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Le Fardeau de Lucifer

Le Fardeau de Lucifer

Titel: Le Fardeau de Lucifer Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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frapper le front pour me punir de ma propre bêtise. La place de l’église était pavée, mais dans mon empressement, je n’en avais eu que pour l’édifice inachevé, tenant pour acquis que les instructions faisaient référence à la place du prêtre dans un lieu chrétien. Mine de rien, j’examinai l’endroit. La lumière de la lune était tout juste suffisante pour me révéler, gravé dans la pierre, mais usé par les innombrables pas, le sceau du Cancellarius Maximus.

    Je me fis violence pour contrôler ma fébrilité et prétendis regarder les environs.
    —    Il était vraiment d’une belle arrogance, dis-je, feignant d’être impressionné. Ton père devait fulminer.
    —    Oh, tu n’as pas idée.
    Je jouai la comédie et m’étirai.
    — Bon, allons dormir un peu. Dans quelques heures, nous devrons nous battre et j’ai bien l’intention d’en sortir vivant.
    Nous retournâmes vers le châtelet, le jeune comte fort perplexe devant mon inconstance. Nous entrâmes et nous souhaitâmes bonne nuit avant de nous diriger chacun vers notre chambre. Dans la mienne, on avait eu la délicatesse de placer sur une petite table quelques feuilles de parchemin, un encrier, une plume et une chandelle. Je m’assis et, d’une main tremblante, griffonnai à la hâte un message.
    Au Cancellarius Maximus, salut
    À l’encontre des instructions reçues lors de son installation, le successeur de Ravier de Payns, retourné à la Lumière depuis peu, sollicite un entretien urgent. La croisade tourne mal et les deux parties de la Vérité doivent être rassemblées.
    Gondemar de Rossal, Magister, Ordo IX.
    Toulouse, le dix-septième jour de juin de l’An du martyre de Jésus 1211.
    Je soufflai sur l’encre pour l’assécher et relus mon message. C’était le mieux que je pouvais faire et le plus que je pouvais dire. S’il s’agissait d’un piège, mon message ne révélait rien de substantiel. Mais si le Cancellarius était celui que l’on prétendait, il décoderait aisément mon propos et, avec un peu de chance, cela suffirait à l’appâter. Je pliai le parchemin, le fourrai dans ma chemise et sortis. Quelques minutes plus tard, je me hâtais vers la place de l’église Saint-Sernin. Je retrouvai l’endroit et, après m’être assuré que personne ne m’observait, je m’agenouillai devant la dalle ornée du sceau.
    Je secouai la tête, fasciné. Dans cette histoire, rien n’était tout à fait ce qu’il paraissait. Tout avait un double, voire un triple sens. Quelque part après le retour de la Vérité dans la terre natale du Sud, en l’An du martyre de Jésus 1187, quelqu’un avait profité de la construction de l’église Saint-Sernin pour aménager cet accès au supérieur inconnu des Neuf. La cache se trouvait exactement là où l’ennemi avait profané la foi cathare. Était-ce un hasard ? Je ne le croyais pas. Pierre de Castelnau avait été légat du pape dans le Sud et, comme son confrère Amaury, il avait certainement été mis au fait de ce que l’Église recherchait vraiment en terre cathare. S’il avait choisi cet endroit précis pour célébrer sa messe, c’était qu’il avait conscience de la présence du sceau et qu’il en connaissait le sens. En commettant un sacrilège, il avait voulu narguer le Cancellarius Maximus. Le provoquer, peut-être, pour le pousser à faire une erreur qui mettrait le pape sur la piste de la Vérité.
    Clairement, les hommes du pape en savaient plus que je ne l’avais cru, et ce, depuis fort longtemps. Peut-être alors des agents guettaient cette cache en espérant qu’un jour quelqu’un l’utiliserait. Peut-être avaient-ils vu Véran y déposer le message de Ravier. Peut-être même étaient-ils ceux qui y avaient répondu afin d’induire en erreur l’Ordre des Neuf et de provoquer la mort de son Magister. Je n’avais aucun moyen de départager le vrai et le faux.
    Indécis, je me mordillai les lèvres. Si j’agissais, je risquais de m’exposer au pire. Si je ne faisais rien, la piste de la Vérité se refermerait et je n’en trouverais peut-être jamais une autre. Mais au fond, je n’avais aucun choix. J’existais pour une chose, et une chose seulement : protéger cette maudite Vérité. M’assurant une dernière fois que personne ne m’observait, j’insérai ma dague entre les dalles et l’utilisai pour soulever celle qui portait le sceau. Je déposai mon message puis remis soigneusement la dalle en place. Lorsque ce

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