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Le dernier vol du faucon

Le dernier vol du faucon

Titel: Le dernier vol du faucon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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qu'elle fut à sa portée, il leva la jambe droite et la frappa une nouvelle fois. La lame dérapa sur son panung, déchira le tissu et érafla sa cuisse. Mark jeta un coup d'œil alarmé à sa mère tandis que l'homme, profitant de cette seconde d'inattention, roulait sur le côté pour bondir sur le pont. Rapide comme le vent, il sauta à terre et disparut dans l'obscurité avant que Mark n'ait pu se retourner et lui donner la chasse.
    Il se précipita alors sur Nellie qui, heureusement, n'était qu'étourdie. Appuyée sur un coude, elle respirait follement mais elle n'était pas blessée.
    «Tout va bien, mère?»
    Elle fit un signe de tête, essayant faiblement de lui sourire. Il l'aida à se relever et ils restèrent un instant enlacés, serrés l 'un contre l 'autre. Puis elle tâta le front du garçon où de vilaines marques commençaient à apparaître.
    Mark écarta sa main. «Ce n'est rien, mère. Juste quelques contusions. »
    Elle laissa échapper un rire nerveux. «Il me semblait t avoir entendu dire que les rigueurs du voyage étaient terminées... »
    Il s'efforça à son tour de sourire. «C'est en tout cas ce que le capitaine a bien voulu me faire croire. Il va devoir s'expliquer quand il reviendra.»
    Mais ils ne parvenaient pas à détourner leurs regards du corps sans vie étendu à leurs pieds. Alors qu'il cherchait quelque chose autour de lui pour le recouvrir, Mark repéra un petit objet tombé sur le pont. Il s'avança et ramassa un crucifix en or dont la chaîne était brisée. Probablement celui du Français, pensa-t-il. Pourtant, quand il se pencha sur le corps, il vit une autre croix autour du cou de la victime.
    «On dirait que le Siamois était un chrétien, lui aussi », murmura-t-il, songeur.
    Voyant Nellie frissonner, encore sous le choc, il la prit dans ses bras. Elle se mit alors à pleurer, sa poitrine soulevant par saccades son corsage déchiré. Ils restèrent un long moment enlacés, trop émus pour parler, attendant anxieusement le retour de l'équipage. Quand les tremblements de Nellie se furent un peu calmés, Mark se leva et alla chercher dans la cabine un drap dont il recouvrit le corps. En chemin, il remarqua un morceau de tissu par terre à côté du mât. Après un rapide examen, il constata qu'il s'agissait d'un lambeau du panung de l'assassin.
    La couture s'était déchirée et laissait entrevoir une feuille de papier. Cela ressemblait à un document officiel, songea Mark en l'étudiant de plus près. Le texte y était rédigé en siamois et un grand sceau ornait le bas de la page. Il replia la feuille et la glissa dans sa poche avant de retourner auprès de sa mère. Comme elle semblait encore mal remise, il décida d'attendre un meilleur moment pour lui faire part de cette découverte.
    10
    Propulsée par cent rameurs, la longue barque luisante creusait l'eau de remous qui faisaient osciller les embarcations. Assis sur une estrade au centre de la barque, coiffé de son chapeau conique à trois anneaux signalant son rang de mandarin de première classe, le général Petraja contemplait le fleuve. Deux hommes étaient accroupis à ses pieds, l'un portant son épée, l'autre sa boîte à bétel.
    Il se rendait à Ayuthia sur l'ordre de son souverain avec mission de persuader la fille unique du roi d'accepter pour époux Pra Piva, le successeur que Sa
    Majesté s'était choisi. Petraja avait une piètre opinion de Piya, un imbécile immature et influençable, prêt à vendre son âme aux farangs en échange du trône. Comme si les farangs pouvaient le protéger longtemps du mépris de ses propres sujets...
    Les farangs! Ce seul mot le hérissait déjà! Toujours en train d'intriguer et de se mêler de tout, leurs griffes tendues avec avidité vers les territoires et les biens des autres peuples, prêts à détruire sans scrupules les traditions les plus anciennes pour y substituer par la force leurs croyances bigotes. Pourquoi donc ne restaient-ils pas chez eux?
    Comme si cela ne suffisait pas, ils ne cessaient de se quereller entre eux, tels des chiens se disputant un os. Les farangs hollandais ne lui avaient-ils pas proposé, un jour, contre leur appui, d'empoisonner le monarque et de s'emparer du sceau royal afin d'attirer les Français hors de Bangkok et de leur tendre une embuscade ? Et tout cela pour empêcher les chiens français de mettre les premiers leurs crocs sur l'os siamois.
    Mais il avait mieux pour ces farangs: le moment venu, il les jetterait tous

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