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Le Druidisme

Le Druidisme

Titel: Le Druidisme Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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des Arbres », poème attribué au barde gallois
Taliesin, qui raconte, au milieu de détails obscurs, comment Gwyddyon sauve les
Bretons d’un désastre en les transformant en arbres et en les faisant combattre
ainsi leurs ennemis [209] . Le
thème est repris dans le récit irlandais de La Mort
de Cûchulainn , où l’on voit trois sorcières affreuses, les filles de
Calatin, susciter « fantasmagoriquement une grande bataille entre deux
armées, entre de magnifiques arbres mouvants, de beaux chênes feuillus… » [210] . On
retrouve le même détail dans le récit de La Bataille
de Mag Tured où deux sorcières disent : « Nous enchanterons
les arbres et les pierres, et les mottes de terre, si bien qu’ils deviendront
une troupe en armes luttant contre eux et qu’ils les mettront en fuite avec
horreur et tourment » [211] . On
comprend alors dans quelle tradition Shakespeare a puisé quand il écrivait
l’épisode des sorcières et de la forêt qui marche de son Macbeth .
    Le mythe a même été historicisé et récupéré par Tite-Live
dans son Histoire Romaine , mais sous une forme
évidemment rationalisée. Le consul Postumius, avec vingt-cinq mille soldats,
s’engage dans une forêt de Cisalpine, en territoire gaulois ennemi :
« Comme les Gaulois se trouvaient à l’extrême limite de la forêt et autour
de celle-ci, aussitôt que l’armée romaine fut entrée, ils poussèrent les plus
éloignés des arbres, qu’ils avaient coupés au pied. Les premiers tombèrent sur
les plus proches, et ceux-ci étaient eux-mêmes si instables et si faciles à
renverser, tout fut écrasé dans leur chute confuse, hommes, chevaux et armes.
Dix hommes à peine purent s’en réchapper » (Tite-Live, XXIII, 24). La
forêt en question est nommée Litana par
Tite-Live. Or Litana ou Litava sont les noms de l’Armorique (Llydaw) chez les
Gallois, mais désignent le plus souvent symboliquement l’Autre-Monde. Nous
sommes en plein mythe végétal [212] .
    Mais le Cad Goddeu de
Taliesin, texte vraisemblablement composé de deux ou trois poèmes différents et
antérieurs à la rédaction définitive, contient une référence précise à une
autre forme de pratique végétale :
     
    « Quand je vins à la vie,
    mon créateur me forma
    par le fruit des fruits…
    par les primeroses et les fleurs de la colline,
    par les fleurs des arbres et des buissons…
    par les fleurs de l’ortie…
    J’ai été marqué par Math…
    J’ai été marqué par Gwyddyon…
    par les savants enfants de Math » [213] .
     
    Ces détails n’ont rien à voir avec le sujet principal, sinon
la référence au végétal, et ils ne sont compréhensibles que grâce à la
quatrième branche du Mabinogi gallois.
Arianrod, fille de Dôn, n’ayant pas voulu reconnaître le fils qu’elle a eu de
façon mystérieuse, en fait incestueuse, et l’ayant frappé d’une malédiction
(« n’avoir jamais une femme de la race qui peuple cette terre en ce
moment »), son frère Gwyddyon, qui élève l’enfant, va trouver son oncle,
le roi-magicien Math. Celui-ci dit : « Cherchons, au moyen de notre
magie et de nos charmes à tous les deux, à lui faire sortir une femme des
fleurs » [214] .
Aussitôt dit, aussitôt fait. « Ils réunirent alors les fleurs du chêne,
celles du genêt et de la reine des prés, et, par leurs charmes, ils en formèrent
la pucelle la plus belle et la plus parfaite du monde » [215] .
Ainsi naît Blodeuwedd, la « fille-fleur », dont la destinée finira
tragiquement : pour la punir de son adultère et de son crime, Gwyddyon la
transformera en hibou [216] . Il
est vrai que Gwyddyon n’en était pas à son coup d’essai. Un autre poème de Taliesin
affirme en effet :
     
    « Le plus habile homme dont j’ai entendu parler,
    ce fut Gwyddyon, fils de Dôn, aux forces terribles,
    qui tira par magie une femme des fleurs…
    Du sol de la cour,
    avec des chaînes courbées et tressées,
    il forma des coursiers
    et des selles remarquables » [217] .
     
    Là encore, l’explication se trouve dans la quatrième branche
du Mabinogi . Voulant s’emparer des cochons de
Pryderi, qui sont les équivalents des porcs de Mananann, Gwyddyon se propose de
les échanger en donnant à Pryderi des cadeaux somptueux. Il ne s’embarrasse pas
de scrupules : « Il eut recours alors à ses artifices et commença à
montrer sa puissance magique. Il fit paraître douze étalons, douze chiens de
chasse noirs… douze boucliers

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