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Le discours d’un roi

Le discours d’un roi

Titel: Le discours d’un roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mark Logue , Peter Conradi
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George VI, alors duc d’York.
    Lors d’une visite à Londres en 1935 et 1936, nous avons été les invitées privilégiées de M. et Mme Logue dans leur maison privée à Sydenham Hill, et sommes donc en position de pouvoir prouver à votre correspondant que, sans doute aucun, M. Logue a guéri Sa Majesté de son bégaiement, après que tous les autres spécialistes eurent échoué.
    Pour justifier cette affirmation, nous avons consulté des lettres personnellement rédigées par Sa Majesté à M. Logue, où il le remercie avec gratitude pour le succès de son traitement. Il l’a soigné juste avant la visite royale en Australie du duc et de la duchesse d’York, en mai 1927, et a grandement contribué à la réussite de leur séjour.
    Beaucoup de mérite est attribué à Sa Majesté la reine Elizabeth, qui, pendant tout le voyage, a mis en application les instructions que M. Logue lui avait données. Votre correspondant écrit qu’il a entendu parler d’au moins « quatre autres messieurs » qui déclarent avoir « guéri le duc de son bégaiement ». Peut-il, lui ou un seul de ces quatre hommes, avancer des preuves similaires de la réussite de leur traitement ?
    I - Calvin Coolidge fut le trentième président des États-Unis (1923-1929).

Chapitre neuf
    À l’ombre du couronnement
    Le 15 avril, Logue reçut un appel lui demandant de rendre visite au roi, au château de Windsor, quatre jours plus tard. On ne lui révéla pas le but de la rencontre, mais celui-ci n’était pas trop difficile à deviner. « Bonjour, Logue, je suis si heureux de vous voir, dit le roi qui, vêtu de gris rayé de bleu, s’avançait avec un sourire. Votre aide me sera précieuse. » Logue, professionnel comme toujours, constata avec plaisir que la voix de son ancien patient avait gagné en profondeur, tout comme il l’avait prédit tant d’années auparavant.
    La raison de cette invitation ne tarda pas à s’imposer. Le 12 mai, après cinq mois de règne, Bertie serait couronné à l’abbaye de Westminster. L’événement serait d’envergure, éclipsant le jubilé de George V en 1935, ou même son couronnement, auquel Logue lui-même avait assisté plus de deux décennies plus tôt, lors de son voyage autour du monde. Dans les rues, les villes étaient toutes décorées, les boutiques londoniennes rivalisaient pour manifester la plus grande loyauté possible envers le monarque. D’immenses foules étaient attendues dans la capitale.
    Quant au roi, son plus grand souci restait la cérémonie en elle-même, en particulier les réponses qu’il devrait donner dans l’abbaye. Serait-il capable de prononcer les paroles appropriées sans trébucher ? Il était aussi très intimidé par le discours à l’Empire prévu en direct sur les ondes de Buckingham Palace le même soir.
    À l’approche de l’événement, le roi se laissait gagner par l’anxiété. L’archevêque lui suggéra de consulter un nouvel orthophoniste, mais Dawson, son médecin, rejeta l’idée, car il avait toute confiance en Logue. Le roi se rangea à son avis. Alexander Hardinge, qui avait été le secrétaire particulier d’Édouard VIII et qui exerçait désormais la même fonction auprès de son successeur, proposa de prendre un verre de whisky ou « un autre stimulant » avant de parler ; l’idée fut, elle aussi, rejetée.
    Lors de leur première réunion préparatoire, professeur et patient passèrent en revue le texte que le roi devait prononcer le soir, et y apportèrent des altérations considérables. Logue fut ravi de constater que le roi, bien qu’un peu raide de la mâchoire, était en excellente santé et, se souvint-il, « déterminé à faire de son mieux ».
    Avant de partir, Logue lui fit remarquer qu’il semblait se porter à merveille, ce à quoi le souverain répondit qu’il n’aurait pas pu accepter cette position douze ans plus tôt. La conversation porta aussi sur Cosmo Lang, et ses observations fâcheuses sur les problèmes vocaux du roi. C’était, décréta Logue, « une chose terrible qu’avait faite l’archevêque », d’autant que toute une jeune génération ne savait même pas que son monarque eût un problème d’élocution.
    « Vous aussi, vous en avez après lui ? demanda le roi en riant. Vous devriez entendre ce qu’en dit ma mère 72 . »
    Ces inquiétudes commencèrent à s’estomper lorsque le souverain, accompagné des membres de la famille royale et de Lang, se rendit,

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