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Le Fardeau de Lucifer

Le Fardeau de Lucifer

Titel: Le Fardeau de Lucifer Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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est bonne, car nul ne peut trahir ce qu’il ignore. Mais il existe un lien entre les parties de ce tout ; un endroit, connu du Magister et de lui seul, où un message peut être déposé en cas d’extrême urgence pour recevoir réponse.
    Il fit une pause et essuya la sueur qui perlait sur son visage émacié. J’aurais voulu lui offrir de l’eau, du vin, quelque chose, mais le temple en était dénué. Le pauvre homme allait devoir souffrir jusqu’au bout.
    —    Ma fin est proche, reprit-il. Dans les circonstances graves et inédites qui sont les nôtres, avec Amaury qui cherche à s’emparer de notre secret comme un chien de chasse flaire un lapin, et Montfort qui massacre et détruit tout ce qui croise sa route, la Vérité n’a jamais couru pire danger. C’est pour cette raison que j’ai décidé de la transférer de Quéribus à Montségur, et de veiller sur elle aussi longtemps que j’en serais capable. Mais pour le reste, devais-je me retirer et accepter le sacrifice requis de moi, ou attendre la mort ? J’ai choisi de demander instruction. J’ai confié à Véran, en qui je place mon entière confiance, la tâche de déposer pour moi un message à l’endroit prescrit, en lui faisant jurer sur son honneur de ne jamais révéler son emplacement. Tout cela s’est passé avant l’arrivée de dame Esclarmonde et de la cassette.
    Ravier pâlit et, pendant un moment, je crus qu’il allait s’évanouir. Il parvint à avaler sa salive, les lèvres pincées, et se reprit de son mieux.
    —    Sire Véran, veux-tu continuer pour moi ? demanda-t-il.
    Véran acquiesça de la tête et reprit le récit là où l’avait laissé
    Ravier, qui s’affala dans son siège, haletant.
    —    J’ai quitté Montségur et j’ai déposé le message à l’endroit indiqué par le Magister. J’ignore qui l’a pris, mais un matin, quelques jours plus tard, il avait disparu. J’ai attendu pendant plus d’un mois et, lorsque la réponse est enfin venue, je l’ai rapportée ici sans l’ouvrir. Je croyais que ma tâche se terminait là, dit-il avec lassitude en montrant le parchemin qu’il venait de ressortir. Malheureusement, j’avais tort. Mon calvaire ne faisait que commencer. Sire Ravier a pris connaissance du message devant moi puis me l’a tendu en m’intimant de le lire.
    —    Et que disait-il ? s’enquit Montbard.
    Le faciès de Véran s’assombrit et il passa le document à Raynal, qui était sur sa gauche. Pendant qu’il circulait d’un membre des Neuf à l’autre, il reprit la parole d’une voix qui chevrotait.
    —    Que l’Ordre ne devait pas être dirigé par un vieillard diminué, dit-il, abattu. Que j’étais désormais le seul juge de son état et que, lorsque je le jugerais opportun, je devais le mettre à mort pour qu’un autre prenne sa place. Nul besoin de vous dire l’effet que cela eut sur moi. J’ai combattu sous les ordres de Ravier en Terre sainte. C’est lui qui m’a initié parmi les Neuf. Il a fait de moi ce que je suis. Je. j’aime cet homme comme un père. Et voilà que j’avais mandat de l’exécuter comme un bœuf trop vieux pour tirer l’araire.
    —    Posture inconfortable, en effet, maugréa Montbard en adressant un air entendu à Eudes, qui rougit.
    —    Et tu as passé du temps sur la muraille à ruminer tout ça. complétai-je pour Véran.
    —    J’avais besoin de réfléchir. De m’éclaircir les idées avant de perdre l’esprit. Je ne désirais pas obéir à un ordre émis par je ne savais qui. Je me suis même demandé s’il ne s’agissait pas d’une ruse d’Amaury pour détruire les Neuf. Je ne pourrais te dire combien de fois j’ai voulu chiffonner ce maudit papier et regarder le vent l’emporter au loin. Mais je n’ai pu m’y résoudre, de peur que son auteur m’en tienne rigueur. Et puis, Ravier ne me l’aurait pas pardonné.
    —    Et maintenant ? demanda Ugolin.
    —    Comme Dieu me soulagera bientôt des misères de la chair, l’ordre reçu est caduc, dit Ravier. Toutefois, si vous voyez les choses autrement, je tendrai dès maintenant la nuque à l’épée de Véran.
    Sur l’entrefaite, la mystérieuse lettre se rendit à moi par l’entremise d’Esclarmonde. Je la lus. Son contenu, sec et direct, confirmait l’histoire de Véran.
    À toi, sire Véran de Raffle, salut
    L’Ordre des Neuf est plus grand que l’ensemble de ses parties. Pour assurer la protection de la Vérité, il ne doit

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