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Le Fardeau de Lucifer

Le Fardeau de Lucifer

Titel: Le Fardeau de Lucifer Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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fort beau travail de couture et elle m’assure que la chair s’épaissira avec le temps. Alors il me suffit d’endurer jusqu’à ce que ça se calme.
    Il s’assit sur son lit en grimaçant, la sueur lui coulant le long du visage.
    —    Alors ? s’enquit-il en frottant sa jambe blessée. Ta rencontre avec Raynal s’est bien passée ?
    —    On peut le dire ainsi, oui.
    —    Et ?
    —    Je ne crois pas qu’il soit notre homme.
    Il ne parut pas surpris de ma déclaration et se contenta de lever le sourcil pour m’inviter à poursuivre. Je lui relatai la teneur du bref dialogue que j’avais entretenu avec mon adversaire et les conclusions que j’en tirais. Il ne détenait pas les parchemins. Il les cherchait.
    —    À moins, évidemment, qu’il n’ait cherché à couvrir sa propre culpabilité en te faisant passer pour le fripon, suggéra-t-il. Ce garçon est tout sauf stupide. En tout cas, une chose est certaine : il ne t’aime guère. M’est avis que, désormais, tu devras marcher les fesses bien serrées si tu ne veux pas te faire enculer dans le premier coin noir. Il est orgueilleux comme un paon et voudra venger son humiliation, autant que possible devant public.
    —    Grand bien lui en fasse. Je pourrais lui tanner le cul à une seule main.
    —    Une langue froide ne parle pas, Gondemar. S’il est celui que nous cherchons, même si tu crois le contraire, il doit être vivant pour rendre les documents ou nous conduire à eux.
    Je soupirai, mal à l’aise.
    —    Qu’y a-t-il ? s’enquit Montbard. Quelque chose te turlupine, on dirait.
    —    C’est Ravier, répondis-je. Je trouve qu’il a bien pris son temps avant d’interrompre notre rixe. Il cherche à retrouver la Vérité, comme nous tous. Il voyait sans doute là une occasion de départager les suspects. Si l’un de nous avait avoué, sa vie en serait grandement simplifiée.
    —    Peut-être, fit mon maître, une moue dubitative sur les lèvres.
    —    Mais ? insistai-je.
    —    Je suis sans doute trop méfiant, mais je me dis que si Ravier était de mèche avec Raynal, ta mort aurait fait son affaire. Après tout, il n’a interrompu le combat qu’en le voyant en danger, non ?
    —    Je ne peux pas croire une chose pareille. Ravier a juré de protéger la Vérité. Il est le Magister de l’Ordre.
    —    Et alors ? Celui qui a volé les documents a fait le même serment. Jusqu’à ce que nous sachions qui il est, il faut se méfier de tout le monde.
    —    Vous avez raison, je suppose. Même si vous avez le don de tout compliquer.
    —    C’est un talent que j’ai, rétorqua-t-il, souriant.
    Montbard avait toujours eu la faculté de mettre le doigt sur l’envers des choses. Je le laissai en lui recommandant de ne pas trop forcer sa jambe, et m’en fus, préoccupé. Plus que jamais, je sentais que je ne pouvais faire confiance à personne.

Chapitre 8 Suspects
    La vie apporte parfois un répit à ceux qui en ont besoin. Même aux damnés abandonnés par Dieu et seuls parmi les hommes. Je trouvai le mien dans des circonstances imprévues dont je profitai sans scrupules, ne sachant pas si l’occasion se représenterait jamais.
    Le lendemain, j’allais me joindre à l’entraînement quand je constatai qu’une des deux courroies qui retenaient le fourreau de Memento à mon ceinturon s’était brisée. Je me dirigeai donc vers l’atelier du cordonnier, où j’espérais obtenir une pièce de rechange. Je frappai à la porte et entrai, m’attendant à trouver Séverin, le vieux cordonnier. Je le connaissais un peu car, malgré son âge vénérable, il insistait pour participer aux entraînements, comme tous les hommes valides de Montségur. Mais il n’était pas là. À sa place, penchée sur l’établi, était assise une jeune femme d’une vingtaine d’années. Ses cheveux, qui lui tombaient en cascade sur les épaules et dans le dos, étaient d’un roux flamboyant et son teint, rosé. Concentrée sur sa tâche, elle martelait énergiquement une pièce de cuir sur une forme en bois afin de lui donner la tournure d’une botte. Je me raclai la gorge pour attirer son attention et elle interrompit son travail, leva vers moi des yeux noisette et rieurs, puis secoua la tête pour renvoyer vers l’arrière une mèche rebelle. Elle m’examina ouvertement, ses lèvres pulpeuses formant une moue séduisante.
    — Séverin n’est pas là ? demandai-je.
    —

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