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Le Druidisme

Le Druidisme

Titel: Le Druidisme Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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défunt autour
de ce pilier. C’est un rite de funérailles et d’hommage qui n’a rien de bien
spécifique. Mais, en Irlande, on n’a pas retrouvé de temples bâtis : les
cérémonies se faisaient en plein air, sur des tertres sacrés, ou au milieu des
bois, ce qui n’empêchait certainement pas de marquer l’endroit par un pilier ou
des pierres disposées en rond. Et les chambres souterraines des tertres
mégalithiques (dolmens et allées couvertes), dans lesquels les Irlandais du
paganisme plaçaient la demeure des dieux, n’ont certes jamais été des lieux de
culte, puisque, par principe, ces chambres étaient réservées aux dieux, et que,
la plupart du temps, l’entrée étant comblée, on ne pouvait y pénétrer [198] . On a
également proposé la solution suivante : les temples étaient bâtis en
bois, et il est normal qu’on n’en retrouve plus de traces [199] .
Mais aucun récit irlandais ne nous signale la chose, ce qui est quand même
assez remarquable.
    En Grande-Bretagne, le problème est un peu différent. Sous
l’occupation romaine, une grande tolérance a été laissée aux Bretons qui ont pu
pratiquer davantage leur culte qu’en Gaule. On a donc retrouvé un certain
nombre de temples d’esprit plus « druidique », mais dont
l’architecture n’en comporte pas moins la marque romaine. D’ailleurs, quand, à
la fin du IV e  siècle, saint Ninian
évangélisa les Pictes du Sud (dans les Basses-Terres de l’Écosse), il
construisit une église qui fit sensation : elle était candida casa , « maison blanche »,
c’est-à-dire bâtie en pierre. Ce détail prouve que la notion de temple bâti en
pierre est étrangère au monde celtique. Et quand Dion Cassius constate que les
Bretons de Boudicca offrent des sacrifices aux dieux dans des temples, il
emploie le mot hiéra qui, en grec, ne signifie
pas autre chose que le locus consecratus latin
de César. Par contre, il mentionne, comme beaucoup d’autres, des « bois sacrés »,
et il utilise pour cela le terme alsos , qui
est l’équivalent des mots latins fucus et nemus .
    Précisément, nous retrouvons le mot nemus dans sa formulation celtique. L’un des
envahisseurs mythiques de l’Irlande est un certain Nemed ,
c’est-à-dire sacré. Le terme provient de la même racine qui a donné nemus , racine qui signifie « ciel » et qui
a donné le gaélique niam , le gallois nef et le breton nenv (à prononcer nan ). Le sanctuaire celtique par
excellence paraît avoir été le nemeton , qui
désigne la clairière sacrée, céleste, au milieu de la forêt. D’après ce qu’on
sait, les druides avaient une prédilection pour les forêts, et tous les druides
de Gaule se réunissaient une fois l’an dans la forêt des Carnutes. En
Grande-Bretagne, l’établissement druidique de l’île de Mona (Anglesey) était
dans une forêt. Quand Lucain parle d’un sanctuaire gaulois près de Marseille,
il le place dans une forêt : c’est là, dit-il, que l’on pratique des
sacrifices horribles, et que se trouvent des statues grossières représentant
les dieux ( simulacra maesta deorum ). Un prêtre
officie dans ce sanctuaire retiré et secret, en l’honneur du dominus loci . Et puis, surtout, « le peuple ne
venait jamais à proximité de l’endroit du culte et il l’abandonnait aux dieux…
Le prêtre lui-même en appréhendait l’approche : il craignait de venir
auprès du maître du bois sacré » ( La Pharsale ,
I, v. 339 et suiv.). Lucain précise d’autres choses : « Les druides
habitent dans des bois profonds ( nemora alta )
et se retirent dans des forêts inhabitées. Ils pratiquent des rites barbares et
une sorte de culte sinistre » (I, 452 et suiv.). Et Lucain ajoute :
« Ils adorent les dieux dans les bois sans faire usage des temples. »
C’est assez net. Et il emploie le terme nemus ,
ce qui nous ramène au nemeton .
    Un texte de Strabon (XII, 5) nous indique que les Galates
d’Asie Mineure « avaient un conseil de trois cents membres qui se
réunissait dans un lieu appelé Drumeton  ».
Ce n’est pas le seul exemple de nom de lieu qu’on connaisse, à être dérivé de nemeton . Nanterre (Hauts-de-Seine) est un ancien Nemetodurum . La forêt de Nevet, près de Locronan
(Finistère), porte un nom qui est le résultat de l’évolution du mot en breton moderne.
Néant-sur-Yvel (Morbihan), dans la forêt de Brocéliande, ainsi que le hameau de
Pertuis-Nanti en Paimpont (Ille-et-Vilaine), en sont

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