Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Druidisme

Le Druidisme

Titel: Le Druidisme Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
Vom Netzwerk:
l’orientation, et que cette orientation ne tienne compte que de
trois points cardinaux.
    Cela nous amène à un autre rituel, dont témoigne
César : « Ils ont de grands mannequins aux parois d’osier, qu’ils remplissent
d’hommes vivants ; ils y mettent le feu, et les hommes y meurent,
enveloppés par les flammes » (VI, 16). Le scholiaste de Lucain dit à peu
près la même chose à propos des sacrifices à Taranis : « On brûle un
certain nombre d’hommes dans une cage en bois ». Et Strabon affirme que
certains Gaulois « fabriquaient un colosse avec du bois et du foin, y
enfermaient des animaux sauvages et domestiques ainsi que des hommes, et brûlaient
le tout » (IV, 5). Souvenons-nous que le nom du dieu gaulois Taranis est
le résultat d’une métathèse d’un thème en tanar- reconnaissable dans le germanique Donar, et que ce thème contient la racine tan , « feu », encore d’usage en
breton-armoricain. Mais ces mannequins ou ces cages de feu méritent une explication.
    Pour comprendre ce dont il s’agit, il est nécessaire de recourir
aux coutumes populaires concernant le Carnaval et les lépreux. Le mannequin
dont parle César est évidemment comparable au mannequin grotesque de Carnaval,
que l’on brûle. Quant aux lépreux, on sait qu’ils formaient de petites communautés
isolées et qu’ils habitaient à l’écart du village, dans des huttes ou des
cabanes. Or un certain nombre de lépreux exerçaient le métier de cordier :
du fait qu’ils habitaient en dehors de l’agglomération, ils avaient de l’espace
pour tirer leurs cordes. Or, en France, bien souvent, le Feu de Carnaval
s’appelle « un feu des bordes, ou bordelinière, cabanou ou cabanelle. Ces
noms désignent une cabane, précisément une de celles construites dans des zones
limites : la hutte du lépreux » [244] . Le
folkloriste Van Gennep se demandait pourquoi on appelait « cabanes »
les bûchers de Carnaval, alors que le propre d’une cabane (qui provient, comme
le mot « cave », du latin cava ,
« creuse ») est d’être creuse, ce qui n’est pas le cas d’un bûcher.
Or, nous venons de voir dans la description irlandaise du bûcher druidique que
celui-ci avait trois côtés, trois angles et sept fenêtres , ce qui fait supposer qu’il n’était
pas entièrement plein.
    La solution, selon Claude Gaignebet, est fournie par la
hutte du lépreux-cordier. « Le bûcher était primitivement construit en
forme de cabane, avec les déchets du chanvre, et surmontait une fosse creusée
dans le sol. On connaît de tels sites souterrains, le plus souvent en forme de
bouteille. Au bas, une banquette permettait de s’asseoir. Les lépreux ou les
membres des confréries initiatiques de Carnaval une fois descendus dans ces
fosses, le feu brûlait au-dessus d’eux. Les vapeurs de chanvre auxquelles ils
étaient soumis les faisaient voyager dans l’au-delà » [245] .
Car le chanvre européen, sans avoir la puissance du « chanvre indien »,
fait quand même rêver et a été longtemps
employé à cet effet dans les campagnes. Il est tout à fait probable que les
druides s’en servaient.
    Un conte populaire de Basse-Bretagne constitue une excellente
illustration de cette coutume. Le héros, Yann, au terme d’aventures
compliquées, est condamné par le roi de Bretagne à être brûlé sur le bûcher.
Son père naturel, un magicien qui a revêtu la forme d’un cheval, lui enseigne
ce qu’il doit faire pour se sauver : « Tu n’auras rien d’autre à
faire qu’à aller voir le roi et à lui dire que tu veux faire ta niche dans le bûcher… Tu lui demanderas
aussi le temps de faire tes prières… Apporte avec toi un escabeau pour t’asseoir
lorsque tu seras entré dans le bûcher  » [246] .
Ensuite, Yann doit s’enduire tout le corps avec le contenu d’une bouteille et
en tremper sa chemise. Ce qui est fait. Le feu est mis au bûcher. Tout le monde
regrette la mort du jeune homme. « C’est alors que Yann sauta du milieu du
brasier, tremblant de froid de tous ses membres » [247] .
Et les assistants s’aperçoivent qu’il est « bien plus beau qu’il n’était
avant » [248] . Il
s’agit bel et bien, à travers une anecdote merveilleuse intégrée à un schéma
narratif, de la description d’un rituel de régénération : le héros sort de
l’épreuve plus beau qu’auparavant.
    Il faut signaler que de nombreux contes, en particulier bretons,
font allusion à cette

Weitere Kostenlose Bücher