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Le Fardeau de Lucifer

Le Fardeau de Lucifer

Titel: Le Fardeau de Lucifer Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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véridiques.
    —    Le diable ? Il parcourt déjà les terres du Sud à la tête des croisés, dis-je. Je le sais. Je lui ai même serré la main.
    Eudes me dévisagea, étonné.
    —    Tu connais Montfort ?
    —    Je l’ai vu deux fois : d’abord devant Béziers, puis quand il allait faire massacrer des innocents dans une église après avoir mis la ville à sac.
    —    Je l’ai croisé de près, moi aussi, intervint Montbard. Et j’en conserve un souvenir fort désagréable. L’homme est un fou de Dieu, rien de moins. Il empalerait sa propre mère par la fendace s’il apprenait qu’elle est hérétique.
    —    Alors vous sauriez le reconnaître ?
    —    Bien sûr, dis-je. Pourquoi donc ?
    —    Il me vient une idée.
    —    Explique-toi.
    —    Que dirais-tu de lui rendre une petite visite ? demanda Eudes avec un sourire malfaisant. Il est grand temps que ce démon paie par là où il a péché.
    À mon tour, un large sourire éclaira mon visage. Lorsque je regardai du côté de Montbard, je constatai que lui aussi se réjouissait à l’avance en se frottant les mains. On ne cachait rien à ce vieil entêté et, de toute évidence, il tenait pour acquis qu’il serait du voyage. Avec un enthousiasme que nous n’avions pas éprouvé depuis longtemps, nous mîmes notre plan au point. Nous allions prendre l’offensive et, avec un peu de chance, peut-être ferions-nous tourner le vent contre les croisés, au moins pour un temps.
    La mort de Ravier nous empêcha de mettre nos projets à exécution aussi vite que nous le désirions.
    Lorsque des coups urgents frappés à ma porte me tirèrent de mon sommeil en pleine nuit, je sus avant même qu’on me le dise que le vieux templier s’en était retourné auprès de son créateur. Le faciès défait de Jaume me le confirma dès que j’ouvris. J’espérai sincèrement que le Magister avait retrouvé cette Lumière divine que les cathares espéraient tous revoir. Mon premier réflexe fut d’offrir une prière pour le salut de son âme, mais je me contins. Mes suppliques à Dieu ne pouvaient être qu’une tare pour un trépassé. Peut-être même s’attacheraient-elles aux chevilles de Ravier tel un boulet qui le tirerait vers l’enfer.
    —    Que se passera-t-il, maintenant ? m’enquis-je.
    —    Secretum Templi, dans une heure. L’assemblée est convoquée par dame Esclarmonde, se contenta-t-il de répondre avant de disparaître pour aller prévenir les autres.
    Au moment convenu, j’étais à ma place dans le temple. L’ambiance y était empreinte de tristesse et de recueillement. À l’Orient, sous l’écu et l’épée suspendus au mur, le fauteuil inoccupé du Magister était drapé du baucent qui avait été retiré de son socle. Il saillait comme une blessure à vif et personne n’osait regarder dans sa direction. Si le départ de Ravier n’était pas une surprise, il n’en était pas moins pénible à tous et durement ressenti. Peirina avait les yeux bouffis par les larmes qu’elle avait versées et Jaume, pourtant toujours si solide, n’en menait pas tellement plus large. Raynal était pâle. Sa mâchoire était crispée et son visage était encore plus dur qu’à l’habitude. Eudes et
    Véran, eux, avaient cet air grave de ceux qui doivent mettre temporairement leur douleur de côté pour faire face à une situation difficile. Montbard et Ugolin semblaient plus détachés et surtout curieux de la suite des choses. Pour ma part, je ne savais que penser. J’avais appris à respecter et à apprécier sire Ravier, ce vieil homme digne au jugement sûr, qui savait être dur tout en restant humain. À bien des égards, l’Ordre des Neuf venait de perdre son père.
    Esclarmonde de Foix arriva la dernière. Elle se dirigea droit vers son siège, à l’Occident, et s’y assit. Près d’elle, sur un plateau, étaient posés le maillet du maître et la boulle, ce sceau en or portant l’image de deux chevaliers montés sur le même cheval, lance en main droite et écu au bras gauche, qui galopaient de dextre à senestre. Sous le dessin, on pouvait lire l’inscription sigillum militum xpisti 1 . Un silence solennel tomba aussitôt sur le temple. La Parfaite frappa un coup sec pour signaler l’ouverture de nos travaux. La mort dans l’âme, nous redîmes le serment prononcé lors de notre initiation et ouvrîmes les travaux dans les formes consacrées. Puis Esclarmonde parla.
    —    Mes

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