Le discours d’un roi
également le nom de Mountbatten, version anglicisée du nom de famille de sa mère, Battenberg.
Le mariage fut célébré le 20 novembre 1947 en l’abbaye de Westminster devant les membres de plusieurs familles royales, mais sans les trois soeurs de Philip qui avaient épousé des aristocrates allemands proches des nazis. La matin du mariage, Philip fut fait duc d’Édimbourg, comte de Merioneth et baron de Greenwich dans le comté de Londres. La veille, le roi l’avait appelé « Votre Altesse Royale ».
Si les discours du roi s’amélioraient, sa santé en revanche déclinait. À seulement quarante-neuf ans au sortir de la guerre, George VI était déjà très affaibli. On cite souvent les privations de la guerre comme principale origine de ses problèmes de santé. Il est pourtant difficile d’imaginer que ces privations aient été plus grandes que celles endurées par les millions d’hommes envoyés sur les fronts ou par les civils restés en Angleterre. Sa surconsommation de cigarettes n’aidait pas. En juillet 1941, le magazine Time rapportait qu’en signe de solidarité avec son peuple, le roi avait décidé de réduire sa consommation de vingt ou vingt-cinq cigarettes à seulement quinze par jour. Après la guerre, il se remit toutefois à fumer de plus belle.
Malgré son mauvais état de santé, le roi décida en février 1947 de partir en Afrique du Sud pour une tournée de dix jours. Après avoir été en Australie, en Nouvelle-Zélande et au Canada, le roi était curieux de visiter l’Afrique du Sud où il n’avait jamais posé le pied. Le voyage était épuisant et il se fatiguait vite. Il n’était en outre nullement garanti qu’il serait bien reçu par les Afrikaners, notamment ceux qui n’avaient pas oublié la guerre des Boers. À ces problèmes s’ajouta un facteur psychologique : les Anglais souffrirent cette année-là d’un des pires hivers depuis des décennies, et le roi avait mauvaise conscience de ne pas partager les souffrances de son peuple. Il songea même à un moment à écourter son séjour, mais Attlee l’en dissuada, soulignant que son retour précipité ne ferait qu’aggraver le sentiment d’urgence.
Deux mois après son retour, le roi commença à se plaindre de crampes dans les jambes et écrivit à Logue qu’il se sentait « vidé et fatigué 91 ». En octobre 1948, ses crampes étaient devenues douloureuses et permanentes. Dans la journée, il perdait toute sensibilité dans le pied gauche, mais la nuit, celui-ci l’empêchait de dormir. Plus tard, la douleur sembla passer dans le pied droit. Le roi fut examiné un mois plus tard par le professeur James Learmouth, un des plus grands spécialistes du pays en matière de douleurs vasculaires. Celui-ci diagnostiqua une forme précoce d’artériosclérose. On craignit pendant un moment de devoir amputer la jambe droite en raison du risque de gangrène. Quelques semaines plus tard, Logue faisait part au roi de sa préoccupation : « Pour moi qui ai eu l’honneur de figurer parmi vos proches pendant ces terribles années de guerre, pour moi qui sais la somme de travail que vous avez abattue et l’énergie que cela vous a coûté, il paraît évident que vous vous êtes épuisé et devez enfin apprendre à vous ménager, écrivit-il le 24 novembre. Je suis certain que du repos, de bons médecins et votre formidable volonté vous permettront de recouvrer la santé. »
En décembre, le roi sembla se rétablir, mais les médecins préconisèrent un repos prolongé et il dut renoncer à un voyage en Australie et en Nouvelle-Zélande programmé pour le début de l’année suivante. Dans une lettre du 10 décembre adressée à Logue, le roi semble pourtant en bonne forme : « Le repos et le traitement me font grand bien et les docteurs ont l’air contents, ce qui me semble de bon augure. J’espère que vous vous portez bien et aidez toujours ceux qui ne peuvent pas parler. »
De quinze ans l’aîné du roi, Lionel passa également une année difficile et dut s’enfermer pendant un certain temps dans son nouvel appartement au huitième étage. Dans sa traditionnelle lettre d’anniversaire au roi, Logue explique que certains de ses amis, alertés par son état de santé, ont écrit en Australie pour prévenir qu’il ne passerait probablement pas l’hiver. L’optimisme du roi sur son propre état de santé semblait néanmoins le réconforter : « J’ai suivi le grand combat que
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