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Le Druidisme

Le Druidisme

Titel: Le Druidisme Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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cela [203] .
Or ces « pratiques » végétales font partie d’un ensemble, et on ne
peut pas les isoler de leur contexte mythologique, c’est-à-dire, en dernière
analyse, du système philosophique des druides. Répéter que les druides, à
l’époque de la conquête, étaient dégénérés, passés au rang de simples sorciers
de village, c’est d’une part ignorer que la médecine populaire existe et
qu’elle fait souvent ses preuves, malgré les dénégations ironiques de la
Faculté [204] ,
d’autre part ne rien avoir compris au druidisme qui, étant une religion sociale , touche obligatoirement à tous les
aspects de la vie, médecine comprise bien entendu, mais aussi magie au sens le plus noble du terme.
    Ce n’est pas pour rien que le nemeton se trouve en pleine nature, souvent au milieu d’une forêt. La relation du
druide avec le bois est évidente, le nom des druides ( dru-wides ) et le nom du bois ( vidu ) sont liés. La connaissance et le bois sont symboliquement mis en
parallèle. Mais peut-être pas seulement symboliquement : le fait d’écrire,
ou plutôt de graver , des incantations
rituelles sur des morceaux de bois fait passer le symbole dans le domaine
pratique. L’if, le coudrier, le sorbier et le chêne sont des arbres druidiques,
utilisés par les druides. L’if, dont les fruits sont du poison, est
particulièrement à l’honneur. Les druides et les fili d’Irlande gravent leurs incantations sur une baguette d’if. Le nom Éochaid , qui est le nom royal par excellence,
signifie peut-être « qui combat par l’if ». Les peuples gaulois Éburovices (Évreux) et Éburons (Belgique) ont des noms qui contiennent le mot eburo ,
« if ». Pour les opérations magiques, les druides et les fili se servent de bois de coudrier et de sorbier.
Le chêne, « représentation visible de la divinité », selon Maxime de
Tyr ( Dissertationes , VIII, 8) qui attribue
cette croyance aux Celtes, est de toute façon symbole de science et de
puissance, et il est le support du gui. Quant au pommier, il est plus que
jamais « l’arbre de la science du bien et du mal » : il est
l’arbre de l’île d’Avallon ou d’Émain Ablach, et la pomme est le fruit
d’immortalité, de connaissance et de sagesse. Quand une messagère de
l’Autre-Monde se présente au héros irlandais Bran, fils de Fébal, elle lui
présente une branche en disant : « Voici une branche du pommier d’Emain
que je t’apporte, pareille aux autres ; des rameaux d’argent blanc sont
sur elle, des sourcils de cristal avec des fleurs… » [205] .
Lorsque Condla, fils du roi Conn aux Cent Batailles, est invité à partir pour
l’Autre-Monde en compagnie d’une ravissante jeune fille, celle-ci lui lance une
pomme. Les druides de Conn, par leurs incantations, chassent la créature
féerique, mais Condla a gardé la pomme : « Pendant un mois, Condla
fut sans consommer de boisson ni de nourriture. Il lui semblait que rien
n’était plus digne d’être consommé, excepté sa pomme. La pomme ne diminuait
pas, quoi qu’il en consommât, et elle restait entière » [206] .
Et la magie de la pomme est telle que lorsque la fée se présente une deuxième
fois, plus rien ne peut retenir Condla, qui se précipite dans la barque de
cristal que la messagère conduit [207] . Ces
pommes merveilleuses d’Émain Ablach, qui sont les mêmes que celles de Morgane à
l’île d’Avallon, « ont la couleur de l’or poli et la tête d’un enfant d’un
mois n’est pas plus grande que chacune des pommes. Elles ont le goût du miel
quand on en consomme ; elles ne laissent ni blessures sanglantes ni
maladies à ceux qui en consomment ; elles ne diminuent pas quand on en consomme
longtemps et toujours. Celui qui a enlevé une de ces pommes a accompli son
meilleur exploit car, après cela, elle lui revient encore » [208] . En
tout cas, les pommes d’Avallon sont moins dangereuses que celles du Paradis
Terrestre. Non seulement elles procurent l’immortalité, mais elles ne sont pas
interdites à ceux qui sont assez audacieux pour aller les cueillir. Encore
faut-il savoir le faire, et aussi savoir comment les manger. Ce que visiblement
Adam et Ève ne savaient pas.
    Ces pratiques végétales sont intéressantes en elles-mêmes,
mais elles ne s’expliquent que par référence à un mythe fondamental de la
tradition celtique, le combat des Arbres . Le
mythe apparaît le plus complet dans le célèbre Cad
Goddeu , « Combat

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