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Le dernier vol du faucon

Le dernier vol du faucon

Titel: Le dernier vol du faucon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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mémoire. Paralysée par ce regard dur braqué sur elle, le cœur battant la cha-made, elle le vit se détourner sans faire mine de la reconnaître. Très sûr de lui, il sourit à Ducaze.
    «Je m'excuse d'avoir osé lever les yeux ainsi, mon Père. Mais c'est la première fois que je vois une mern. Va-t-elle se faire religieuse et entrer au séminaire?
    - Non, Somchai. Elle est ici pour remplir une mission qui, j'ai le regret de le dire, a échoué. » Il désigna Mark. «Et ce jeune farang, l'as-tu déjà rencontré?»
    Somchai examina l'adolescent sans manifester le moindre signe d'émotion. Mark se leva alors de sa chaise, s'avança lentement sans quitter l'homme des yeux et s'arrêta juste devant lui, le dépassant d'une bonne tête. Somchai continuait à l'observer mais son sourire, cette fois, était devenu plus embarrassé.
    «Vous avez oublié quelque chose sur le bateau», dit Mark en s'exprimant soudain en siamois.
    Tous le virent avec surprise fouiller dans sa poche et en sortir un morceau de tissu, celui-là même qu'il avait arraché au panung de l'assassin. Il le brandit sous les yeux de Somchai qui le contempla un bref instant avant d'interroger du regard le père Ducaze, l'air perplexe.
    «De quoi s'agit-il exactement?» demanda le supérieur avec irritation en dévisageant le jeune Anglais.
    Mark se tourna vers lui avec une expression d'assurance et d'autorité, surprenante pour un garçon de son âge.
    «Cette pièce d'étoffe appartient à l'assassin, mon Père, et je la restitue à son propriétaire. »
    Il s'exprima cette fois en français, une langue qu'il maîtrisait mieux que sa mère et qu'il avait apprise, lui aussi, auprès des paysans huguenots exilés.
    Ducaze l'observa, désorienté. «Allons, mon garçon, vous vous trompez certainement.
    - Je suis certaine que non, mon Père, coupa Nellie. Il y a des images qui demeurent à jamais gravées dans la mémoire. Le visage de cet homme compte parmi celles-là.
    - Et moi, je vous répète que vous faites erreur, madame.
    - Arrêtez cet homme ! lança de Bèze au capitaine des gardes.
    - Je vous l'interdis!» s'écria Ducaze en se redressant vivement.
    Le lieutenant Sautier, la main sur la garde de son épée, s'avança vivement pour protéger le prisonnier des hommes de Phaulkon.
    « Mes ordres sont de ramener cet homme à Bangkok», dit-il avec autorité.
    Ne comprenant pas le français, le capitaine des gardes hésita. Après que de Bèze eut traduit rapidement les paroles de l'officier à son intention, il fit un signe aux hommes qui le suivaient. En un clin d'œil, une demi-douzaine de ses soldats entouraient le lieutenant français pour l'empêcher d'intervenir.
    De Bèze adressa un sourire d'excuse à l'officier. «Je crains que ce ne soit une affaire entre vous et le capitaine, Lieutenant. Je n'ai pas le pouvoir d'intervenir. »
    Nellie ne perdait pas une miette de cette scène. «Je pense que le prisonnier doit être ramené à Bangkok, annonça-t-elle tout à coup. Je l'accompagnerai car j'ai promis au général de revenir et... »
    Elle s'arrêta net, prenant conscience que tous la dévisageaient, Mark l'air furieux, Ducaze avec un intérêt soudain et de Bèze avec surprise. Quant au prisonnier, il la toisait avec mépris, comme si elle n'était rien d'autre qu'un détritus tout juste bon à écraser sous le pied. Elle frissonna et détourna les yeux.
    Somchai porta alors son regard plein de morgue vers le capitaine de la garde et l'officier français. «Vous ne pouvez mettre la main sur moi ni l'un ni l'autre, dit-il en les défiant. Je travaille pour le Seigneur Phaulkon.»
    Pendant que le père de Bèze était à Ayuthia et que le roi attendait la réponse à la lettre signée «Dawee», Phaulkon trouva enfin le temps de rendre visite à Sunida. Tant de choses s'étaient produites depuis son retour de Mergui, trois semaines plus tôt, qu'il n'avait même pas eu l'occasion de l'avertir de sa présence. Sunida... la femme qu'il aimait entre toutes. Il avait hâte de la revoir, elle et Supinda, leur fille de quatre ans, une charmante enfant qui avait le privilège, grâce à l'intervention du roi Naraï, d'être élevée dans la nursery royale.
    Phaulkon regrettait de ne pouvoir parler franchement à sa femme de sa relation avec Sunida. Mais Maria se montrait tout à fait déraisonnable sur ce plan. Elle obéissait aux contraintes les plus rigides de sa religion, affichant une intolérance mesquine qui frisait le fanatisme.

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