. Autant dire qu'il ne serait pas facile, cette fois encore, d'apaiser les craintes du roi, surtout depuis que sa santé s'était à ce point détériorée. Cependant, il était indispensable que le monarque puisse croire à sa guérison.
    «Tu as bien fait de m'en informer, Omun. Ne t'inquiète pas. Je ne pense pas que ces paroles se rapportent au cadavre de Sa Majesté, mais plutôt au fait qu'elle doit rester alitée et par conséquent en position allongée. Je vais immédiatement rassurer le roi sur ce point.
    - Puissant Seigneur, répondit Omun, manifestement soulagé, soyez remercié pour ces réconfortantes paroles. »
    Un page vint chercher Phaulkon pour le conduire aux appartements royaux. En rampant sur les genoux et les coudes, il traversa l'entrée lambrissée menant à la chambre royale. Une odeur entêtante d'encens flottait dans la pièce plongée dans une demi-obscurité, et le silence pesant n'était rompu que par le battement des éventails.
    Il s'arrêta pour s'orienter. Ses yeux ne s'étaient pas encore habitués à la pénombre et il ne distinguait que de vagues silhouettes. Une forme était prostrée au chevet du roi et une autre contre le mur, sur la
    droite. D'autres ombres, probablement des esclaves, étaient accroupies dans divers coins de la pièce tandis que, près du lit, deux domestiques agenouillés s'affairaient à brasser l'air à l'aide de grands éventails. La silhouette la plus proche de Phaulkon se tourna un instant pour le regarder.
    Un halètement brisa le silence, suivi d'une série de sifflements. Phaulkon laissa s'écouler quelques minutes avant de s'approcher du roi en rampant. Il se redressa sur les genoux et toucha le sol de son front à trois reprises en direction de la montagne de coussins entassés sur le lit.
    Le protocole royal ne lui permettant pas de parler avant que le monarque ne s'adresse à lui, il attendit donc en silence que le vieil homme prenne conscience de sa présence. Les contours de la pièce se dessinèrent peu à peu et il put enfin distinguer les esclaves féminines prosternées autour de la couche royale. Il vit alors une femme chargée de bijoux, appuyée contre le mur - sans doute la sœur du roi. L'autre forme, plus proche de lui, était un homme dont il ne voyait pas les traits mais qui lui parut chauve.
    Il y eut un léger froissement à l'extrémité du lit. «Vichaiyen, est-ce toi?»
    La voix était tremblante, faible et rauque, mais on y percevait malgré tout une sorte de joie presque enfantine. Phaulkon fut atterré en constatant combien la santé de son maître s'était encore dégradée. Il y avait

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