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Le Druidisme

Le Druidisme

Titel: Le Druidisme Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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dans un passé obscur que nous n’avons pas la possibilité,
pour le moment, d’éclairer davantage.
Le Feu
    Le Grec Strabon dit que les druides enseignent que
« les âmes des hommes sont immortelles, le monde aussi, mais qu’un jour,
cependant, seuls le feu et l’eau régneront » (IV, 4). C’est d’ailleurs la
seule référence eschatologique que nous ayons à propos des Celtes. Mais cela
nous indique l’importance que revêtent l’eau et le feu dans la vie liturgique
comme dans la pensée symbolique des druides.
    Il faut d’abord bousculer un peu le « ce qui va de
soi ». Le Feu n’est pas un élément, mais la
transformation des trois autres . C’est la manifestation et la
métamorphose de l’énergie contenue dans un élément. Sans les trois autres
éléments, le Feu n’existe pas. Les ésotéristes de chef-lieu de canton, qui abondent
en notre époque, se gardent bien de nous renseigner à ce sujet quand ils
parlent pompeusement du « Feu secret des Alchimistes ». Il n’y a que
trois éléments fondamentaux, comme il n’y a que trois dimensions dans notre
espace, et, nous le verrons, trois points cardinaux. Les druides le savaient
fort bien, eux qui ont privilégié la formule ternaire – et finalement légué aux
chrétiens la notion de Trinité. Quand un solide brûle, il devient gazeux :
la terre devient air grâce à l’acte du feu. Quand un liquide brûle, il devient
gazeux : l’eau devient air grâce à l’acte du feu. Quand un gaz brûle, il
devient soit un gaz différent, soit un liquide (l’hydrogène et l’oxygène qui
produisent de l’eau), soit un solide : l’air devient air, eau ou terre par
l’acte du feu. Car le Feu est action.
    Cela dit, le Feu semble avoir été privilégié chez les
Celtes. Ils ne sont certes pas les seuls, tous les peuples ayant utilisé le feu
dans leurs rituels, et continuant à le faire, même quand la notion s’est
laïcisée (flamme olympique, flamme perpétuelle du souvenir, etc.). Mais ce qui
est intéressant, chez les Celtes, c’est que le Feu semble vraiment avoir été
compris comme l’indice réel de la transformation de l’énergie cosmique. Ainsi,
lorsque les Tuatha Dé Danann abordent en Irlande, ils brûlent leurs navires.
Ils manifestent ainsi leur propre métamorphose : quelque chose change,
plus rien ne sera comme avant, et pourtant ce sera toujours la même chose. Il
est significatif que cette arrivée soit datée au 1 er  mai,
c’est-à-dire à la fête de Beltaine.
    Cette fête de Beltaine, l’un des deux pôles de l’année
celtique, est la fête du Feu et de la Lumière, la fête du début de l’été, placé
sous le signe de Bel , ou Belenos , le « Brillant ». Le texte irlandais
de la Courtise d’Émer signale que, lors de
cette fête, les druides allumaient du feu avec de grandes incantations et
qu’ils faisaient passer les troupeaux entre les feux. Le Glossaire de Cormac dit exactement la même
chose : « « Beltaine », « feu de Bel »,
« feu bénéfique ». C’est un feu que les druides faisaient par leur
magie ou leurs grandes incantations. Contre les épidémies, on amenait les
troupeaux à ces feux chaque année. On faisait passer les troupeaux entre les
feux » [240] . Il
n’y a aucune raison de douter de la réalité de ce rite : il a perduré
jusqu’à nos jours dans les coutumes des Feux de Mai, des Feux de la Saint-Jean,
et autres manifestations populaires. Il a été même récupéré par le
christianisme, avec le Feu Pascal [241] . La
Fête des Brandons, pendant le Carême, en Grande-Bretagne, est assez significative :
on allumait des torches et on les promenait à travers les champs, dans les
jardins et dans les forêts, visiblement pour que la récolte d’été fût bonne et
abondante. Saint Patrick le savait très bien, lui qui alluma le Feu Pascal,
d’après la légende, quelques instants avant que les druides du roi pussent
allumer leur feu païen sur la colline de Tara [242] .
    Le Feu druidique exigeait une préparation minutieuse. Dans Le Siège de Druim Damghaire , le druide Mogh Ruith
dit à son assistant de préparer le feu. Celui-ci « le forma comme une baratte,
avec trois côtés et trois angles, mais sept portes, alors qu’il n’y avait que
trois portes dans le feu du nord. Il n’était ni disposé, ni arrangé, mais on
avait mis le bois en tas » [243] .
L’ensemble du rituel nous échappe, mais il semble que la construction du bûcher
dépende de

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