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Le dernier vol du faucon

Le dernier vol du faucon

Titel: Le dernier vol du faucon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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commettre un crime aussi ouvertement signé. Mais il faut que vous sachiez que mon opinion ne représente qu'une minorité. Je n'ai pas à vous rappeler que Malthus comptait parmi vos plus virulents adversaires.»
    Phaulkon fronça les sourcils. «Donc celui qui l'a tué, quel qu'il soit, voulait attirer l'attention sur moi. - Un procédé plutôt excessif, avouez-le. » Phaulkon contempla le visage tuméfié du prêtre. « Il semble que, par les temps qui courent, ces "procédés" soient plutôt à la mode... » Il se tut un instant. «Selon vous, combien de temps le roi a-t-il encore à vivre ? »
    Le prêtre se rembrunit. «Quelques semaines, au mieux. Et seulement si on me laisse m occuper de lui régulièrement. »
    Phaulkon accusa durement le coup. « Les jésuites n'oseront pas s'attaquer à vous maintenant que je suis de retour. »
    Le prêtre eut un petit rire moqueur et montra du doigt les contusions sur sa tempe. « Ne les sous-esti-mez pas. »
    Furieux, Phaulkon se mit à arpenter la pièce d'un pas nerveux. Il s'arrêta brusquement devant un cabinet laqué d'or et se retourna d'un bloc.
    «Eh bien, nous allons les devancer. Je vais demander à Sa Majesté l'autorisation de vous installer dans ses appartements privés. » Ses yeux lancèrent des éclairs. « En permanence. »
    Le prêtre soutint fermement son regard. «Dans ce
    cas, laissez-moi vous avertir, Constant, que je ne m'efforcerai pas seulement de soigner le corps du monarque mais aussi son âme. Il apprendra que son rétablissement dépend de la volonté de Dieu.»
    Le prêtre soupçonnait en secret Phaulkon de ne pas souhaiter réellement la conversion du roi, car il n'était pas dans son intérêt de la soutenir.
    « A votre guise, mon Père, dans la mesure où vous ne retardez pas sa guérison par vos sermons. Il a bien assez de préoccupations pour l'instant. »
    Le moment était venu de poser la question cruciale, songea de Bèze. La mort de Malthus l'exigeait et le temps pressait. Dans l'état de vive émotion où il se trouvait, Phaulkon serait peut-être plus enclin à parler avec sincérité.
    «Quelle est exactement votre position dans cette affaire, Constant? J'ai souvent voulu vous le demander. Est-ce que j'engage ma réputation pour une cause perdue ? »
    Phaulkon réussit à se contenir. Il ne tomberait pas dans le piège. « En politique, mon Père, répondit-il avec calme, il y a des moments où même la foi doit attendre son tour. Quel avantage tirerais-je à installer un catholique sur le trône du Siam s'il devait en résulter une guerre civile? Il est bien peu probable que le roi actuel se convertisse et si son successeur avait la mauvaise idée de le faire en ce moment, croyez bien que tout le pays se soulèverait. »
    Ainsi, nous y voilà, songea le prêtre. Malthus et les autres jésuites avaient raison de douter du soutien réel de Phaulkon à leur cause. Ne venait-il pas de l'avouer ouvertement? Selon lui, le roi ne serait jamais disposé à embrasser la foi catholique. Mais, à la différence de ses coreligionnaires, de Bèze était au moins capable de comprendre les problèmes auxquels Phaulkon se trouvait confronté. Impossible, pour lui, d'aller trop loin sans se mettre à dos les mandarins et le puissant clergé bouddhiste. Ce pays avait besoin de stabilité.
    Il sentit peser sur lui le regard du Grec et savait qu'il devinait ses pensées.
    « Il est impératif que Pra Piya monte sur le trône sans rien changer à ses convictions bouddhistes, reprit vivement Phaulkon. Lorsqu'il aura solidement consolidé son influence, alors seulement pourrons-nous envisager qu'il adopte la vraie foi.
    - Vous craignez l'hostilité des mandarins, n'est-ce pas ? murmura le jésuite. On dit même que vous n 'êtes devenu catholique que pour obtenir le soutien du roi de France.
    - Sans le soutien des Français, mon Père, le Siam serait aujourd'hui une colonie hollandaise et vous n'auriez pas d'autre choix que de plier bagage ou de développer vos talents comme prêcheur protestant. »
    Une perspective politiquement plausible, de Bèze le savait. Mais il n'en demeurait pas moins impératif de comprendre ce qui se cachait véritablement dans le cœur de ce diable d'homme.
    «Vous qui parlez de vraie foi, vous gardez des concubines et des femmes en esclavage comme n'importe quel bouddhiste... »
    Phaulkon esquissa un sourire indéchiffrable. «S'il en était réellement ainsi, mon Père, est-ce agir autrement que votre grand roi Louis,

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