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Le Druidisme

Le Druidisme

Titel: Le Druidisme Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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oublier le druide irlandais Mog Ruith, dont le nom signifie « Fils de
la Roue », doué de pouvoirs extraordinaires, en particulier du pouvoir de
maîtriser le feu.

4) LES SACRIFICES
    Le rituel du feu ne s’explique que par la notion de
sacrifice. Toutes les religions pratiquent et ont pratiqué le sacrifice, réel
ou simulé. Le « sacrifice » de la messe catholique est une mémorisation
d’un rituel sanglant par lequel l’humanité, en la personne de Jésus, dépassait
son état primitif et se transcendait sur le plan divin par la mort et la
renaissance. La religion druidique connaissait les sacrifices et en usait.
Sacrifier ( sacrum-facere ), c’est rendre sacré un objet ou un être, le faire passer
ailleurs, c’est-à-dire dans le monde divin, en le chargeant de tous les désirs,
toutes les pulsions, tous les sentiments de la communauté qui opère le
sacrifice. Cela n’a rien à voir avec la conception ridicule et dégénérée qui
est courante dans la plupart des religions vécues au quotidien, et où le
sacrifice est un acte négatif : d’une part, le sacrifice est devenu un
acte pour apaiser, grâce à des offrandes, une divinité redoutable, d’autre
part, il permet de déculpabiliser l’individu ou le groupe social en
« inventant » un bouc émissaire. Vidé de son contenu métaphysique, le
sacrifice n’est plus qu’une vaine superstition. C’est pourquoi les religions
actuelles ont tendance à l’éliminer de leur liturgie.
    Chez les Celtes, les sacrifices ont consisté en oblations diverses :
végétaux, prémisses de récolte, branches d’arbres, fleurs. On retrouve ces
pratiques dans le christianisme populaire. Il y a eu également des sacrifices
d’animaux : taureaux, béliers notamment, mais toujours, ou presque, de
jeunes mâles. Par contre, un des rituels d’intronisation du roi, décrit par Giraud
de Cambrie [256] ,
comporte le sacrifice d’une jument après que le roi s’est uni sexuellement avec
elle. Après cela, on fait bouillir la viande de l’animal, le roi se baigne dans
le bouillon et mange la chair. Dans un rituel d’élection royale, un homme absorbe
la viande et le bouillon d’un taureau blanc avant de dormir et de voir en songe
le futur roi [257] . La
viande de porc, animal sacré et nourriture du Festin d’Immortalité, était
également utilisée dans le rituel, notamment pour la divination. Il semble
aussi qu’il y ait eu des sacrifices de chiens [258] .
    Ces sacrifices ont perduré jusqu’à notre époque, sous des
formes beaucoup plus profanes mais qui ne font pas disparaître leur antique
caractère sacré. Le chasse à courre est un authentique cérémonial de mort du
cerf, hérité de la nuit des temps. Les corridas sont les prolongements du
sacrifice du taureau. Et, dans toutes les campagnes, le fait de tuer le cochon
est un acte remarquable, qui met en jeu une communauté familiale ou villageoise
et s’accompagne de cadeaux rituels, d’invitations et de ripailles.
    Il faut aussi poser le problème des sacrifices humains. En dehors
de l’information de César sur les mannequins d’osier, les témoignages ne
manquent pas. Les Gaulois « gardent les malfaiteurs pendant une période de
cinq ans et puis, en l’honneur de leurs dieux, ils les empalent et en font des
holocaustes » (Diodore de Sicile, V, 31). « Parfois, ils tuaient les
victimes à coups de flèches, ou bien ils les crucifiaient dans leurs sanctuaires »
(Strabon, IV, 5). Lucain parle de « rites barbares » et de
« coutume sinistre des sacrifices » ( La
Pharsale , v. 451). Rappelons que, d’après les scholies de La Pharsale , les Gaulois faisaient suffoquer des
victimes la tête dans un chaudron, en pendaient d’autres à un arbre, et les
saignaient, en brûlaient certaines dans des cages de bois. Et même sous
l’autorité romaine, « il reste encore des traces d’une sauvagerie pourtant
abolie : bien qu’ils ne fassent plus de massacres extrêmes, ils versent
cependant du sang sur leurs autels » (Pomponius Méla, III, 2). Les textes
irlandais corroborent ces témoignages grecs et latins, notamment les remarques
faites à propos de saint Patrick et des premiers évangélisateurs qui firent
supprimer ces coutumes barbares [259] . En
Grande-Bretagne, on peut retenir ce que dit Dio Cassius (LXII, 7) à propos de
la reine Boudicca qui sacrifia des femmes romaines à la déesse Andrasta.
    Tout cela n’est pas très net, en dépit de l’apparence. Les

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