Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Fardeau de Lucifer

Le Fardeau de Lucifer

Titel: Le Fardeau de Lucifer Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
Vom Netzwerk:
frères, ma sœur, nous sommes réunis en assemblée irrégulière pour remplacer notre maître, dont l’âme est retournée à la Lumière voici quelques heures, dit-elle avec solennité. L’Ordre ne doit jamais demeurer sans maître. Depuis le retour de la Vérité dans les terres natales, voilà un quart de siècle, Ravier en a été le seul Magister. Malgré notre tristesse, il nous revient maintenant de désigner son successeur. En tant que membre la plus ancienne, il me revient de conduire l’élection. Par le fait même, je suis exclue des candidats à l’abacus.
    Elle se leva lentement et prit un moment avant de poursuivre.
    —    Avant de procéder, dit-elle, invoquons la bénédiction du Créateur sur nos travaux.
    Tous se mirent debout, posèrent la main sur le cœur et inclinèrent la tête.
    —    Dieu de Lumière, dit Esclarmonde d’une voix douce, accueille en ton sein l’âme de notre maître révéré, Ravier de Payns. Donne à ceux qui lui survivent la sagesse de choisir le successeur le plus méritant. Remplis nos cœurs d’honneur et d’amour, ô Créateur de tout ce qui est bon et ennemi immémorial du Mal, et guide notre choix afin que l’Ordre sorte fortifié de cette épreuve.
    Une minute de silence s’ensuivit, pendant laquelle tous réfléchirent au choix qu’ils allaient faire. J’étais étonné d’apprendre que sire Ravier était de la famille de Payns, fondatrice des Templiers et des Neuf. Un coup de maillet mit fin au recueillement et nous nous rassîmes. Esclarmonde prit une bourse de cuir dans sa robe et descendit du piédestal pour faire le tour du temple. S’arrêtant tour à tour devant chaque membre, elle en tira une bille de verre noire et la lui remit. Je reçus la mienne, sans savoir de quoi il retournait. Lorsqu’elle eut fini, elle revint à sa place et, toujours debout, sortit un parchemin de son corsage, le déplia et en lut le contenu.
    —    Les candidats éligibles à la succession sont, par ordre d’ancienneté : Eudes de Saint-Agnan, Véran de Raffle, Raynal de Saint-Omer, Peirina de Gondemare, Jaume de Montdidier, Bertrand de Montbard, Gondemar de Rossal et Ugolin de Bisor. Chacun de vous doit voter en son âme et conscience, en commençant par le membre le plus récent et en terminant par le plus ancien. Il n’est pas permis de voter pour soi-même, ni de se consulter. Pour exprimer votre choix, vous vous lèverez et déposerez entre les mains de votre candidat la bille que je vous ai remise. Au terme du scrutin, le nombre de billes détenu par chacun déterminera le vainqueur. En cas d’égalité, un second tour aura lieu entre les deux membres ayant reçu le plus de voix. Si l’égalité persistait toujours, mon vote sera prépondérant.
    Pendant qu’elle établissait ainsi les règles, j’observais à la dérobée les membres, essayant de prévoir l’issue du scrutin. À mes yeux, les principaux candidats étaient Eudes, dont l’assurance et la force tranquille ne pouvaient que conserver à l’Ordre la stabilité dont il avait besoin, et Véran, qui avait été le plus proche du maître et qui assurerait naturellement la continuité. Jaume avait toutes les qualités requises, lui aussi. Raynal ? Je n’osais imaginer ce qui se produirait si cette tête chaude se retrouvait assis dans le fauteuil du Magister. Et Peirina ? Rien n’interdisait l’élection d’une femme à la tête des Neuf. Comme la religion cathare, l’Ordre était égalitaire. Montbard m’apparaissait exclu d’emblée de par son handicap, bien qu’il eût fait un Magister plus que compétent. Quant à Ugolin, comme moi, il était encore un enfançon au sein du groupe et bien trop naïf pour exercer le pouvoir que la tâche lui imposerait. J’en conclus que la lutte se déroulerait entre Eudes et Véran. Deux excellents choix avec lesquels j’étais tout à fait à l’aise.
    Esclarmonde fit retentir un nouveau coup de maillet.
    —    Les règles étant fixées, procédons à la désignation du nouveau Magister. Ugolin de Bisor, quel est ton choix ?
    Le géant de Minerve se leva d’un bond, visiblement nerveux, et posa la main sur le cœur.
    —    J’appuie Gondemar de Rossal, répondit-il sans hésitation.
    Perdu dans mes pensées, je relevai brusquement la tête, stupéfait, en entendant mon nom.
    —    Quoi ? m’exclamai-je.
    Le Minervois traversa le temple de son pas lourd et déposa sa bille dans ma main. Hébété, je lui fis de gros

Weitere Kostenlose Bücher