Le Fardeau de Lucifer
fut fait, tel un fantôme, je me glissai dans la nuit. Dans quelques heures, j’allais risquer ma vie pour une cause que Métatron m’avait formellement interdit d’appuyer. Si je n’en revenais pas, ce mot resterait lettre morte pendant que je pourrirais en enfer.
Angoissé, je retournai à ma chambre. J’étais si perdu dans mes pensées qu’en entrant j’eus le temps de me déshabiller avant de réaliser qu’une forme gonflait mes couvertures. J’empoignai la dague que je venais de déposer sur la table et bondis sans prévenir. J’atterris sur l’inconnu et, d’une main, je trouvai sa gorge et la serrai pendant que je lui plaçais la pointe de mon arme sous le menton.
— Qui es-tu ? Que fais-tu ici ?
— Je t’attendais, fit une petite voix.
Stupéfait, je relâchai prise. Une tête blonde émergea des couvertures. Dans la lumière de la lune qui entrait par la fenêtre, les grands yeux bleus dans lesquels je m’étais perdu étaient écarquillés. Les lèvres que j’avais brûlé d’embrasser tremblaient et le visage angélique était pâle de terreur.
— Cécile ? fis-je, stupéfait.
Retrouvant ses moyens, elle écarta prudemment ma dague du bout des doigts.
— Au matin, tu vas partir combattre, dit-elle tristement.
— Et alors ?
— Tu pourrais ne pas revenir.
Elle écarta la couverture, me révélant son corps nu. Ses seins aux pointes durcies étaient plus gros que je ne l’avais imaginé et se drapaient magnifiquement. Son ventre était une séduisante petite rondeur agitée par sa respiration un peu haletante. Entre ses cuisses se trouvait une discrète toison blonde de laquelle émanaient des effluves qui me faisaient déjà tourner la tête. Mon membre qui enflait me rappela que j’étais nu, moi aussi.
— Si je dois te perdre, je veux d’abord que tu sois à moi, continua-t-elle en me passant ses bras autour du cou pour m’attirer vers elle.
— Mais, ton frère ? Ton père ? Le mariage ?
— Je n’appartiens qu’à moi, dit-elle avec ce sourire coquin qui me faisait fondre.
J’aurais voulu résister, lui dire que cela était impossible, que je ne ferais que passer, que j’étais damné, que je n’avais pas le droit d’aimer et d’être aimé, que le seul fait de s’approcher de moi lui faisait courir des risques terribles. Mais j’en fus incapable. Malgré moi, je m’abandonnai à l’étreinte, ma chair étant faible et mon cœur encore davantage.
Je fondis sur elle et couvris sa bouche des baisers dont j’avais rêvé. D’abord doux et hésitants, ils devinrent vite passionnés et furieux, se mêlant de morsures. Cécile était si menue que je pouvais presque enserrer sa taille avec mes deux mains. Autour de nous, le monde cessa d’exister et tout ne fut plus que volupté. Quelque chose d’autre aussi se manifestait. Un sentiment profond de communion entre deux âmes qui, tout à la fois, me révéla un bonheur insoupçonné et me glaça le sang de terreur.
Lorsque je pénétrai enfin en elle, ce fut comme jamais auparavant. La sensation de plénitude qui m’enveloppa était totale et le temps s’arrêta. Contrairement aux autres fois, j’avais l’impression de transcender sa chair pour atteindre son âme et lui livrer la mienne. Je ne faisais qu’un avec elle, et elle avec moi. Appuyé sur mes coudes, ses jambes croisées dans mon dos, je la regardais en souriant, au rythme de mes coups de reins qui s’accéléraient.
— À qui es-tu ? demanda-t-elle, empoignant mes cheveux à deux mains, juste avant d’être emportée par le plaisir, en rivant ses yeux dans les miens.
J’interrompis mes mouvements et m’enfonçai encore un peu plus en elle.
— À toi, répondis-je malgré moi, d’une voix rauque.
— Pour toujours ? insista-t-elle en tenant ma tête à deux mains tout en pivotant son bassin pour enserrer mon membre.
Heureusement, mon corps choisit ce moment pour me trahir et ma seule réponse fut un long râlement. Le plaisir qui s’empara de moi fut d’une violence telle que je restai longtemps haletant, allongé sur Cécile, la caresse de sa main dans mes cheveux étant mon seul contact avec la réalité.
Chapitre 15 Désespoir
Depuis ma résurrection, rares avaient été les nuits sereines. Ma conscience s’alourdissait chaque jour un peu plus et son poids m’interdisait un répit. Les justes, eux, pouvaient toujours espérer le repos éternel. Ma
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