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Le dernier vol du faucon

Le dernier vol du faucon

Titel: Le dernier vol du faucon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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dehors. Oh, pas avec la tactique de Sa Majesté qui se servait des uns contre les autres, mais simplement en leur fermant la porte au nez. Car tout ce qu'ils voulaient en réalité, c'était mettre la main sur le pays.
    Ce qui l'exaspérait peut-être le plus, c'était leur sentiment avoué de supériorité. Ils prenaient les Siamois pour des êtres à peine civilisés qu'il fallait soi-disant éclairer afin de les mener sur le droit chemin. Les éclairer, les farangs ? Une race qui ne se lavait jamais, poilue comme des singes, intolérante et dominatrice? Des êtres vulgaires qui buvaient d'étranges boissons frelatées jusqu'à en perdre l'équilibre, à l'haleine sentant le rance. Leurs manières étaient effroyables. Incapables de sang-froid, ils criaient, hurlaient, gâchant l'atmosphère, sans même garder la dignité naturelle des animaux. Et ces gens-là voulaient donner au Siam des leçons de conduite ? Petraja serra les dents. Que le Seigneur Bouddha les protège !
    De tous les farangs, Vichaiyen comptait sans aucun doute parmi les plus dangereux. Il n'avait guère de points communs avec ses semblables et, à bien des égards, il n'était même pas loin de ressembler à un Siamois. Pour cette raison, Petraja ne le sous-estimait pas. Vichaiyen lavait son corps et se parfumait la bouche avec des bâtonnets odorants, il savait dissimuler ses émotions et se comporter en public avec dignité. Mais, par-dessus tout, il avait réussi à maîtriser plusieurs langues, passant aisément de l'une à l'autre. C'était un intrigant consommé, avec les ambitions d'un seigneur de guerre chinois et la ruse d'un commerçant indien. Il avait utilisé tous ces talents pour séduire Sa Majesté et y avait réussi. Petraja devait admettre que son rival lui causait plus de soucis que tous les canons meurtriers de ce général français obèse.
    Pourtant, il ne pouvait toucher au Pra Klang - pour le moment du moins -, pas tant que le roi était encore là pour le protéger. Petraja se sentait à la fois furieux et offensé que le Seigneur de la Vie puisse aimer un de ces damnés farangs plus que ses propres courtisans, plus même que les mandarins qui étaient à son service depuis les premiers jours, plus encore que Petraja lui-même qui avait pourtant accepté d'assumer la paternité de son fils. Maintenant encore, alors que le roi était proche de la mort, c'était à Vichaiyen qu'il avait ordonné de rester à ses côtés, alors qu'il avait envoyé en mission Petraja, l'ami et compagnon de sa jeunesse.
    Le général leva les yeux et aperçut les hautes flèches d'Ayuthia surgissant devant lui. Ils s'engagèrent dans le grand canal et accostèrent au ponton royal. Escorté d'une douzaine d'esclaves, il se dirigea vers les appartements de la princesse Yotatep. Il avait presque oublié à quel point le Palais royal était imposant et vaste. C'était une véritable ville, trois fois plus grande que Louvo, avec des temples étincelants, des jardins dessinés, des écuries à éléphants, des casernes, des han-gars à bateaux, des cachots, des terrains de jeux et d'innombrables bâtiments réservés aux serviteurs.
    Partout où passait le cortège, on reconnaissait Petraja. Les gardes et tous les fonctionnaires du Palais se prosternaient respectueusement sur son passage.
    Il fut surpris de découvrir que, sur ordre de son père, la princesse avait été installée dans de modestes appartements. Personne n'était autorisé à venir la voir, à l'exception de quelques domestiques. Petraja lui-même dut produire un rouleau portant le sceau royal pour que les gardes le laissent entrer. L'antichambre n'était qu'un simple réduit et il estima que ce n'était pas un endroit pour parler. II était préférable qu'ils se promènent dans les vastes jardins où leur conversation ne risquerait pas d'être surprise.
    Quand la princesse fit son apparition, il eut quelque peine à dissimuler son étonnement. Voilà plusieurs mois qu'il ne l'avait pas vue. Comme elle avait vieilli ! Certes, elle n'avait jamais été d'une grande beauté mais elle semblait à présent décharnée et hagarde, les épaules affaissées, le dos voûté, comme si toute fierté avait à jamais disparu de sa personne. Elle ne semblait plus faire le moindre effort pour soigner son apparence et son visage resta de marbre tandis qu'elle saluait le général.
    Ils se promenèrent quelques instants en échangeant des propos futiles jusqu'à ce qu'elle s'arrête et se tourne

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