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Le Fardeau de Lucifer

Le Fardeau de Lucifer

Titel: Le Fardeau de Lucifer Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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être composé que de membres sains.
    Tu es seul juge du moment où le Magister devra être retourné à la Lumière divine. Accomplis cet office avec honneur et respect, mais sans broncher.
    Que Dieu te mène à bonne fin
    Cancellarius Maximus
    Pour seule signature, la missive portait la mention Cancellarius Maximus. Le Grand Chancelier. Mais chancelier de quoi ? J’étais troublé par cette confirmation matérielle du fait que, quelque part, un supérieur inconnu semblait tisser une toile aussi complexe qu’invisible dont lui seul semblait comprendre toutes les ramifications. Il décidait de la vie des Neuf comme s’il s’agissait de pions sur un échiquier. Il en savait sans doute plus sur la Vérité que moi ou que l’Ordre des Neuf. Mais où pouvais-je le trouver ? Dans le Sud ? En France ? En Terre sainte ? Je l’ignorais totalement.
    La lettre portait aussi, au bas, un sceau orné d’un symbole que je ne connaissais que trop bien et que je portais dans ma chair, complété par la croix pattée de l’Ordre du Temple.
    1
    La vérité est dans le vin.

Troisième partie
Toulouse

Chapitre 10 Succession
    Le printemps de l’An du martyre de Jésus 1211 fut tout à fait dénué d’événements notables. Les croisés n’avaient pas encore émergé de leur sommeil hivernal. Ils attendaient le retour des seigneurs du Nord et de leurs troupes pour reprendre leur marche meurtrière.
    Pour la première fois depuis ma résurrection, et sans entretenir d’espoirs démesurés, j’avais le sentiment d’avoir fait des progrès, si modestes soient-ils, vers le salut de mon âme. La Vérité m’était connue, du moins en partie, et j’avais réussi à la protéger, comme l’avait exigé Métatron. Sans moi, jamais Daufina n’aurait été démasquée. Les précieux documents auraient été perdus et mon âme avec. Au lieu de cela, ils se trouvaient à nouveau dans le temple des Neuf et des mesures avaient été prises pour que deux membres de l’Ordre, au lieu d’un seul, montent désormais la garde en permanence dans le donjon. Je prenais moi-même mon tour régulier en compagnie de Raynal, d’Eudes, de Véran, de Jaume, d’Ugolin ou de Montbard. Ce dernier avait fortement insisté sur le fait qu’une jambe et demie ne l’empêchait en rien de faire sa part et, le cas échéant, de trucider quiconque se présentait avec de mauvaises intentions. Il avait d’ailleurs reçu à cet effet une épée forgée de la main d’Eudes, qui la lui avait offerte en guise d’excuses formelles. De même, il avait été décidé que tout messager serait dorénavant gardé en permanence et tenu à l’écart une fois ses nouvelles communiquées à Raymond de Péreille.
    Ravier, pour sa part, s’était accroché à la vie avec une étonnante ténacité, ce qui repoussait la triste et inévitable obligation de le remplacer à la tête de l’Ordre, ce à quoi aucun d’entre nous ne désirait faire face. Aucune assemblée n’avait été tenue depuis celle où Daufina avait été raccourcie et nous savions tous que la prochaine serait marquée par le deuil.
    C’est sans aucune surprise que j’aperçus un bon matin ce vieil entêté de Bertrand de Montbard claudiquer avec détermination vers le champ d’exercice, l’épée au côté. Je connaissais assez mon maître pour savoir qu’il désirait encore accomplir beaucoup de choses sur sa jambe de bois. Il boitait toujours, mais sa blessure était guérie et il ne semblait plus souffrir en se déplaçant. Le vieux templier était un guerrier jusqu’au fond de l’âme et le dépouiller de cette identité équivalait à lui retirer son statut d’homme et à le condamner à se laisser mourir à petit feu. Je me gardai donc de protester, l’accueillant plutôt avec plaisir et me contentant de m’offrir comme partenaire d’entraînement. Évidemment, je modérai mes ardeurs, mais pas trop. Le diable d’homme l’aurait aussitôt détecté et j’en aurais été quitte pour une sainte colère. Son côté gauche, déjà affaibli par le fait qu’il était borgne, était encore plus vulnérable maintenant que sa prothèse limitait grandement sa mobilité et son équilibre. Malgré cela, il pouvait s’appuyer sur une vie de combat. Il savait instinctivement se défendre et, surtout, s’adapter. Pour compenser ses mouvements maladroits, il se postait de manière plus oblique, m’offrant son côté droit et prenant appui sur sa jambe artificielle bien plantée dans le

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