Le Druidisme
génial s’intéressa beaucoup à la vieille
culture celtique, fit d’abondantes recherches et publia quelques ouvrages dont
l’authenticité est toujours sujette à réserves. Il est probable que Iolo
Morganwg a recueilli des traditions populaires et qu’il connaissait assez bien
la littérature médiévale galloise, c’est tout ce que l’on peut dire. Mais cela
ne l’empêcha pas de fonder la première Gorsedd (assemblée) druidique et bardique, à Londres, le 21 juin 1792, le jour du
Solstice d’été. On mesurera d’ailleurs le sérieux de tout cela si l’on sait que
les anciens druides n’avaient aucune fête solsticielle, ce qui est prouvé par
tous les documents dont nous disposons. Mais, quoi qu’il en soit, le mouvement
était lancé. La Gorsedd galloise va devenir la
branche quasi-officielle du druidisme, et c’est à cette lignée que se rattache
l’actuelle « Fraternité des Druides, Bardes et Ovates de Bretagne ».
Les préoccupations de cette lignée étaient au départ assez nationalistes, mais
elles ont évolué vers une recherche très littéraire au Pays de Galles, beaucoup
plus culturelle et même scientifique en Bretagne. Mais, en aucun cas, les
membres de cette lignée ne se sont considérés comme des prêtres d’une ancienne
religion. Ils admettent les doubles ou triples appartenances et sont
parfaitement conscients que leur « druidisme » est une perpétuelle
recherche de la sagesse celtique.
Une quatrième catégorie peut rassembler d’innombrables
confréries, fraternités, groupes ou sectes qui ne se rattachent pas forcément à
l’une des lignées précédentes. Certaines confréries ne tiennent que par la
volonté éphémère d’un fondateur. D’autres sont liées à des traditions différentes.
Chacune d’elles a sa propre conception du druidisme, mais le plus souvent, il apparaît
que ces conceptions sont le résultat d’un syncrétisme où se rencontrent les
éléments les plus hétérogènes, pour ne pas dire hétéroclites. Quelques-unes
sont franchement païennes, ou désireuses de renouer avec le paganisme ancien.
Il faut faire une mention spéciale de l’ Église
Celtique Restaurée , qui dépend de l’orthodoxie chrétienne, mais qui
cherche à retrouver à travers le christianisme celtique, tel qu’il a été vécu
par les premières communautés irlandaises et bretonnes, l’harmonie entre le
druidisme ancien et la religion nouvelle. On sait que saint Patrick ordonna
prêtres et même évêques des fili irlandais, et
que ceux-ci, dépositaires d’une double tradition, l’ont transmise à leurs
successeurs. L’ Église Celtique Restaurée prétend
avoir la preuve de cettefiliation.
Cela dit, en dehors de l’Église Celtique, le rituel de ces
confréries n’est qu’une reconstitution conjecturale de ce qu’on imagine avoir
été le rituel druidique. Aucun de ces rituels complexes et variés ne peut avoir
été celui des druides, avant l’introduction du christianisme. C’est une
malhonnêteté de le prétendre. C’est être crédule ou fort mal informé que de le
croire. Quand on est de bonne foi, on peut y trouver ce que l’on recherche
soi-même, et c’est un aspect positif. Mais le manque d’informations, les
erreurs manifestes, en particulier à propos de la date des fêtes, la tendance à
l’ésotérisme qui permet n’importe quelle divagation, le syncrétisme,
l’influence pernicieuse des doctrines et des rites de l’Orient et de
l’Extrême-Orient, tout cela n’arrange pas la clarté de l’affaire, ni le caractère
celtique lui-même. Il ne s’agit pas ici de porter un jugement de valeur, chaque
participant de ces confréries ayant ses propres motivations, ses propres
recherches, sa propre spiritualité, qui sont des choses parfaitement honorables
et respectables. Il s’agit seulement d’affirmer que ces rituels, comme la
doctrine qui leur est corollaire, semblent peu conformes à ce qu’on connaît
historiquement et scientifiquement des druides.
Il ne suffit pas de se prétendre druide, de prononcer des paroles
en une quelconque langue celtique, de s’habiller d’une grande robe blanche,
pour être réellement un druide.
Nous avons dit que le druidisme ne se justifiait que dans le
cadre de la société celtique parce que le système druidique était en quelque
sorte la conscience de l’organisation sociale. À partir du moment où la société
de type celtique a disparu, il était normal que le druidisme
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