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Le Druidisme

Le Druidisme

Titel: Le Druidisme Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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disparût puisqu’il ne pouvait plus être vécu en tant que religion .
Restaient les principes du druidisme. Seraient-ils tous disparus ?
Certainement pas. D’où cette recherche passionnée du néo-druidisme, quelle
qu’en soit la forme, pour tenter de retrouver ce qu’était la pensée druidique,
ce qu’était le rituel druidique. Accomplir cette quête, car c’est une véritable
quête du Graal, est une démarche intéressante. Encore faut-il qu’elle soit
menée avec toutes les garanties qui s’imposent.
    Il y a une certitude : sans société celtique, il ne
peut y avoir de druidisme. Le néo-druidisme n’est que de l’archéologie [336] .

IV

LA PENSÉE DRUIDIQUE
     
     
    Il faut bien l’avouer : nous en savons encore moins sur
la doctrine des druides que sur leur liturgie, et cela pour les mêmes raisons,
la disparition historique des druides et l’absence complète de textes
dogmatiques. Le seul recours, pour tenter une exploration de cette doctrine,
est de faire appel aux quelques rares témoignages des auteurs de l’Antiquité
grecque et latine, ainsi qu’à l’interprétation des récits mythologiques ou
héroïques. C’est dire qu’il faut nécessairement interpréter, avec tout ce que
cela comporte de risques. Quand on porte des jugements sur une époque passée,
on commet toujours des erreurs parce que l’on juge des faits passés en fonction
de critères actuels. C’est encore plus vrai quand il s’agit d’une forme de
civilisation qui est fort différente, pour ne pas dire fondamentalement
opposée. On doit le répéter : pour comprendre les Celtes, leur civilisation,
leurs spéculations intellectuelles et spirituelles, il est indispensable
d’abandonner le système aristotélicien qui est celui de la civilisation
occidentale humaniste. Le celtisme est un autre humanisme, une autre façon de voir les choses,
de sentir, d’appréhender le réel, de concevoir la divinité, une autre manière de vivre, une autre méthode de raisonnement. Ne pas en tenir
compte risque d’aboutir à une vision complètement fausse. Les mots n’ont pas
forcément le même sens peur un Gaulois du temps de Vercingétorix et un Français
du XX e  siècle. D’ailleurs, les mots en
eux-mêmes ne signifient rien : ils n’ont de valeur qu’à travers un
contexte. Et tant qu’on ne tentera pas de définir le contexte, on ne pourra
jamais découvrir le sens exact d’un mot, d’un fait, d’un concept. Le druidisme
étant une des expressions de la celtitude, il ne peut en être séparé, et comme
l’institution druidique est le commun dénominateur de la civilisation celtique,
comprendre le druidisme, c’est comprendre le celtisme. Et inversement. Mais
l’entreprise n’est pas facile.
    Le manque d’informations précises, le mystère qui entoure
les druides, leurs rites et leurs croyances, tout cela a provoqué l’imaginaire.
Certes, l’imaginaire paraît être justement un des éléments majeurs de la pensée
celtique. Mais les Celtes avaient leur propre imaginaire qui, encore une fois,
n’est peut-être pas le même que le nôtre, en cette fin de XX e  siècle, ou tout au moins l’imaginaire tel que
les systèmes de philosophie contemporains ont pu le définir. On a déjà
conscience de cette dichotomie lorsqu’on essaie d’étudier la tradition
populaire, transmise oralement pendant des siècles, et qui comporte ses propres
règles, sa propre logique, lesquelles se saisissent mal si elles sont posées en
termes de civilisation écrite. Les Grecs et les Latins, contemporains des
Gaulois, fréquemment en contact avec eux, provenant du même moule culturel et
linguistique à l’origine, n’ont pas compris les Celtes. Ils l’ont dit, ne
serait-ce qu’en se moquant d’eux. Ils les ont classés définitivement comme
« barbares ». Et c’est précisément cette « barbarité » qui,
toute passionnante qu’elle est, paraît difficile à saisir tant elle est hétérologique . Elle est plus proche d’Héraclite que
de Socrate. Elle n’a point passé par le « miracle grec ». Mais il en
va du miracle grec comme de tous les miracles : on n’est point tenu d’y
croire. L’aventure humaine s’est manifestée dans bien des chemins différents et
divergents. Elle est sans doute unique, cette aventure, mais il faut bien
reconnaître qu’elle est également multiple. Situation paradoxale. Mais tout
n’est que paradoxe quand on pénètre la mentalité celtique. Et cela

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