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Le Druidisme

Le Druidisme

Titel: Le Druidisme Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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d’autant plus que le nom se retrouve en Gaule de
l’est, dans l’épigraphie et la statuaire gallo-romaines. Un bas-relief de la
forêt de Haguenau présente un guerrier qui tient une lance de la main gauche et
qui appuie la droite sur une tête de taureau. L’inscription est : deo Medru Matutina Cobnerti filia . Cela suppose donc
un dieu Medros, dont le nom peut provenir de la racine med , « mesure », ou mid , « hydromel » ou, par extension,
« ivre ». Ce serait, dans ce cas, une allusion au festin
d’immortalité qu’il entretient grâce à ses porcs qui renaissent toujours. À
moins que ce ne soit le « Médiateur », rôle que Mananann semble jouer
parmi les Tuatha Dé Danann. On retrouve d’ailleurs ce Medros dans un autre
bas-relief de Gunstett, près de Wörth, où sa tête est casquée, et sur une
inscription trouvée à Rome, en l’honneur de Toutatis Medros. Dans l’une des versions
de la Courtise d’Étaine , il perd un œil par
suite d’une maladresse dont il rend responsable son fils adoptif Oengus, mais
il est guéri par Diancecht. Le fait d’être éborgné le rend inapte à la royauté,
mais comme Nuada, et toujours grâce à Diancecht, il retrouve sa puissance en
même temps que sa dignité. Sans doute y a-t-il là le souvenir d’une épreuve
d’initiation ou de régénération analogue à celle subie par le Roi-Pêcheur de la
Quête du Graal. Mider, en tout cas, devient l’époux d’Étaine, double de Boinn,
et donc de Brigit. Il la perd par suite des artifices de sa première épouse, la
magicienne Fuamnach, mais il finit par la reconquérir sur le roi Éochaid,
doublet du Dagda, et s’envole avec elle, sous forme de cygne [194] .
    Mananann-Mider apparaît donc comme un grand dieu, mais au
lieu de régner sur une société divine conquérante, il se contente d’équilibrer
un groupe de dieux déchus et littéralement occultés dans un Autre Monde. Encore une fois, cet Autre Monde n’est pas le royaume des
Morts, il est un ailleurs qui est concomitant
à ce monde-ci, avec possibilité d’interpénétration. C’est pourquoi aussi
Mananann se doit d’équilibrer les rapports entre les siens (les Tuatha) et les
humains. Son aspect le plus caractéristique serait donc celui de médiateur, que
le nom de Mider traduit assez bien. Mais on ne peut guère lui attribuer une
fonction précise dans le cadre de la tripartition : il n’est plus un dieu
« social » comme la plupart des divinités celtes : il est
« hors-société », dans une position d’attente, prolongeant la vie et
l’activité des dieux et attendant le moment propice pour reparaître au grand
jour et rétablir la puissance divine. C’est le sens au « don
d’invisibilité » dont il revêt les dieux. Les dieux sont là, toujours
présents, mais on ne les voit pas. Ils sont, en quelque sorte, refoulés dans
l’inconscient. Mais il suffirait de peu de chose pour les faire resurgir [195] .

III

INITIATIONS ET RITUELS
     
     
    Les récits mythologiques constituent un support pour les
croyances d’un peuple, au même titre que les Évangiles pour les Églises
chrétiennes. Facilement racontables, intelligibles au premier degré parce que
concrets, susceptibles d’être interprétés pour une lecture plus profonde, ils
sont des repères indispensables de la vie religieuse. Mais ils expriment aussi,
de façon narrative, presque romanesque, un certain nombre de rituels qui, à
l’origine, sont vécus comme des représentations dramatiques. Toute œuvre théâtrale
a quelque chose de sacré. Toute représentation théâtrale met en jeu une action
dramatique dont les schèmes appartiennent au mythe qu’elle incarne et matérialise.
La Tragédie grecque a gardé quelque chose des rituels religieux plus anciens,
ne serait-ce que la notion de sacrifice, et la comédie elle-même, par son
aspect dérisoire, met en valeur des archétypes cultuels. Il en est de même
partout dans le monde. La messe catholique est une représentation dramatique,
et toute représentation dramatique est un jeu sacré analogue à la messe
catholique. Mais quand une religion perd son rituel, soit que ce rituel
s’affaiblisse, comme c’est le cas actuellement dans les Églises catholiques,
soit que la religion elle-même ait disparu, la représentation dramatique
devient profane ou se réfugie dans une narration descriptive [196] .
C’est ce qui est arrivé pour les Celtes. La religion druidique n’étant plus
pratiquée,

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