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Le dernier vol du faucon

Le dernier vol du faucon

Titel: Le dernier vol du faucon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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purent y répondre correctement se virent contraints d'abandonner leurs vœux pour entrer au service du roi. Ce jour-là, un fossé infranchissable s'était alors creusé entre le roi et le supérieur du monastère.
    «Vénérable Père, je partirai d'ici le cœur lourd. Vous qui sondez les âmes des hommes savez que, si je retourne vers le monde, ce n'est pas pour satisfaire des désirs vulgaires mais pour protéger notre cher pays de la domination étrangère. Les rapaces farangs aiguisent leurs dents avant l'assaut final et le Seigneur de la Vie est à présent trop malade pour intervenir. » Cette fois, l'expression de l'abbé s'adoucit. «Un jour, peut-être, lorsque vous aurez satisfait vos ambitions, reviendrez-vous ici pour y trouver une paix durable. N'oubliez jamais les paroles de notre Guide : "Ne t'attache pas aux biens de ce monde car il te faudra les quitter un jour. Rien, dans cet univers, ne t'appartient, pas même ton propre corps. Avec l'âge, lui aussi connaîtra la Transformation."
    - Vénérable Père, mon séjour dans ce monastère a changé définitivement ma vie. Me permettrez-vous de rester en contact avec vous ? »
    Le visage du saint homme redevint grave. «Il y a des sujets, Général, sur lesquels même un reclus se doit d'être informé.»
    8
    Le cœur de Phaulkon se mit à battre un peu plus vite lorsque le responsable de la garde frappa trois fois au portail principal du Palais royal de Louvo. Malgré les nombreuses années consacrées à ses activités de Premier ministre et les innombrables audiences que le roi lui avait accordées, il ne pouvait se garder d'un sentiment de respect mêlé de crainte chaque fois
    qu'il se trouvait en présence de celui qui avait pouvoir de vie et de mort sur tous les habitants du Siam.
    Aujourd'hui, cependant, son appréhension était différente et tenait plutôt d'un sourd pressentiment, sans doute causé par le fait que, pour la première fois, il ne serait pas reçu dans l'habituelle salle d'audience mais dans le sanctuaire caché du monarque - à savoir ses appartements privés. Seuls les eunuques, les esclaves de sexe féminin et les femmes du harem royal y étaient admis. Mais depuis que Sa Majesté était condamnée à garder le lit, les affaires de l'État devaient être traitées dans sa chambre.
    Ici, dans ce lieu privilégié, Phaulkon changeait à la fois de nom et d'identité. Il n'était plus Constantin Phaulkon, le Grec d'origine vénitienne, mais Pra Chao Vichaiyen, prince de la Connaissance, noble de haut rang à la cour du roi de Siam. Aucun Siamois ne le connaissait sous un autre nom et seuls les farangs l'appelaient encore Phaulkon. A l'intérieur de ces murs, il était Son Excellence le Pra Klang, ministre du Trésor et des Affaires étrangères. Le mot « Barcalon » n'était qu'une déformation portugaise du siamois, employée par tous les farangs.
    Phaulkon leva les yeux vers les hauts murs crénelés qui se dressaient devant lui. Sur toute leur longueur, les remparts étaient ornés d'un motif sculpté représentant le lotus. Surplombant les quelque cinq hectares couverts par le domaine royal, ils le protégeaient du monde extérieur. Par-delà le parapet large de près de six mètres, il distingua les flèches dorées des temples royaux étincelant sous les rayons du soleil déclinant. En passant devant ces murailles sacrées, toute personne devait descendre de sa monture et s'incliner en signe de révérence. Chacun avait pour obligation de fermer aussitôt son parasol et de se courber profondément en direction des flèches altières.
    Une voix sévère retentit de l'autre côté du vantail pour demander le nom du visiteur, son rang, ainsi que l'objet de sa visite. Lorsqu'on lui eut répondu qu'il s'agissait de Son Excellence le Pra Klang, le garde
    alla immédiatement en informer l'Oc-Meuang, premier officier de l'avant-cour, sans l'autorisation duquel nul ne pouvait entrer ni sortir du Palais. Quelques instants plus tard, l'un des panneaux en bois de teck massif s'ouvrit et ce fut l'Oc-Meuang en personne, vêtu d'une tunique rouge, le bras orné de bracelets d'or, qui vint s'incliner profondément devant Phaulkon avant de l'inviter à le suivre. Les quarante esclaves de l'escorte n'étant pas autorisés à entrer, ce fut un détachement de la garde royale qui accompagna le Barcalon à travers le Palais.
    Ils traversèrent une première cour où se tenaient, accroupis, ceux que l'on appelait les «Bras rouges», une garde

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